Les magasins Wal-Mart au Canada sont les plus rentables de tout le réseau mondial du géant du détail, à égalité avec ceux du Mexique, et bien mieux que ceux des États-Unis.

Les magasins Wal-Mart au Canada sont les plus rentables de tout le réseau mondial du géant du détail, à égalité avec ceux du Mexique, et bien mieux que ceux des États-Unis.

"Le marché canadien est vu de façon très favorable par les hauts dirigeants de Wal-Mart", constate un analyste torontois en commerce de détail qui assistait, il y a quelques jours, à une présentation financière détaillée du détaillant à New York.

"De tous ses marchés internationaux, Wal-Mart considère le Canada parmi ses meilleurs. Il y anticipe aussi l'un des meilleurs taux de croissance à moyen terme", indique l'analyste Ryan Balgopal, de Capitaux Scotia, dans un compte rendu préparé alors que Wal-Mart inaugurait ses trois premiers Supercentres au Canada.

Ces grandes surfaces ouvertes la semaine dernière dans la région de Toronto combinent un grand magasin et un supermarché.

Elles constituent aussi la prochaine étape majeure d'expansion de Wal-Mart au Canada, dans l'alimentation cette fois.

Or, selon les quelques chiffres ramenés de New York par l'analyste Ryan Balgopal, la filiale canadienne de Wal-Mart ferait déjà très bien.

Son chiffre d'affaires a crû à un rythme composé de 17% par année depuis son implantation pour de bon au Canada en 1994, il y a 12 ans.

La croissance de son profit d'exploitation est encore meilleure. Elle s'affiche à un taux composé de 27% par année depuis 12 ans.

En fait, le rendement sur le capital investi frôle les 30% par année, rapporte l'analyste Ryan Balgopal à partir des propos de Mike Duke, vice-président à l'international chez Wal-Mart.

Ce rendement élevé au Canada fait contraste avec les résultats mondiaux mitigés publiés hier par Wal-Mart, et marqués par la stagnation de son important réseau aux États-Unis.

Les revenus mondiaux et le profit net ont cru de 12 et 11% respectivement au troisième trimestre, mais grâce à l'apport d'acquisitions internationales.

Car aux États-Unis, les ventes de Wal-Mart ont crû d'à peine 1,5% depuis un an, bien moins bon que son principal concurrent, le groupe Target. En fait, pour y remédier, les dirigeants de Wal-Mart ont déclenché une grosse vague de rabais pour la saison de magasinage de Noël.

Au Canada, la situation de Wal-Mart apparaît nettement meilleure.

Quant à ses priorités de croissance, notamment vers l'alimentation avec ses Supercentres, les dirigeants ont indiqué aux financiers et investisseurs réunis à New York qu'ils s'attendent à des "investissements modestes parce que le gros du travail de préparation d'expansion a déjà été fait avec les grands magasins réguliers".

Selon l'analyste Ryan Balgopal, cette attente du siège social de Wal-Wart signifie que sa division canadienne devrait conserver une forte rentabilité malgré ses coûts d'expansion.

Et dans le marché de l'alimentation, déjà très concurrentiel au Canada, l'appétit d'affaires de Wal-Mart est de mauvais augure pour les principaux grands détaillants déjà en place.

"Pour le moment, les grands détaillants alimentaires (Loblaw-Provigo, Metro-A&P-Dominion, Sobeys-IGA) bénéficient de meilleurs coûts d'approvisionnement que Wal-Mart en raison de leur taille dans ce marché", note l'analyse de Capitaux Scotia.

"Mais si Wal-Mart parvient à les équivaloir grâce à son réseau mondial d'approvisionnement, en plus de l'avantage de ses magasins non syndiqués, il bénéficierait alors des frais d'exploitation les plus bas en alimentation et il serait en mesure d'offrir les meilleurs prix aux consommateurs." Cela dit, la part de Wal-Mart du marché de l'alimentation demeure encore faible.

En Ontario, par exemple, les 35000 salariés syndiqués du géant Loblaw viennent de renouveler leur convention collective qui permet à l'employeur de convertir des dizaines de supermarchés en magasins à escompte, où les salaires horaires sont moindres.

Wal-Mart prévoit ouvrir quatre autres Supercentres dans le sud de Ontario d'ici la fin de l'année. Au Québec, où sont situés 50 de ses 281 magasins canadiens, Wal-Mart n'a pas encore de projet d'un Supercentre, a indiqué hier son porte-parole, Yanik Deschesne.