ROCTEST EN BREF

ROCTEST EN BREF

La PME Roctest fabrique et vend des senseurs, c'est-à-dire des instruments de mesure et de détection utilisés dans une panoplie de secteurs. Près de 70 % de sa production est destinée aux grands travaux d'ingénierie civile. Ses senseurs sont intégrés à des barrages, ponts, tunnels ou toutes autres structures d'importance et servent notamment à mesurer la solidité des structures, l'évolution des fissures, etc.

Les autres activités de l'entreprise portent sur de petits senseurs fonctionnant avec de la fibre optique, " la technologie la plus chère au monde ", dit le président de l'entreprise, François Cordeau. Dans ce cas-ci, la PME évolue entre autres dans les secteurs médical et de l'énergie, mais aussi de plus en plus dans le génie civil.

Roctest est inscrite à la Bourse de croissance TSX sous le symbole RTT. Vendredi dernier, son action se transigeait à 1,85 $. Ses principaux actionnaires sont Le Fonds de solidarité FTQ, NATCAN et COTE 100. L'an dernier, la PME enregistrait un chiffre d'affaires d'environ 20 millions de dollars. Elle emploie près de 150 personnes, dont 115 au Québec. Roctest exporte 85 % de sa production, principalement en Amérique, en Europe et en Asie.

Le siège social de l'entreprise est à Saint-Lambert. Elle compte une autre usine à Québec (Fiso Technologies), qui se spécialise dans les senseurs fonctionnant à la fibre optique. Roctest est propriétaire de la PME Smartec, en Suisse. Elle compte deux bureaux à l'étranger: un à Hong Kong et un en banlieue de Paris.

Le désir de croître

" Un chiffre d'affaires de 20 millions, ce n'est pas, à mon avis, suffisant pour être inscrit en Bourse ", affirme François Cordeau. Selon lui, Roctest doit donc augmenter ses ventes pour se faire plus attrayante. Du coup, le président espère " attirer des investisseurs institutionnels ".

Pour ce faire, M. Cordeau entend occuper la première place là où Roctest évolue. Pour l'heure, dit-il, la concurrence pour la PME québécoise vient principalement des États-Unis et d'Angleterre.

" Nous sommes les plus gros au monde dans notre domaine pour ce qui est de l'utilisation de la fibre optique, un marché en pleine expansion. Mais le marché des senseurs demeure très fragmenté; il n'y a pas vraiment de gros acteurs. Nous voulons occuper la première place et nous le ferons en adoptant une double stratégie: consolider le marché en faisant d'autres acquisitions et offrir la gamme de produits la plus complète possible ", explique le président et chef de la direction de la PME québécoise.

Au Québec pour y rester

François Cordeau est heureux de faire des affaires au Québec. Et ce n'est pas demain la veille qu'il entend déménager les activités de Roctest à l'étranger. " Si 60 % de nos ventes se faisaient entièrement en Chine ou en Inde, peut-être que ça vaudrait la peine, dit-il. Mais comme on est présents partout dans le monde, ça coûterait très cher en frais de transport. "

Et d'ajouter: " Faire fabriquer en Inde, ça peut sembler intéressant, mais, quand nous étions en voyage là-bas, les gens de l'ambassade canadienne m'ont dit que ça prend seulement le tiers des effectifs au Canada. Donc, si ça prend 50 personnes ici, ça va en prendre 150 là-bas, si je me fie au raisonnement des gens de l'ambassade ", affirme prudemment François Cordeau.

Par ailleurs, le président de Roctest mentionne qu'il n'y a pas de meilleur endroit que le Québec pour les activités en recherche et développement. " Avec les crédits d'impôts du provincial et du fédéral, c'est très intéressant de faire du R&D. Ça ne nous coûte que de 30 % à 50 % de ce que ça coûterait normalement ", explique celui dont l'entreprise compte une trentaine d'ingénieurs.

Gestion participative

François Cordeau n'est en poste que depuis deux ans au sein de Roctest. Pourtant, il a déjà mis de l'avant un plan de gestion participative. " Quand j'étais chez Mittel, ça fonctionnait ", dit celui qui a " toujours cru qu'en venant travailler, les employés ne devraient pas laisser leur cerveau au vestiaire ".

Les efforts de " responsabilisation " des employés se font principalement au siège social de l'entreprise, à Saint-Lambert. " Ce sont les employés sur le plancher qui connaissent les problèmes. Ce sont donc eux qui connaissent les solutions ", résume François Cordeau.

Partenaire de grands travaux

Qu'il s'agisse de nouvelles constructions, de structures existantes ou de sites historiques, la technologie de Roctest est associée aux plus grands travaux d'ingénierie de la planète. Des centrales nucléaires en Chine et en Argentine, des mines canadiennes ou chiliennes, la tour Eiffel en France, le site de Machu Picchu au Pérou ou la pyramide de Saqqarah en Égypte n'en sont que quelques exemples.

La PME, fondée il y a plus de 40 ans, a évidemment participé à tous les grands travaux hydroélectriques québécois. Idem pour la construction des barrages des Trois Gorges en Chine, les plus grands barrages au monde, selon François Cordeau.

Récemment, Roctest effectuait une première mondiale en installant des senseurs qui utilisent la fibre optique sur un barrage au Chili. " La fibre optique a l'avantage de jouer un rôle passif. Elle ne fonctionne qu'avec la lumière. Elle n'influence rien et ne peut être influencée, pas même par la foudre ", explique l'homme d'affaires. L'entreprise travaille à différents projets, notamment en Inde et en Chine. " Chacun de ces pays a 50 projets de barrages en cours ", assure M. Cordeau.

Un CV étonnant

François Cordeau, 48 ans, est le candidat de rêve pour tout chasseur de têtes. Le dirigeant d'entreprise a indéniablement fait la preuve de ses qualités de gestionnaire à l'époque où il était président de la division de semi-conducteurs de Dalsa (autrefois Mittel). " Quand je suis arrivé en 1984, le chiffre d'affaires de la division était de 20 millions; quand j'ai quitté l'entreprise, il était de 800 millions ", affirme-t-il en toute modestie.

M. Cordeau est ingénieur électrique et possède une maîtrise en physique, de même qu'un diplôme en administration. Il a notamment vécu et travaillé en Angleterre et en Suède.

Après avoir quitté Dalsa en 2001, il s'est offert un congé de deux ans. " J'ai pu enfin apprendre à mieux connaître mes enfants. J'ai obtenu mon brevet de pilote d'avion et je me suis même fait poser des broches ", dit-il en riant.

Aficionado de techno, M. Cordeau a littéralement transformé sa résidence des Cantons-de-l'Est en laboratoire de domotique. Qu'il soit chez lui ou à des milliers de kilomètres de là, l'homme d'affaires peut entre autres éteindre ou allumer n'importe quelle lumière ou n'importe quel appareil ménager. Il peut voir qui se baigne dans sa piscine ou encore qui sonne à sa porte.

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