Le vice-président de la Banque centrale de Russie, Andreï Kozlov, connu pour ses efforts en faveur de la transparence du secteur bancaire, est décédé jeudi après avoir été grièvement blessé par balles la veille par des inconnus à la sortie d'un stade de football à Moscou.

Le vice-président de la Banque centrale de Russie, Andreï Kozlov, connu pour ses efforts en faveur de la transparence du secteur bancaire, est décédé jeudi après avoir été grièvement blessé par balles la veille par des inconnus à la sortie d'un stade de football à Moscou.

Jeudi matin, "Andreï Kozlov, blessé à la tête et au buste, est décédé à l'hôpital numéro 33 de Moscou où il avait été emmené" d'urgence, a annoncé le Parquet.

L'attentat a eu lieu un peu avant 21h00 heure locale (18h00 GMT) mercredi à la sortie du club de foot du club Spartak, où le haut-fonctionnaire venait de disputer un match amateur.

"Deux inconnus ont tiré à plusieurs reprises dans sa direction", le blessant grièvement et tuant son chauffeur et garde du corps, a précisé le Parquet.

La télévision a montré une large traînée de sang devant le coffre ouvert de la voiture de M. Kozlov, qui a juste eu le temps d'y placer son sac de sport.

"L'enquête prend en compte plusieurs pistes, dont la version (d'une attaque) liée aux activités professionnelles" du dirigeant, selon le Parquet.

Le procureur général de Moscou, Iouri Siomine, a précisé étudier également une possible "erreur de cible" ou "des motifs personnels".

Les médias russes pointaient du doigt la piste du meurtre commandité visant ce responsable apprécié pour son intégrité et qui était chargé notamment du contrôle des institutions bancaires suspectées de blanchiment d'argent.

Les meurtres commandités, qui étaient courants dans les milieux d'affaires du Moscou des années 1990 après la chute de l'Union soviétique, sont devenus beaucoup plus rares avec la fin des guerres de clans criminels et depuis que le pays connaît un fort développement économique.

Le précédent meurtre d'un haut-fonctionnaire russe remontait à octobre 2002, quand Valentin Tsvetkov, le gouverneur de la région de Magadan, dans l'Extrême-Orient russe, avait été mortellement blessé par balles tandis qu'il marchait avec sa femme et son garde du corps dans une rue commerçante.

Des responsables russes non membres du Parquet évoquent jeudi l'hypothèse d'un meurtre lié aux activités professionnelles de M. Kozlov.

Anatoli Aksakov, de la commission parlementaire chargée des organismes de crédit et des marchés financiers, a estimé que l'attaque pouvait être liée aux fonctions du haut responsable.

Depuis le début de l'année, M. Kozlov a retiré leur licence à 44 banques sur les quelque 1.200 que compte le pays, la plupart pour des activités illégales, ce qui a pu lui faire des ennemis, a estimé le responsable cité par l'agence Interfax.

"Plusieurs banques se sont vu retirer leur licence et il est tout à fait possible que des criminels liés à ces structures aient commandité le meurtre", a lui aussi déclaré Boris Gryzlov, le président de la Douma (chambre basse du Parlement) cité par l'agence Itar-Tass.

Le ministre russe des Finances, Alexeï Koudrine, a confirmé que le responsable avait "plus d'une fois marché sur les plates-bandes de financiers peu scrupuleux", selon Itar-Tass. Le conseil des ministres a ouvert jeudi par une minute de silence en hommage au haut-fonctionnaire.

"Kozlov était un avocat acharné de la lutte contre le blanchiment d'argent (...) et était l'un des concepteurs de la réforme du secteur bancaire en Russie", confirme Natalia Orlova, analyste chez Alfa Bank.

"Toute la vie d'Andreï Kozlov, après ses études à l'Institut des finances de Moscou, a été liée à la Banque centrale de Russie", indique l'institution dans un communiqué lui rendant hommage.

Le financier était entré en 1989 à la banque centrale, où il a travaillé jusqu'en 1999 avant de passer dans le secteur privé. Il avait regagné cette institution en avril 2002 pour en prendre le poste de vice-président.

Il était marié et avait trois enfants.

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