Quebecor effectue dans ses quotidiens anglophones une manoeuvre inédite au Canada: l'uniformisation de leurs pages d'informations nationales et internationales, de sports et de divertissements.

Quebecor effectue dans ses quotidiens anglophones une manoeuvre inédite au Canada: l'uniformisation de leurs pages d'informations nationales et internationales, de sports et de divertissements.

En contrepartie, ces six quotidiens, en particulier le Toronto Sun en mal d'un nouveau souffle, auront plus de ressources disponibles pour rehausser leur contenu régional et particulier.

"Pour avoir les moyens de se distinguer dans leur marché, ces journaux ne pouvaient plus fonctionner comme autant de petits fiefs autonomes, surtout pour le contenu comparable", explique le vice-président exécutif de Quebecor, Luc Lavoie, lors d'un entretien à l'occasion de l'annonce des résultats trimestriels, hier. "C'était rendu au point où, dans le cas d'un reportage du bureau d'Ottawa, une quinzaine de personnes pouvaient faire le même travail d'édition et de mise en page dans tous ces journaux.

"Désormais, pour ce type de contenu commun, nos quotidiens anglophones relèveront d'un même rédacteur en chef exécutif, assisté d'adjoints nationaux par secteur. En revanche, chaque journal pourra réaffecter plus de personnel à sa couverture locale et régionale, de plus en plus déterminante", a expliqué M. Lavoie.

Mais dans la presse canadienne-anglaise, à Toronto en particulier, cette restructuration chez Sun Media a suscité maintes critiques envers sa société mère, Quebecor, qualifiée de "propriétaire absent".

Il faut dire que Sun Media a licencié plus d'une centaine de salariés au cours des récents mois. Aussi, des représentants d'employés de ses journaux anglophones citent les problèmes de relations de travail au Journal de Montréal comme d'un "exemple de la façon Quebecor".

Mais pour la direction de l'entreprise, pareils commentaires font abstraction des gains de compétitivité recherchés dans ses quotidiens, à commencer par le Toronto Sun, amoché depuis deux ans dans le marché le plus concurrentiel au Canada.

Par exemple, Luc Lavoie mentionne que Sun Media prépare l'ouverture de bureaux à Washington et à Los Angeles.

Aussi, Sun Media veut déployer plus de journalistes lors de gros événements "pour chercher plus de contenu spécifique".

Or, selon M. Lavoie, de tels projets découlent de la restructuration des rédactions pour rehausser leur contenu distinctif, au lieu de faire "des nouvelles de commodité disponibles sur toutes les agences".

Par ailleurs, souligne son vice-président, Quebecor investit plus de 300 millions dans des nouvelles imprimeries afin que ses journaux aient "la meilleure qualité d'impression de l'industrie, avec 100% de couleurs".

Deux quotidiens du sud de l'Ontario, le Toronto Sun et le London Free Press, auront leur nouvelle imprimerie commune au printemps 2007.

Entre-temps, l'impression du quotidien Ottawa Sun vient de migrer à une nouvelle imprimerie construite à Mirabel, où iront aussi bientôt les pages du Journal de Montréal.

Quant aux résultats financiers de la restructuration de ses journaux anglophones, Quebecor ne prétend pas à un impact rapide, mais d'abord un moyen d'endiguer le déclin des tirages et des revenus.

"Nous voulons préserver une marge bénéficiaire minimale malgré les défis auxquels sont confrontés les journaux", a résumé M. Lavoie.

Pour le moment, ces efforts pèsent sur la rentabilité de la filiale de journaux de Quebecor. Sun Media a vu son bénéfice d'exploitation reculer de 5% au troisième trimestre de 2006.

Ce déclin est survenu en dépit d'une relative stabilité de ses revenus divisionnaires à 220,9 millions.

Ailleurs au sein de Quebecor, ces résultats trimestriels montrent l'importance des profits de ses activités médiatiques, en particulier Vidéotron, pendant que sa grosse filiale d'imprimerie, Quebecor World, traverse une période difficile.

Avec des revenus encore réduite de 2% au troisième trimestre, Quebecor World a vu son profit net chuter de 43% par rapport à l'an dernier, à un maigre 11,5 millions US.

Le gros imprimeur a interrompu son dividende afin de "protéger son bilan" et pourvoir poursuivre ses investissements en modernisation d'imprimeries.

"Les résultats de Quebecor World sont très mauvais. La restructuration dure plus longtemps que souhaité", a résumé Carl Bayard, analyste chez Valeurs mobilières Desjardins.

Ailleurs chez Quebecor, la filiale Quebecor Media a dégagé un profit net de 46,6 millions CAN au troisième trimestre, nettement mieux que la perte de 10 millions d'il y a un an.

Une poussée de 30% du bénéfice d'exploitation du câblodistributeur Vidéotron a le plus contribué à ce regain. Aussi, avec ses nouveaux services, Vidéotron a augmenté ses revenus par client de 18% depuis un an.

À la Bourse de Toronto, les investisseurs semblent confiants des progrès de Quebecor, malgré certains résultats mitigés à court terme.

Ses actions (B) ont gagné 1,4% (43 cents), à 30,48$, leur prix le plus élevé depuis août 2005.

Les actions du gros imprimeur Quebecor World ont gagné 1,1%, pour terminer à 14,16$. Toutefois, il s'agit d'un prix encore inférieur de 17% au cours moyen d'il y a un an.

QUEBECOR DU MIEUX ET DU PIREVariation de profit net au 3 e trimestre 2006 par rapport à 2005

Quebecor +49 %

Quebecor Media +121 % (perte à profit)

Quebecor World -43 %

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