La vie est courte, on le sait tous. Pour Nadine, de Laval, cela n'a jamais paru aussi vrai. Après avoir travaillé une bonne partie de sa vie et élevé deux enfants, elle a aujourd'hui l'impression de ne pas avoir vu le temps filer. Et elle vient d'avoir 50 ans...

La vie est courte, on le sait tous. Pour Nadine, de Laval, cela n'a jamais paru aussi vrai. Après avoir travaillé une bonne partie de sa vie et élevé deux enfants, elle a aujourd'hui l'impression de ne pas avoir vu le temps filer. Et elle vient d'avoir 50 ans...

C'est encore jeune, c'est vrai, et en cette ère où l'espérance de vie dépasse 80 ans, il reste à Nadine beaucoup de belles années. Or, c'est justement ce qui l'inquiète.

Parce qu'elle et son mari, Richard, 51 ans, n'ont presque pas épargné jusqu'à présent, Nadine se pose des questions sur le genre de retraite qu'ils pourront se permettre.

Idéalement, le couple voudrait arrêter de travailler à 65 ans, et être en mesure, à la retraite, de se payer un voyage par année. D'ici là, Nadine et Richard aimeraient régler toutes leurs dettes.

«Mais est-il trop tard pour commencer à épargner à 50 ans?» se demande Nadine?

Notre corespondante n'a pas d'emploi stable. Elle travaille de temps en temps à 9$ l'heure dans un atelier de production. Compte tenu de son expertise comme technicienne de laboratoire, elle est confiante de se trouver un emploi à temps plein très bientôt à un minimum de 14$ l'heure, soit environ 29 000$ par an.

Richard, lui, exploite depuis 12 ans deux petites entreprises, l'une de distribution de produits, qui génère un chiffre d'affaire sd'environ 90 000$ par an, l'autre en services de comptabilité.

En tout, ses revenus imposables se chiffrent à 25 000$ par an, sous formes de dividendes. Ses revenus ne sont pas réguliers, et son marché se contracte progressivement en raison de la concurrence. Mais Richard veut continuer d'être travailleur autonome. «Pour être plus libre», dit-il.

Des finances précaires

Le compte de chèques du couple est au plus bas. Nadine possède des droits sur un fonds de retraite (RPA) de 5000$ si cette somme est transférée dans un compte de retraite immobilisé (CRI).

Elle a pour environ 3000$ en REER. Parce qu'elle a souvent travaillé à temps partiel, on estime pour le moment que la Régie des rentes du Québec (RRQ) lui versera à 65 ans seulement 20% de la prestation maximale à la retraite. Mais il lui reste 15 ans de boulot pour se rattraper.

Richard, lui, possède 1000$ dans un CPG, et un REER de 7000$ investi en fonds communs. En revanche, il estime qu'à 65 ans la RRQ lui versera 70% de la prestation maximale.

Leur maison, d'une valeur de 250 000$, est au nom de Richard; une hypothèque de 75 000$ grève sur la propriété, et les paiements mensuels s'élèvent à 1300$, hors l'impôt foncier Le couple espère avoir remboursé totalement l'emprunt hypothécaire en six ans.

Nadine possède par ailleurs une automobile, qu'elle loue à raison de 280$ par mois jusqu'en 2009. Elle prévoit racheter l'auto pour 12 000$ au terme du bail.

Côté dettes, le couple doit environ 10 000$ en solde de cartes de crédit, ainsi que 1000$ sur une marge bancaire.

Bien qu'il soit préférable de commencer à épargner tôt dans la vie, la situation de Nadine et de Richard n'est toutefois pas désespérée, constate le planificateur financier et administrateur agréé aux Services financiers Groupe Investors, Gaétan Veillette.

«Mais le couple devra passer en mode accéléré pour atteindre ses objectifs de retraite», précise-t-il.

Pour ce faire, le couple devra apporter quelques ajustements immédiatement. En effet, le spécialiste remarque qu'actuellement le couple est en déficit budgétaire d'environ 3300$ par année, ce qui explique sa difficulté à rembourser le solde des cartes de crédit à taux d'intérêt élevé. Si rien n'est fait, ce déficit s'accumulera jusqu'en 2012, soit jusqu'au règlement final de l'hypothèque.

Le problème: l'hypothèque

Or, c'est là que réside une partie du problème et sa solution. En créant un déficit budgétaire pour régler l'hypothèque plus vite, la situation actuelle engendre des frais d'emprunt plus élevés sur les cartes de crédit.

De plus, ce déficit ne laisse aucune marge de manoeuvre pour épargner, du moins pas avant 2013.

Gaétan Veillette est donc d'avis que le couple devrait allonger la période de remboursement de l'hypothèque, idéalement sur 12 ans au lieu de six.

Évidemment, étirer l'amortissement implique un coût d'intérêt cumulatif plus élevé. Un amortissement de six ans coûterait 12 452$ en intérêt cumulatif jusqu'au dernier paiement hypothécaire; huit ans = 16 816$; 10 ans = 21 312$; 15 ans = 33 122$.

Et certes, la prolongation de l'amortissement aurait un impact sur la valeur du patrimoine. Mais le planificateur financier soutient qu'il faut relativiser ce coût accru d'intérêt par le fait que le capital remboursé plus tard (en dollars de l'époque) coûte moins cher, et qu'il faut considérer l'impact global de cette décision sur l'ensemble du portrait financier.

Le couple devrait aussi procéder à une consolidation de dette (surtout pour régler les cartes de crédit) en empruntant sur l'hypothèque actuelle ou en établissant une marge de crédit hypothécaire.

Une fois ce nouveau scénario en place, le couple pourra dès maintenant commencer à épargner, ce qui prolongera la période d'épargne de huit à 15 ans. En 2022, la valeur du patrimoine de Nadine et de Richard aura atteint 716 000$, soit près de 50 000$ de plus que s'ils commençaient à épargner dans six ans.

Avec ses prestations de la RRQ, celles du régime de pension de vieillesse du Canada, et ses épargnes accumulées, le couple pourra alors jouir d'une revenu de retraite familial brut de près de 51 000$, indexé au coût de la vie. Comme quoi, il n'est jamais trop tard pour épargner!

LA SITUATION

Nadine, 50 ans, et Richard, 51 ans, n'ont presque pas épargné au cours de leur vie. Comme ils envisagent de prendre leur retraite à 65 ans, ils se demandent s'il n'est pas trop tard pour commencer à le faire et se ménager une retraite confortable.

Revenus: / Dettes :

Nadine: 29 000$/an / Cartes de crédit : 10 000$

Richard : 25 000$/an / Marge de crédit : 1000$

Actifs

Nadine REER: 3 000$

Richard REER: 7 000$

CPG Richard : 1 000$

Maison: 250 000$, hypothèque, 75 000$