Coup d'envoi le 15 octobre: avant même de savoir s'il réussira à racheter le groupe Dow Jones et le Wall Street Journal, le magnat de la presse Rupert Murdoch vient de fixer la date de démarrage de sa future chaîne d'informations financières, Fox Business.

Coup d'envoi le 15 octobre: avant même de savoir s'il réussira à racheter le groupe Dow Jones et le Wall Street Journal, le magnat de la presse Rupert Murdoch vient de fixer la date de démarrage de sa future chaîne d'informations financières, Fox Business.

Projet couvé par Murdoch depuis plusieurs années, Fox Business devra s'imposer face à la chaîne CNBC, la référence des milieux d'affaires.

Allumée en permanence dans la plupart des bureaux de Wall Street, cette filiale de NBC Universal (groupe General Electric) règne pour l'instant sans conteste sur le créneau juteux de l'information financière télévisée, depuis que le groupe CNN a jeté l'éponge en 2004 en fermant sa chaîne CNNfn.

Fox Business débarquera déjà avec l'assurance d'être distribuée sur les bouquets de base des grands câblodistributeurs américains, dont Comcast et surtout Time Warner, qui couvre le marché-clé de Manhattan, a précisé Fox.

Rupert Murdoch montre ainsi publiquement qu'il n'a pas besoin de Dow Jones» pour s'aventurer pour la première fois sur ce terrain, souligne la firme d'analyste Pali Research.

Pourtant, le rachat du groupe propriétaire du Wall Street Journal et de l'agence d'informations financières Dow Jones serait non seulement un atout crucial pour sa chaîne, mais déstabiliserait également CNBC.

En effet, avec leurs 700 journalistes, Dow Jones et le Wall Street Journal fournissent une bonne partie des informations diffusées par CNBC. L'accord de partenariat CNBC-Dow Jones court en principe jusqu'en 2012.

Mais Murdoch, qui a proposé le 1er mai 5 milliards de dollars américains pour racheter Dow Jones, n'a toujours pas eu de réponse des Bancroft, la famille qui contrôle le groupe.

La famille a même ces derniers jours recherché d'autres solutions, en recevant deux investisseurs qui proposent un rachat partiel, Ron Burkle et Brad Greenspan.

Selon les analystes, ses négociations avec les Bancroft incluent sans doute le paiement d'une indemnité pour rompre le contrat entre Dow Jones et CNBC.

S'attaquer à CNBC, pilier de Wall Street présent depuis 1989, représente un nouveau pari pour Murdoch, lui qui a réussi, contre toute attente, à détrôner CNN dans l'information continue avec sa chaîne Fox News, devenue leader aux États-Unis.

Le milliardaire des médias ne peut manquer de s'intéresser à un créneau où les investissements peuvent s'avérer extrêmement rentables.

Selon les analystes – GE ne donne pas de chiffres – CNBC aurait encaissé un chiffre d'affaires de 700 M$ US et dégagé un bénéfice net de 275 M$ US en 2006.

CNBC vaudrait 5 milliards de dollars américains, calcule la firme Pali Research.

Avec une audience estimée par les analystes à 200 millions de foyers dans le monde, dont 90 millions aux États-Unis, elle devance largement son seul concurrent actuel, la chaîne de l'agence Bloomberg, qui revendique 49 millions de spectateurs.

Et son audience est riche et puissante : les foyers qui la regardent possèdent un million de dollars américains en moyenne et 52% de ses téléspectateurs sont des cadres dirigeants, selon un sondage de 2003.

La bonne santé du créneau des nouvelles financières, dopé par la montée des marchés boursiers, suscite les convoitises, avec une série de concentrations au cours des derniers mois.

La plus spectaculaire a été le rachat de l'agence britannique Reuters par sa rivale canadienne Thomson pour près de 13 milliards d'euros (19 milliards CAN) en mai, créant le numéro un mondial, juste devant l'américain Bloomberg.

Mais l'ambitieux Murdoch ne compte pas s'arrêter à la télévision et à l'agence. Il a déjà déclaré vouloir développer l'information financière sur internet, lui qui a le premier flairé l'importance de l'internet interactif en rachetant le site MySpace.