Non seulement la Sun Life, avec les autres assureurs canadiens, a-t-elle fait un pied de nez aux Américains en les repoussant hors de nos frontières pour aller ensuite s'imposer chez eux. Voilà maintenant qu'elle vend trois fois plus d'assurances en Inde qu'au Canada.

Non seulement la Sun Life, avec les autres assureurs canadiens, a-t-elle fait un pied de nez aux Américains en les repoussant hors de nos frontières pour aller ensuite s'imposer chez eux. Voilà maintenant qu'elle vend trois fois plus d'assurances en Inde qu'au Canada.

Et Kevin Dougherty promet que ce n'est pas fini. En entrevue à La Presse Affaires, hier, le président de la Financière Sun Life a dévoilé quelques-unes des stratégies de croissance du géant canadien de l'assurance. Au menu: poursuivre les acquisitions aux États-Unis, conquérir l'Asie... et récolter les fruits du vieillissement de la population à la maison.

Le cas américain est particulièrement intéressant. «Ça ferait un beau sujet d'étude pour les universitaires», admet M. Dougherty avec un sourire. C'est que les grands assureurs américains se sont systématiquement cassé les dents en sol canadien, avant de plier bagage pour rentrer chez-eux.

La Financière Sun Life, pourtant, est en pleine croissance aux États-Unis. Avec 2600 employés au sud de la frontière, elle y récolte aujourd'hui 22 % de ses revenus.

Et après avoir raflé les contrats d'assurance collective de l'américaine Genworth Financial pour 650 millions US en janvier dernier, M. Dougherty affirme qu'il faut s'attendre à d'autres acquisitions là-bas.

Ce succès canadien aux États-Unis a de quoi consoler les amateurs de hockey, qui voient les Rangers de New York et les Hurricanes de la Caroline devancer le Canadien dans la course aux séries éliminatoires. Mais comment l'expliquer? M. Dougherty risque une réponse.

«Sans vouloir leur manquer de respect, je crois que les Américains ont davantage tendance à prendre leurs méthodes et à essayer de les imposer dans d'autres pays. Tandis que lorsque nous allons ailleurs, nous essayons de comprendre comment on y fait des affaires et de nous y adapter. Je crois que les Canadiens, de par leur nature, sont ouverts à apprendre», dit-il.

Cette «méthode canadienne», Sun Life ne se contente pas de la servir aux Américains. Depuis quatre ou cinq ans, elle accélère ses efforts pour conquérir l'Asie. En Inde, ses 14 000 agents vendent aujourd'hui trois fois plus de produits d'assurances qu'au Canada.

Les revenus, pourtant, restent modestes : le secteur asiatique compte pour seulement 5 % des recettes de Sun Life. Mais le chiffre est appelé à bondir, promet M. Dougherty.

«Nous sommes encore en train d'investir massivement en Asie. Il y aura un moment où les revenus suivront. C'est un peu l'essence de notre industrie: on investit, on récolte ensuite.»

Chine, Singapour, Japon, Indonésie, Philippines: «notre stratégie est de nous implanter là où se trouvent les grandes populations, dit M. Dougherty. Nous avons aujourd'hui accès à la moitié de la population mondiale. Ce n'est pas rien pour une entreprise canadienne.»

Et le Canada, justement? Pour des entreprises comme la Sun Life, dont la gamme de produits va de l'assurance vie aux produits d'épargne en passant par les assurances santé personnelles, il s'y trouve une manne: le vieillissement de la population.

«Il y a un énorme segment de la population qui se dirige vers la retraite, et ça crée beaucoup de demande pour nos produits. Les gens cherchent à épargner pour leur retraite, et à protéger cette épargne», dit M. Dougherty.

Un coup d'oeil à l'évolution de l'action de Sun Life comme à celles de ses concurrents Manuvie et Great-West, d'ailleurs suffit pour s'en convaincre: le secteur de l'assurance traverse une belle période. Et les profits suivent.

De 212 millions en 2001, le bénéfice net de la Financière Sun Life est passé à 995 millions en 2006: un bond de 370 %.

«De l'extérieur, ça peut sembler une industrie plutôt tranquille, dit M. Dougherty. Mais il y a beaucoup, beaucoup de croissance.»