Les livraisons de l'A380 vont prendre encore jusqu'à 10 mois de retard, soit au total près de deux ans sur le programme initial, selon son plus gros client, la compagnie Emirates; un nouveau calendrier qui devait être confirmé mardi par EADS, maison mère d'Airbus.

Les livraisons de l'A380 vont prendre encore jusqu'à 10 mois de retard, soit au total près de deux ans sur le programme initial, selon son plus gros client, la compagnie Emirates; un nouveau calendrier qui devait être confirmé mardi par EADS, maison mère d'Airbus.

"Emirates a été informé d'un retard supplémentaire de 10 mois de son programme A380, ce qui signifie que notre premier appareil arrivera désormais en août 2008", a annoncé mardi le PDG de la compagnie de Dubaï, Tim Clark, qui a commandé 43 appareils, soit près d'un tiers des commandes de l'A380, pour quelque 13 milliards de dollars (prix catalogue).

"C'est un problème très grave pour Emirates", qui "examine toutes ses options", a-t-il averti, laissant planer la menace d'annulation de commandes.

C'est en effet la troisième fois qu'Airbus décale les livraisons de son programme-vedette, d'un coût estimé à 12 milliards d'euros. Après un premier décalage de six mois annoncé au printemps 2005, Airbus avait notifié en juin un retard supplémentaire de six mois.

Une porte-parole d'Airbus a refusé mardi de confirmer l'ampleur du troisième retard, dont le principe avait été annoncé le 21 septembre par EADS. Il ne sera pas forcément du même ordre pour les 16 compagnies aériennes clientes, qui ont commandé un total de 159 appareils à double pont.

La britannique Virgin Atlantic a indiqué mardi avoir été informée d'un nouveau retard des six A380 devant lui être livrés à partir de 2009, mais qu'elle "attendait un communiqué d'Airbus" vraisemblablement (mardi) soir ou (mercredi) matin" pour plus de détails.

Après une première réunion vendredi qui s'était soldée sans annonce, le groupe européen d'aéronautique et de défense convoquait mardi un nouveau conseil d'administration afin d'entériner le nouveau calendrier et mesurer l'impact financier de ces délais, qui devront être indemnisés.

En juin, EADS avait déjà averti que la deuxième vague de retards de l'A380 pèserait sur son bénéfice opérationnel à hauteur de 2 milliards d'euros d'ici 2010. Son cours de Bourse a plongé de 30% depuis le début de l'année.

La compagnie de lancement de l'A380, Singapore Airlines, qui devait mettre en service ses premiers appareils avant la fin 2006, déplore désormais ouvertement des retards qui limitent son potentiel de croissance.

"On passe à côté d'une croissance supplémentaire", a souligné à l'AFP son vice-président aux affaires publiques, Stephen Forshaw.

Les vols Singapour-Londres par exemple, continuent à être opérés par trois Boeing 747 qui devaient être remplacés par des A380, empêchant "d'accroître cette capacité de cent sièges" pour chaque appareil.

Les compagnies aériennes Air France et Lufthansa ne faisaient pas de commentaires dans l'immédiat.

Le conseil d'administration d'EADS devait également rendre son verdict mardi sur les mesures de redressement suggérées par Airbus.

Le plan de relance proposé par son nouveau patron Christian Streiff, prévoyant des économies pouvant atteindre jusqu'à 2 milliards d'euros par an et une vaste réorganisation industrielle, reste suspendu au feu vert d'EADS, détenu à 22,5% par l'allemand DaimlerChrysler, 15% par l'Etat français et 7,5% par le groupe Lagardère.

Selon Les Echos, certains administrateurs d'EADS auraient jugé trop radicale la remise à plat de l'organisation industrielle d'Airbus présentée vendredi par M. Streiff, qui aurait mis sa démission dans la balance.

Cette réorganisation prévoierait notamment une nouvelle répartition des tâches entre les sites français et allemand d'Airbus, et un recours plus important à des partenaires étrangers pour les prochains programmes.

EADS

SINGAPORE AIRLINES

BOEING

AIR FRANCE-KLM

LUFTHANSA

DAIMLERCHRYSLER

LAGARDERE

dab/jlb/spi