Le fournisseur d'équipement de télécommunications Nortel Networks a encore d'importants défis à relever pour retrouver sa prestance d'antan, admet son président, Mike Zafirovski.

Le fournisseur d'équipement de télécommunications Nortel Networks a encore d'importants défis à relever pour retrouver sa prestance d'antan, admet son président, Mike Zafirovski.

Mais à la veille du premier anniversaire de son embauche, en octobre 2005, il se dit déterminé à " recréer une grande entreprise ".

" Quand j'y suis entré, l'an dernier, je prenais la tête d'une entreprise affrontant la pire des tempêtes possibles ", a commenté M. Zafirovski, hier, lors d'un discours devant le Canadian Club, à Toronto.

" Les défis étaient difficiles, et plusieurs doivent encore être résolus. Mais Nortel est aussi une entreprise avec des actifs de très grande qualité, et un héritage d'un siècle d'innovations ", a-t-il soutenu, en référant aux antécédents de " Bell-Northen Research " et de " Northern Telecom ".

Aussi convaincu soit-il, Mike Zafirovski est demeuré discret quant aux prochains contrats auxquels pouvaient s'attendre les actionnaires de Nortel. Il a d'ailleurs refusé hier de répondre à toute question des journalistes venus assister à son discours, les invitant à attendre le 15 novembre prochain, date de la prochaine séance de présentation d'affaires que tiendra Nortel à Toronto, pour le milieu financier et boursier.

Analystes sceptiques

Entre-temps, malgré les propos optimistes de son président, la valeur de Nortel en Bourse demeure à son plus faible, autour de 2,58 $ l'action à Toronto. En fait, cette valeur a reculé de 33 % depuis un an, la période qui couvre la première année en poste du président. D'ailleurs, les récents résultats trimestriels n'avaient guère de quoi rassurer les actionnaires et les financiers de Nortel. Par exemple, son profit d'exploitation au deuxième trimestre, à seulement 51 millions $ US, était inférieur de plus de moitié à celui de la même période l'an dernier. Et ce, malgré une légère progression de ses revenus trimestriels, à 2,74 milliards $ US. Quant au résultat net, il s'affiche encore en déficit de 2,2 milliards $ US pour les quatre derniers trimestres complétés.

Certes, ce déficit majeur comprend des frais spéciaux de restructuration et de règlements de poursuites d'actionnaires. Et pour Mike Zafirovski, ces coûts spéciaux font partie du " grand ménage " qui devait se faire chez Nortel, afin de la remonter vers les sommets du marché mondial des télécommunications.

Du côté des analystes qui l'ont à l'oeil, le scepticisme demeure de mise. À peine sept des 33 analystes recensés par l'agence financière Bloomberg, au Canada et à l'étranger, recommandent l'achat des actions de Nortel, même à leur prix déprimé.

Quant aux prochains résultats financiers de Nortel, le consensus des analystes lui accorde une mince chance d'atteindre le point mort en 2006, pour le profit d'exploitation des activités poursuivies.

Ça serait mieux que la perte correspondante de 19 cents US par action de l'exercice 2005. Mais encore bien peu pour croire à un revirement pour de bon chez Nortel.

À ce propos, Mike Zafirovski soutient que la remise en bonne forme de Nortel requerra encore " de trois à cinq ans " d'efforts.

" C'est un marathon, pas un sprint ", a-t-il indiqué récemment à la presse d'affaires torontoise.

Il a aussi décliné tout intérêt immédiat de Nortel pour participer à la vague de fusions et d'acquisitions parmi ses principaux rivaux.

En fait, Nortel a encore beaucoup de travail à faire à l'interne dans la foulée des changements parmi ses principaux patrons de divisions. Ils ont été recrutés à la carte par Mike Zafirovski au cours des derniers mois.

Hier, devant le Canadian Club, le président de Nortel a réitéré que l'entreprise était bien placée pour profiter de la " nouvelle ère " des télécommunications. " L'accès à l'Internet à haut débit sera de plus en perméable entre les réseaux par fils et les réseaux sans fil, peu importe où sont les usagers, a-t-il souligné."

" Aussi, on voit se généraliser la connectivité des technologies selon le protocole Internet (IP), un autre secteur où Nortel détient une longueur d'avance ".

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