C'est peut-être pour le mieux, finalement.

C'est peut-être pour le mieux, finalement.

Martin avait perdu son emploi en octobre 2005. Il en a retrouvé un autre, à un salaire de 40 000$, inférieur de 20 000$ au précédent.

«Cette perte salariale est compensée par le fait qu'il peut être à la maison pour notre fils de 8 ans, ce qui est très important pour nous», confie Caroline.

Certaines des dépenses de Martin sont remboursées, ce qui représente un apport de quelque 300$ à 500$ par mois. Il touche en outre des commissions qui ont atteint 2500$ en 2006.

Mais il n'a aucun avantage social ni régime de retraite.

«Nous sentons de plus en plus l'urgence de bien planifier notre retraite et nous nous demandons comment optimiser nos contributions à nos REER, constate Caroline. Je m'inquiète de la grande différence entre mes REER et ceux de mon époux.»

Caroline gagne environ 82 000$ par année. À 35ans, elle a accumulé 52 000$ dans ses REER, alors que son conjoint, âgé de 40 ans, n'en a encore que 11 000$.

Pour compliquer les choses, Martin a retiré 9000$ de son REER en 2006, pour combler le manque à gagner résultant de la perte de son emploi.

Caroline s'interroge. Devrait-elle contribuer au REER de Martin? Se concentrer sur le sien? Le terrain perdu peut-il être regagné?

Un peu d'ordre

«Ce couple tient à jour son bilan et son budget, avec une précision que je ne vois pas aussi fréquemment qu'on pourrait le croire", observe d'emblée le planificateur financier indépendant et administrateur agréé Éric F. Gosselin. "Il ne sera pas trop difficile de tout démêler cela.»

Voyons voir. Leur maison, d'une valeur approximative de 220 000$, est grevée d'un solde hypothécaire de 130 000$ . Leurs deux voitures sont louées. Caroline épargne environ 10 000$ pour la retraite chaque année et se constitue un fonds de réserve à l'aide d'un prélèvement de 5% sur sa paie.

Les soldes de leur marge et cartes de crédit totalisent environ 6700$. «Pas de quoi s'énerver», commente M. Gosselin. Le taux d'endettement du couple avoisine 27%, ce qui est encore raisonnable.

Par contre, le retrait de 9000$ du REER était une erreur. «Nous en convenons, ce n'était pas notre meilleure idée, mais cette décision n'a pas été prise sous l'impulsion de la panique, indique Caroline. Nous sommes un peu allergiques à l'endettement compte tenu des effets observés chez certains membres de notre entourage. Nous avons pensé qu'étant donné que le revenu de Martin était plus faible l'an passé, l'impôt n'était pas trop important.»

La ponction fiscale était réduite, confirme notre planificateur financier, «mais l'impact à long terme d'un retrait du REER est trop important sur le capital retraite. Cette solution devrait être la dernière à envisager lorsque le niveau d'endettement ne permet plus de soutenir les dépenses du ménage.»

En supposant un taux de rendement annuel de 7%, ce retrait intempestif réduit de plus de 68 500$ le capital retraite disponible à l'âge de 65 ans. Pour compenser ce manque à gagner, il faudrait ajouter chaque année quelque 500$ aux cotisations REER pendant les 30 prochaines années. «Il aurait été préférable d'utiliser la marge de crédit pour ce besoin à court terme, ou de diminuer la consommation en conséquence», avise Éric Gosselin.

Correction du tir

Caroline et Martin espèrent chacun prendre leur retraite à 65 ans, soit dans un maximum de 30 ans.

Le budget soumis par notre couple montre des dépenses de 4900$ par mois. Sur cette base, Éric Gosselin a estimé un coût de vie de 3800$ à la retraite, en dollars d'aujourd'hui.

Caroline fournira aisément sa part de cet objectif en maintenant son rythme actuel de cotisation REER.

Martin aura plus de difficulté à fournir la sienne: en raison du maigre compte REER de 11 000$, il devra consentir un important effort d'épargne de 8000$ par année.

«Il n'est pas trop tard, comprenons-nous bien, commente M. Gosselin, car avec ces contributions, les résultats de la planification de la retraite démontrent que nos deux retraités pourront maintenir leur rythme de vie actuel jusqu'à l'âge de 90 ans, voire davantage si on tient compte du capital accumulé dans leur propriété.»

Il demeure que dans l'état actuel de ses revenus, il est fort possible que Martin ait besoin du soutien de sa conjointe pour épargner cette somme. L'effort pourrait devoir être partagé, et le budget aménagé en conséquence.

Caroline contribuerait alors au REER de Martin à titre de conjoint cotisant, jusqu'aux limites de ses propres droits de cotisation. Au-delà de cette limite, elle «aidera plutôt son conjoint à faire ses cotisations», comme l'exprime Éric Gosselin. La différence: dans le second cas, Caroline ne pourra déduire la somme de ses revenus.

En cas de séparation d'un couple marié, ces sommes seraient incluses dans le patrimoine familial à partager.

La contribution au REER du conjoint était couramment recommandée pour équilibrer les revenus de retraite des deux conjoints, afin de réduire les impôts payés au total par le couple.

Or, le gouvernement fédéral a autorisé récemment un partage fiscal entre conjoints retraités, qui produit sensiblement le même résultat. La contribution au REER du conjoint demeure-t-elle pertinente?

«Tout à fait, répond notre planificateur. D'une part, le droit de contribution au compte du conjoint n'a pas été abrogé, ce qui permet de poursuivre cette stratégie fiscale. D'autre part, cette nouvelle possibilité peut disparaître tout aussi subitement qu'elle est apparue, par une simple phrase dans un futur discours budgétaire. Il est donc prudent de faire comme si de rien n'était et de continuer à équilibrer les comptes REER entre les conjoints.»

L'ENNUI

À la suite d'une perte d'emploi, Martin a subi une baisse de salaire de 20000$ par année. À 40 ans, il n'a accumulé que 11000 $ dans son REER. Que peut faire sa conjointe pour que tous deux atteignent une retraite sereine et confortable?

LES FAITS

Martin

Âge: 40 ans

Revenu annuel: 40000 $ plus commissions

REER: 11000 $

Retrait REER pour cette année: 9000 $

Ne contribue pas à son REER pour le moment

Caroline

Âge: 35 ans

Revenu annuel: 82 500 $

REER: 52000$

Contribution REER: 13 % du salaire

Maison: valeur d'environ 220 000$

Solde de l'hypothèque: 130 000$

Marge de crédit: 367$

Carte de crédit: 3000$

LA SUGGESTION

Pour atteindre son objectif de retraite, Martin devra verser 8000$ par année dans son REER. Il faudra sans doute que Caroline participe à l'effort, au moins temporairement. Une contribution au REER du conjoint est toujours pertinente, malgré les assouplissements récents sur le partage fiscal des revenus de retraite.

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