Avec sa forte concentration dans les titres financiers et de ressources naturelles, le marché boursier canadien est «trop restreint et trop étroit» pour assurer une bonne diversification de portefeuilles.

Avec sa forte concentration dans les titres financiers et de ressources naturelles, le marché boursier canadien est «trop restreint et trop étroit» pour assurer une bonne diversification de portefeuilles.

«Ce phénomène a même pris de l'ampleur au cours des dernières années», remarque Hélène Gagné, de PWL Capital.

Pour cette raison, la gestionnaire de portefeuille sous-pondère la part des actions canadiennes dans ses stratégies de placements.

«La Bourse de Toronto ne représente que 3% de la capitalisation boursière mondiale, précise-t-elle. On n'y retrouve pas la profondeur des grands indices comme ceux du S&P 500 américain et du MSCI Europe Australie et Extrême-Orient.»

Avec la bonne performance enregistrée au cours des dernières années par les secteurs des matériaux (producteurs de métaux) et de l'énergie (pétrolières et gazières), la part des ressources naturelles compte maintenant pour 42% de l'indice S&P/TSX du parquet torontois.

À cela s'ajoute le poids des titres financiers, comme ceux des banques et des assureurs, qui s'élève à 35%. «Plus du trois quart de la valeur de l'indice se retrouve dans ces trois secteurs, calcule Mme Gagné. Il y a une trop grande concentration dans un nombre limité de secteurs.»

Cela est d'autant plus vrai, ajoute la spécialiste, que les investisseurs détiennent déjà une grande partie de leurs avoirs en actifs canadiens, par l'entremise de leurs maisons, de titres à revenus fixes (obligations, marché monétaire), de régime de retraite, etc.

«Ça fait beaucoup de marrons au feu du côté canadien», constate la gestionnaire.

À son avis, il faut profiter des marchés étrangers pour diversifier ses placements.

Elle estime qu'il est possible d'obtenir un rendement intéressant en utilisant une recette de base (qui varie selon les besoins spécifiques de chacun).

Du point de vue strictement boursier, l'une de ses stratégies consiste à répartir à part égale les actions canadiennes (1/3), américaines (1/3) et internationales (1/3).

Ensuite, son allocation se fait à hauteur de 40% en titres de style «valeur», de 40% en titres mixtes (croissance et valeur) et de 20% dans les petites capitalisation.

La gestionnaire n'achète pas d'actions de compagnies individuelles. Elle préfère choisir des produits indiciels, qui représentent des indices boursiers de différentes capitalisations et de régions géographiques différentes.

«Contrairement aux entreprises, les indices ne font jamais faillite>, signale Hélène Gagné.

La gestionnaire souligne que les produits indiciels sont un moyen efficace pour capturer les rendements dans les classes d'actifs sélectionnés.

«Des études démontrent que seulement 25% des gestionnaires battent les indices de référence et que ce ne sont jamais les mêmes, dit-elle. Dans ce cas, il vaut mieux investir directement avec les indices.»

Auparavant, Mme Gagné concentrait ses achats dans les fonds communs indiciels, mais depuis plusieurs années son style de gestion a évolué pour tenir compte de la disponibilité accrue de produits disponibles à moindres frais, comme les fonds négociés en Bourse.

Elle rappelle que les fonds négociés en Bourse rassemblent un panier de titres représentant un indice choisi. Ces placements sont élaborés comme des fonds communs mais sont négociés comme des actions.

«Ce sont des produits très conviviaux, faciles d'accès et dont les frais de gestion sont moins élevés que pour les fonds communs traditionnels», constate la spécialiste.

PWL Capital offre ses services de gestion à une clientèle privée ayant des placements d'au moins 500 000$.

«Notre philosophie est basée sur les travaux académiques et non sur les rapports d'analystes des firmes de courtage qui pourraient refléter certains conflits d'intérêts», souligne Hélène Gagné.

À cet effet, la théorie moderne de portefeuille, développée notamment par Eugene Fama et Kenneth French, enseigne qu'à long terme les placements dans les titres «valeur» donnent une prime de rendement plus grande que ceux dans les titres «croissance» mais comportent aussi un plus grand niveau de risque, d'où l'importance d'une bonne diversification.

Leur étude, portant sur 80 années de performance boursière, permet également d'observer qu'à long terme le pourcentage des avoirs en actions offrent un rendement plus élevés que ceux pour les titres à revenu fixes.

De plus, ajoute la gestionnaire, il est démontré que les investissements dans les titres de petites et de moyennes capitalisation, plus risqués, permettent d'aller chercher des rendements plus élevés sur une longue période.

«À partir de là, nous identifions les facteurs qui rémunèrent les investisseurs et les risques qui valent la peine d'être pris», dit Hélène Gagné.