Rupert Murdoch et John C. Malone, qui se sont querellés pendant deux ans parce que M. Malone menaçait le contrôle de M. Murdoch sur News Corp., ont fait la paix.

Rupert Murdoch et John C. Malone, qui se sont querellés pendant deux ans parce que M. Malone menaçait le contrôle de M. Murdoch sur News Corp., ont fait la paix.

Il y a près de deux ans, M. Murdoch a été estomaqué d'apprendre que M. Malone, un ami et parfois un partenaire d'affaires, avait acheté une grosse participation avec droits de vote dans News Corp., une participation susceptible de menacer l'emprise que M. Murdoch exerce sur le géant des médias qu'il a construit sur une période de cinq décennies.

Mais les deux hommes sont parvenus à un accord en privé cette semaine. Cela permettra à M. Malone de mettre la main sur l'un des précieux actifs de M. Murdoch, le service de télé par satellite DirecTV, plus d'autres "bonbons" en échange de son retrait de la compagnie en revendant à News Corp. la participation de 11 milliards US qu'il possède.

Ainsi, Liberty Media Corp., l'entreprise de M. Malone, obtiendra la participation de 39% de M. Murdoch dans DirecTV de même que trois réseaux de sports régionaux appartenant à Fox, une filiale de News Corp., plus 550 millions US au comptant, selon un banquier au courant de l'accord.

Par la même occasion, News Corp. retirera de la circulation la participation de 19% avec droits de vote de Liberty et son intérêt de 15% sans droits de vote, ce qui équivaut à un colossal rachat d'actions.

Un autre dirigeant au fait des discussions a fait une mise en garde concernant cet accord de principe et a fait remarquer que MM. Malone et Murdoch avaient été bien près d'une entente dans le passé avant de faire volte-face.

D'autres soutiennent pour leur part que c'est la première fois que les deux magnats s'entendent véritablement sur les dispositions d'un accord. On s'attend à ce qu'un marché juridique complet soit signé et annoncé d'ici deux semaines.

Le marché aurait été conclu cette semaine par téléphone, point culminant de plusieurs mois de pourparlers menés principalement par Gregory B. Maffei, le chef de la direction de Liberty, et par David F. DeVoe, le directeur financier de News Corp.

Bien que MM. Malone et Murdoch se parlent et qu'on dise que leurs relations sont cordiales, les deux dirigeants, qui ont déjà été des amis, n'ont pas passé beaucoup de temps ensemble au cours des deux dernières années.

Durant cette période, News Corp. a adopté une dragée toxique pour faire échec à Liberty, et M. Malone a déjà eu cette répartie : "La moitié des actionnaires ont peur que Rupert meure; l'autre moitié ont peur qu'il ne le fasse pas."

On peut penser que les deux dirigeants pourront crier victoire à l'issue de cet accord, et M. Murdoch sera en mesure d'empocher un gain de près de 5 milliards US grâce à DirecTV depuis l'acquisition de sa participation en 2003.

Mais ce qui est peut-être plus important encore, c'est que le rachat des actions de M. Malone aura le double effet d'éliminer le deuxième actionnaire en importance de la compagnie et de hausser la participation avec droits de vote de la famille Murdoch, qui passera de près de 30% à 36%.

M. Murdoch, 75 ans, nourrit depuis longtemps l'ambition de léguer sa compagnie de dimension planétaire à l'un de ses six enfants.

Son fils Lachlan, qui a démissionné de la compagnie l'an dernier, fait partie du conseil d'administration de News Corp. James, un autre de ses autres fils, est chef de la direction de BSkyB, le diffuseur britannique par satellite contrôlé par News Corp.

Par ailleurs, cette transaction permet à M. Malone d'atteindre plusieurs objectifs financiers et stratégiques, notamment en récupérant son importante participation non opérante dans News Corp. sans avoir à payer d'impôts.