L'offre d'achat de 38,1 G$ US présentée, jeudi, par l'anglo-australienne Rio Tinto pour le géant canadien de l'aluminium Alcan (T.AL) est accueillie avec un optimisme prudent par les dirigeants politiques du Québec et du Canada, ainsi que par les représentants syndicaux.

L'offre d'achat de 38,1 G$ US présentée, jeudi, par l'anglo-australienne Rio Tinto pour le géant canadien de l'aluminium Alcan [[|ticker sym='T.AL'|]] est accueillie avec un optimisme prudent par les dirigeants politiques du Québec et du Canada, ainsi que par les représentants syndicaux.

Le ministre québécois du Développement économique, Raymond Bachand, a indiqué que son gouvernement allait s'assurer que les intérêts des Québécois soient protégés.

M. Bachand a rappelé qu'une convention de continuité d'une durée de plus de 35 ans a été signée, l'an dernier, entre Alcan et le gouvernement du Québec. Ce document de dix pages contient une vingtaine de clauses dont le maintien d'un siège social au Québec et la réalisation, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, du projet d'investissement qui générerait 2500 emplois directs et indirects.

Le ministre Bachand a refusé de comparer les offres déposées par Alcoa et Rio Tinto, affirmant que seule la plus récente avait été présentée à son gouvernement.

«Rio Tinto nous transmet, ce matin, en disant, «Nous avons conclu l'entente, nous allons respecter tous les éléments de l'entente, les investissements, protéger les (emplois) au Lac-Saint-Jean, le siège social», et même ils en ont rajouté un peu, a dit M. Bachand. Je n'ai aucune raison de douter de leur bonne foi. Aucune.»

Celui qui est aussi ministre responsable de la région de Montréal a avoué que le gouvernement québécois devra signer des conventions de continuité dans d'autres secteurs afin de protéger les entreprises d'ici d'éventuelles prises de contrôle étrangères.

Du côté d'Ottawa, le ministre responsable de la région de Montréal, Michael Fortier, indique que les autorités canadiennes analyseront la transaction, peu importe l'acheteur, mais qu'à terme, ce sont les actionnaires qui ont le dernier mot.

Le ministre de l'Industrie, Maxime Bernier, a refusé de commenter la transaction, tout comme le Bloc québécois.

Marcel Proulx, le porte-parole du Parti libéral du Canada pour le Développement économique des régions du Québec, voit de son côté d'un bon oeil la transaction annoncée.

«Je ne pense pas que les conséquences soient néfastes ou que ça soit négatif pour les travailleurs, a-t-il lancé. Au contraire, il y aura peut-être une croissance de l'activité, qui pourrait éventuellement créer d'autres emplois.»

Il croit aussi qu'Alcan a besoin d'une telle transaction pour continuer à progresser et que son acquisition pourra donc lui être bénéfique.

«Il ne semble pas y avoir d'intention de fermer, de réduire les effectifs, au contraire, a dit M. Proulx. On va être aux aguets pour s'assurer qu'ils (Rio Tinto) ne réduisent pas les activités et même pour qu'ils les augmentent.»

Le lieutenant du Nouveau Parti démocratique au Québec, Thomas Mulcair, s'est dit moins inquiet face à cette transaction que face à la tentative de prise de contrôle hostile d'Alcoa.

«Ce n'est pas agressif comme avec Alcoa (et) le siège social reste à Montréal, qui aura peut-être davantage d'emplois, a-t-il déclaré. Dans la transaction avec Alcoa, ce n'était pas juste entreprise qui allait être vendue, mais aussi le siège social et tout le contrôle qui nous échappait. Cette fois-ci, c'est différent.»

Il a promis que son parti gardera «un oeil très attentif sur les détails».

«On veut être certain que ça n'achoppera pas, surtout pour le secteur de l'emballage, qui va être vendu. Mais pour l'instant, il n'y a pas d'indications qu'il y aura des pertes d'emplois», a ajouté M. Mulcair.

De leur côté, les travailleurs d'Alcan se montrent prudents devant l'annonce de l'achat d'Alcan par la société Rio Tinto.

Le président du Syndicat national des employés de l'aluminium d'Arvida, à Saguenay, Claude Patry, dit que les travailleurs s'inquiètent quant à la tournure que prendront les relations de travail avec le nouvel employeur et au maintien du climat de confiance que les parties avaient établi au fil des ans.