Alors que l'effondrement du viaduc de la Concorde, à Laval, force le gouvernement du Québec à s'interroger sur l'état et la durabilité de ces constructions, Pultrall, une PME de Thetford Mines, fabrique un produit qui élimine la principale cause de détérioration des infrastructures de béton armé en plus de les rendre quatre fois plus résistantes.

Alors que l'effondrement du viaduc de la Concorde, à Laval, force le gouvernement du Québec à s'interroger sur l'état et la durabilité de ces constructions, Pultrall, une PME de Thetford Mines, fabrique un produit qui élimine la principale cause de détérioration des infrastructures de béton armé en plus de les rendre quatre fois plus résistantes.

"Les événements de la fin de semaine sont très tristes et, de notre côté, il faut être prudents car on ne connaît pas encore la cause de ce qui s'est passé. Cependant, ce qu'on sait, c'est que la principale cause de détérioration des infrastructures au Québec est la corrosion", explique M. Marc-André Drouin, ingénieur et directeur du secteur construction chez Pultrall.

Dans les structures de béton armé, comme les ponts et les viaducs, la corrosion, causée entre autres par le sel de déglaçage projeté sur le béton au passage des automobiles, amène les tiges de métal qui forment l'armature à prendre de l'expansion et à exercer une forte pression sur le béton, un phénomène physique tellement fort que le béton se fissure. "Une fois le béton fissuré, l'eau y pénètre, gèle et prend à son tour de l'expansion, agrandissant la fissure", poursuit M. Drouin.

La tige en composite V-Rod, mise au point par Pultrall, vient régler le problème en remplaçant l'acier dans le béton armé. Non seulement ne subit-elle pas la corrosion, mais elle rend le béton armé deux fois plus résistant que l'acier. "Comme on utilise normalement deux fois plus de V-Rod que de tiges d'acier pour obtenir la même rigidité dans le béton armé, un pont armé aux V-Rod devient donc presque quatre fois plus résistant", poursuit M. Drouin.

Avec ce produit dont il est le seul fabricant au Canada et qui compte pour le sixième de sa production, Pultrall a déjà réalisé de nombreux ponts et infrastructures dans l'Ouest Canadien.

Au Québec cependant, aucun projet de pont ou de viaduc ne lui a été confié en 2006 après quelques projets de démonstration réalisés en collaboration avec des universités, comme par exemple le viaduc sur l'autoroute 20 à Val-Alain.

"La faisabilité technique de la V-Rod est prouvée, alors on ne comprend pas pourquoi nous n'avons pas plus de projets au Québec comparativement à l'Ouest. Peut-être que les ingénieurs civils sont un peu plus conservateurs et veulent y aller de façon graduelle", poursuit M. Drouin, qui signale que son usine pourrait facilement doubler, voire même tripler sa production si la demande de V-Rod augmentait.

Le prix des tiges V-Rod pourrait être un facteur puisque le coût initial d'une armature en V-Rod est plus élevé que celui de presque tous les autres types d'armatures.

"Toutefois, des études prouvent que pour une durée de vie de 100 ans, en incluant les coûts d'entretien, de rénovation et de démolition, la V-Rod est plus avantageuse car elle amène des dépenses de 15 % à 30 % moins élevées que les autres types d'armature", explique-t-il.

Comme le Canada compte environ 30 000 ponts et viaducs avec tablier de béton dont 14 % devront être refaits à court terme et 46 % ces dix prochaines années pour des coûts estimés de 25 à 30 milliards $, M. Drouin croit donc que le jeu en vaut la chandelle.

"Il faut des gens prêts à regarder la durabilité à long terme du produit pour voir que c'est avantageux mais, dans la situation actuelle, avons-nous vraiment les moyens de ne pas utiliser cette nouvelle technologie dans les armatures de béton de nos infrastructures ?" se demande-t-il en terminant.

Invité à commenter sur le sujet, le ministère des Transports n'avait pas retourné les appels du Soleil en soirée hier.

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