Les fiducies n'ont pas fini de donner des haut-le-coeur aux investisseurs. Mais aussi de belles occasions d'achat...

Les fiducies n'ont pas fini de donner des haut-le-coeur aux investisseurs. Mais aussi de belles occasions d'achat...

Au début de la semaine, les fiducies ont perdu 5% de leur valeur, creusant à 14% leur perte depuis le 31 octobre. C'est ce jour-là que le ministre des Finances, Jim Flaherty, a annoncé que les fiducies seraient imposées de la même façon que les entreprises. Fini le bonbon fiscal. Sauf pour les fiducies existantes qui bénéficient d'une période de grâce de quatre ans.

Au lendemain de ce "cadeau d'Halloween", les titres ont flanché, pour ensuite se ressaisir un peu. Mais cette semaine, ils ont subi une deuxième onde de choc.

" Certains investisseurs privés ont reçu leur relevé de compte et ils ont réalisé qu'ils avaient 30% de leur portefeuille en fiducies. Cela a créé une panique à retardement ", estime Jean-Paul Giacometti, gestionnaire de portefeuille chez Claret gestion d'actifs.

En outre, il reste bien de l'incertitude par rapport à la décision du gouvernement fédéral. "Beaucoup d'hypothèses circulent. Il y a encore une volatilité importante dans les fiducies", ajoute M. Giacometti.

Par exemple, les fiducies existantes auront-elles droit de se financer en émettant de nouvelles unités à la Bourse, d'ici quatre ans? Présentement, la réponse est non. "Mais dans le secteur du pétrole et du gaz, les exploitants ont besoin de se financer régulièrement pour acheter de nouveaux actifs, afin de remplacer ceux qui sont épuisés", explique M. Giacometti.

Alors, cer tains estiment qu'on leur accordera la permission d'émettre de nouvelles unités, jusqu'à concurrence de 15% de la valeur de la fiducie. Trop peu, rétorquent d'autres. Des spéculations qui pèsent sur les titres à la Bourse.

Mais au milieu de la semaine, d'autres rumeurs ont fait rebondir les fiducies. Un sénateur libéral a laissé filtrer que si les libéraux reprenaient le pouvoir, les fiducies auraient la vie un peu moins dure. Il a même évoqué la mise en place d'une clause orphelin qui permettraient aux fiducies existantes de conserver leur avantage fiscal. Rumeur, rumeur...

"C'est durant ces périodes d'incertitude qu'on trouve les plus belles occasions de placement. Pas lorsque tout va bien", signale M. Giacometti. Décoiffées par le vent de panique, certaines fiducies sont même de belles aubaines.

"Ce sont des compagnies opérantes qui subiront une ponction du tiers de leurs profits dans quatre ans", dit-il. Suffit de refaire ses calculs.

M. Giacomet ti pointe le titre du petit fabricant de laine minérale OFI. Son titre se s'échange à un ratio de 11 fois ses profits pleinement imposés (Cela tient compte que l'entreprise devrait payer de l'impôt dès aujourd'hui, ce qui n'est pas le cas). Pas cher. Et le titre verse une distribution de presque 15%.

Même constat pour l'exploitant de salons funéraires Keystone qui verse une distribution de 14%. "Si, demain matin, on devait payer de l'impôt, le titre se négocierait à 12 fois ses profits", dit M. Giacometti. Il s'agit d'une entreprise stable dirigée par des gestionnaires aguerris.

Le gestionnaire cite aussi le titre de Parkland, un petit réseau de dépanneurs de l'Ouest canadien. Le titre a plongé de 26% le matin suivant l'annonce du fédéral. Ce moment de faiblesse n'a duré que quelques heures. Depuis, le titre a presque tout récupéré. Mais il demeure attrayant. Dommage pour les investisseurs qui ont largué le titre dans un instant de panique!

Mais ce n'est pas le pire exemple de mauvaise décision inspirée pas la panique. Voyez plutôt : au moment de l'annonce du fédéral, les investisseurs savaient que la fiducie Atlas Cold Storage était en voie d'être achetée à 7,50$ l'unité. L'affaire était conclue, mais la transaction n'était pas encore complétée. À la Bourse, le titre s'était stabilisé à ce niveau depuis plusieurs jours. Cela n'a pas empêché des actionnaires déboussolés de s'en départir à 6,70$ le 1 er novembre. Il vaut toujours mieux garder la tête froide!

C'est durant ces périodes d'incertitude qu'on trouve les plus belles occasions de placement. Mais c'est aussi durant les périodes de volatilité intense qu'il est le plus difficile d'agir.

JEAN-PAUL GIACOMETTI

Gestionnaire de portefeuille chez Claret gestion d'actifs