Des maisons qui se vendent en une demi-heure. Dix-neuf offres d'achat pour la même résidence, vendue en une journée. En 20 ans dans l'immobilier, Serge Brousseau n'avait jamais vu de choses pareilles.

Des maisons qui se vendent en une demi-heure. Dix-neuf offres d'achat pour la même résidence, vendue en une journée. En 20 ans dans l'immobilier, Serge Brousseau n'avait jamais vu de choses pareilles.

"Dans une transaction sur trois, le vendeur obtenait le prix demandé ou plus que ce qu'il demandait", souligne le grand patron de ReMax du Cartier. C'était en 2004 et la période folle du marché immobilier tirait à sa fin.

"Ç'a été deux années extraordinaires, dit Serge Brousseau, qui se souvient notamment d'une maison d'Outremont mise en vente à 699000$ et vendue la même journée à 785000$. Mais ça ne pouvait pas se maintenir comme ça longtemps."

Selon l'analyste David L'Heureux, de la Société canadienne d'habitation et de logement (SCHL), le cycle haussier du marché immobilier a commencé en 1997. Depuis 10 ans, le prix des maisons a connu une ascension fulgurante, avec des pointes annuelles de 15 à 20%.

L'ampleur des hausses a varié d'un quartier à l'autre et d'une région à l'autre, mais le prix des maisons a augmenté sensiblement partout au Québec au cours de la dernière décennie. À cause des emplois et des taux d'intérêt bas, car c'est tout ce dont le secteur immobilier a besoin pour croître, rappelle David L'Heureux.

Au cours des 10 dernières années, les taux hypothécaires ont baissé jusqu'à atteindre atteint leur niveau le plus bas de l'après-guerre au début de 2004, à 4,30% (un an). Pendant la même période, l'économie créait des emplois à bon rythme, et le taux de chômage a baissé. Entre 2003 et 2006, celui-ci est passé de 10% à 7,7% au Québec.

Les conditions étaient donc réunies pour favoriser l'accession à la propriété, surtout dans les centres urbains où les locataires sont plus nombreux. À Montréal, par exemple, seulement 36% des ménages étaient propriétaires de leur logement en 2001, contre 58% en moyenne au Québec.

La demande a fait grimper les prix, à un point tel que le prix moyen d'une maison unifamiliale a doublé entre 1997 et 2006 à Montréal, selon les données de la SCHL. (voir tableau).

Vers un refroidissement?

Cette hausse de prix, conjuguée à l'augmentation prévisible des taux hypothécaires après le creux du premier trimestre 2004, laisse présager un refroidissement du marché immobilier. À voir pousser les pancartes à vendre sur les pelouses, on peut croire en effet que la fin du cycle haussier est proche.

Rien de tel ne s'est encore produit, selon les spécialistes interrogés par La Presse Affaires. À Montréal, on se dirige vers une autre année record quant au nombre de ventes de maisons en 2006.

"Les taux ont augmenté, mais les maisons se vendent encore très bien. Il y a plus de propriétés sur le marché et elles se vendent moins vite, mais le nombre de transactions s'accroîtra encore cette année", dit David L'Heureux, analyste du marché de Montréal pour la SCHL.

À Québec, son collègue Jean-François Dion, affiche le même optimisme. "L'économie locale est dynamique et parce qu'elle est concentrée dans les services, elle souffre moins de l'impact de la hausse du dollar sur le secteur manufacturier", explique-t-il.

Le marché de Québec est toujours favorable aux vendeurs, selon lui, notamment pour les maisons unifamiliales où la demande dépasse encore l'offre. Le marché des appartements en copropriété est rendu à l'équilibre, ce qui n'empêche pas des projets comme celui du Georges V, près du parlement, de se vendre bien malgré un prix d'un million de dollars l'unité.

À Sherbrooke, l'analyste Hélène Dauphinais souligne elle aussi que le prix des maisons augmente moins vite. "Depuis trois ans, la hausse de prix pour les maisons unifamiliales a été de 40%, dit-elle, et cette année, on prévoit une augmentation en bas de 10%."

À Montréal, en 2006, la croissance du prix des maisons devrait être de 8% et de 5% en 2007. Même si les taux d'intérêt restent bas et que l'économie se porte bien, les prix de plus en plus élevés pour accéder à la propriété freineront le marché, estime Serge Brousseau, de ReMax.

10 ANS DE HAUSSES CONTINUESPRIX MOYEN D'UNEMAISON UNIFAMILIALE

1997 > 2006

Montréal 117 555 > 234 187 +99%

Québec 98 551 > 173 629 +76%

Trois-Rivières 75 145 > 114 965 +53%

Sherbrooke* 93 156 > 161 153 +73%

* depuis 2000

Source: SCHL