Classique des classiques québécois, l'exploitation du fer brille par sa stabilité dans un secteur minier autrement volatile. Portrait d'une industrie d'âge mûr et à la santé... de fer.

Classique des classiques québécois, l'exploitation du fer brille par sa stabilité dans un secteur minier autrement volatile. Portrait d'une industrie d'âge mûr et à la santé... de fer.

«Le fer sur la Côte-Nord, c'est la longévité!», s'exclame André Lavoie, directeur des communications à l'Association minière du Québec.

Dans une industrie où l'espérance de vie d'une mine est de 17 ans, les mines des compagnies IOC, Québec Cartier (QCM) et Wabush continuent de produire à pleine capacité après plus de 40 ans d'activité. Cette année, QCM célèbre d'ailleurs les 50 ans d'exploitation de son gisement du Mont Wright près de Fermont.

Durant cette période faste, les trois principales sociétés ferrugineuses du Québec ont fait de Sept-Îles, le troisième plus grand port au Canada. Et le développement économique ne s'arrête pas là: ce sont les besoins de transport de cette matière première qui ont motivé la construction de la voie maritime du Saint-Laurent dans les années 50, explique Michel Filion, directeur des communications de la compagnie minière IOC.

«Aujourd'hui, 25 % de son usage provient encore du transport du fer vers les grands lacs», ajoute-t-il.

Et les meilleurs jours sont peut-être à venir pour cette industrie. En 2005 seulement, le prix de la tonne de fer a grimpé de 70 % après 10 années de calme plat sur les marchés financiers. Et sa valeur continue toujours de croître grâce à une demande exceptionnelle d'acier dans les pays en voie de développement.

Devant une telle conjoncture, plusieurs projets, abandonnés dans les années 70, sont actuellement en réévaluation. Le principal se situe au lac Bloom près de Fermont, et est actuellement étudié par la minière Consolidated Thompson. La mine pourrait voir le jour d'ici 2008 et ajouter sept millions de tonnes supplémentaires de minerai aux 33 millions extraites actuellement dans la fosse du Labrador.

Malgré son importance dans l'économie locale, le fer du Québec ne pèse pas lourd dans la balance de la production mondiale dominée par le Brésil, l'Australie et la Chine. Avec à peine 2 % du marché, le fer de la Côte-Nord ne possède aucune influence sur le prix de cette commodité.

Qui plus est, les coûts de production du minerai canadien sont nettement plus élevés que leurs principaux rivaux internationaux, révèle une étude de Citigroup Investment Resources fournie par IOC. Le Brésil, par exemple, produit la même tonne pour trois fois moins.

L'industrie québécoise doit alors miser sur la très grande qualité de ses boulettes de fer et viser des marchés spécialisés, comme la production d'acier de structures et de rails de chemins de fer, explique Michel Filion. Une tâche dont elle s'est toujours acquittée avec succès.

La crise de la cinquantaine

Tant chez QCM que chez IOC, les réserves colossales de leurs gisements respectifs, l'un à Fermont, l'autre à Labrador City, pourraient bien durer encore 50 autres années.

Mais, outre la concurrence mondiale féroce, d'autres obstacles, à court terme, pourraient empêcher ces minières de réaliser leur plein potentiel. Les deux entreprises font actuellement face à une pénurie dans une ressource bien plus rare que le minerai de fer : la main-d'oeuvre qualifiée.

Chez QCM, 600 des 2000 employés de la compagnie prendront leur retraite d'ici trois ans et doivent être remplacés immédiatement. Pour réaliser cette petite séduction, la société s'est associée à Emploi Québec pour mener une campagne de recrutement dynamique.

«Il faut leur enlever l'image du travailleur à la figure sale et la lampe sur le casque, explique Alain Cauchon, directeur des ressources humaines de la minière québécoise. L'industrie minière, c'est avant tout une industrie de haute technologie.»