La flambée de la Bourse chinoise depuis un an fait craindre aux analystes un phénomène de bulle, même si la Chine est encore loin d'être dotée d'un marché des capitaux digne de sa puissance économique.

La flambée de la Bourse chinoise depuis un an fait craindre aux analystes un phénomène de bulle, même si la Chine est encore loin d'être dotée d'un marché des capitaux digne de sa puissance économique.

Après des années de déconfiture, 2006 a vu l'indice composite de la Bourse de Shanghai bondir de plus de 130%. Au dernier jour ouvrable de 2005, il clôturait à 1.161 points, au premier de 2007, il approchait 2.716 points.

Depuis, il a même exceptionnellement atteint 2.975 mercredi dernier, une hausse de 198% par rapport aux 998 points auxquels il était tombé mi-2005, son plus bas niveau en huit ans.

Les échanges, autrefois anémiques, ont également explosé, atteignant quelque 14 milliards de dollars mercredi à Shanghai, où le volume est généralement double de Shenzhen. Plus très loin de Tokyo qui, en 2005, a enregistré en moyenne plus de 16,5 milliards de volume d'affaires par jour ouvrable.

Toujours faible, la capitalisation boursière a néanmoins plus que doublé en 2006, à 830 milliards en novembre, selon Chine Nouvelle.

Cette hausse prodigieuse a entraîné une ruée sur les comptes-bourse : environ 90.000 ouverts chaque jour, contre quelque 2.700 en janvier 2006, selon la Société chinoise de dépôts et compensation (CSDCC).

Quelque 81 millions de comptes étaient recensés à la date de mercredi, indique le site de la CSDCC.

Dans un pays où la surliquidité abonde, énormément d'argent chasse les opportunités d'investissements, quitte à acquérir des actions surévaluées.

«Il est possible qu'une bulle se crée. D'autant que les mesures pour l'immobilier ont entraîné le transfert de beaucoup d'argent vers le marché des actions», explique Jason Chang de Standard Chartered.

Devant ce phénomène, le patron de la Commission de régulation boursière Shang Fulin a implicitement appelé cette semaine à la prudence.

«Les changements positifs sur le marché sont uniquement un début et sont temporaires ; les facteurs internes et externes empêchant son développement sain n'ont pas fondamentalement changé. Les bases pour un marché stable sur le long terme ne sont pas encore solides», a-t-il dit.

Le gouvernement entend notamment renforcer les règles comptables des entreprises cotées.

Dans le China Securities Journal, vendredi, le directeur de l'Autorité de supervision des actifs de l'Etat, Li Rongrong, a aussi annoncé un renforcement du contrôle des opérations de Bourse des entreprises publiques, celles-ci .

Le jour même, les marchés finissaient la matinée en baisse, avec à Shanghai un indice à 2,776 points.

Cependant, le gouvernement ne semble pas prêt à prendre des mesures drastiques qui chahuteraient trop des Bourses qu'il a tout fait pour revitaliser, au point que certains le soupçonnent d'avoir contribué au retour d'engouement, via des achats massifs par des fonds d'investissements.

«Peu de gens ont à se plaindre de la hausse. Le gouvernement est donc peu motivé pour prendre des mesures sévères. Mais il s'inquiète d'un mouvement trop brutal qui pourrait être suivi d'une dégringolade», souligne l'économiste Andy Xie.

Les investisseurs eux n'y croient pas. Selon un sondage du China Daily, plus de 53% d'entre eux voient les Bourses domestiques parties pour dix années florissantes.

Également optimistes, mais plus prudents, les analystes parlent souvent en «mois».

«Pour les douze mois, nous voyons le marché très haussier, car les fondamentaux sont forts et s'améliorent», estime Ma Jun de la Deutsche Bank.

Mais l'économiste n'exclut pas non plus «une correction significative dans 2-4 mois» si des mesures monétaires étaient assorties d'actions de régulation du marché.