À la fin de 2003, Roger McNamee, un investisseur de Silicon Valley, a reçu un coup de fil de la vedette rock Bono qui voulait lui soumettre une proposition.

À la fin de 2003, Roger McNamee, un investisseur de Silicon Valley, a reçu un coup de fil de la vedette rock Bono qui voulait lui soumettre une proposition.

Le chanteur du groupe U2, qui avait déjà demandé des conseils d'affaires à M. McNamee, avait une idée pour investir dans l'industrie du divertissement, explique M. McNamee.

«Bono avait une brillante idée, mais il avait besoin d'un partenaire, ajoute M. McNamee. Un ami commun a alors rappelé à Bono qu'il me connaissait.»

Moins d'un an plus tard, la société Elevation Partners était créée. Cette firme de capital de risque privé de Menlo Park, en Californie, qui comprend Bono (Paul Hewson, de son vrai nom), et M. McNamee à titre de directeurs généraux, a recueilli près de 1,9 milliard $ US de plus de 50 caisses de retraite, institutions, fondations universitaires et particuliers pour son premier fonds, qui a commencé à investir en 2005.

Le jeu vidéo est ciblé

Elevation, du nom d'une chanson de U2, a dans sa mire les compagnies de médias et de divertissement susceptibles de tirer parti de la technologie, indique M. McNamee, 50 ans, un ancien analyste spécialiste des titres technologiques devenu investisseur en capital risque.

«Je cherche des secteurs où la technologie bouscule le statu quo», précise M. McNamee, bien calé dans son fauteuil de cuir bleu au milieu d'une salle de conférence abritant une machine de jeux vidéo.

Les dépenses des consommateurs et des entreprises pour de l'accès en ligne, du contenu et de la publicité augmenteront de 14,5 % à 74 milliards $ US d'ici 2009, estime Veronis Suhler Stevenson, une firme de New York qui investit dans le secteur des médias.

Elevation compte se servir de son premiers fonds pour acquérir des participations dans de 8 à 12 compagnies de jeux vidéo et de presse écrite dans une échelle de prix de 50 M$ US à 300 M$ US.

Jusqu'à présent, Elevation a effectué trois placements. En novembre 2005, la firme a mis sur pied une société de portefeuille disposant d'un capital de 300 M$ US pour ses compagnies de jeux vidéo, y compris une participation dans BioWare Corp., et Pandemic Studios, les créateurs des jeux Baldur's Gate, Mercenaries et Star Wars.

Ce même mois-là, les partenaires ont acheté 14 % de l'agence immobilière en ligne Homestore Inc. au prix de 100 M$ US. (En mai dernier, la compagnie a changé son nom en Move Inc.)

Partenaire de Steve Forbes

En août dernier, Elevation a acquis une participation minoritaire (selon un pourcentage demeuré secret) dans Forbes inc., le propriétaire du magazine Forbes, vieux de 90 ans, et de Forbes.com.

M. McNamee rejette les insinuations voulant qu'une vedette rock flamboyante comme Bono constitue un partenaire saugrenu pour Steve Forbes, un ancien candidat républicain à la présidence des États-Unis.

«Au bout du compte, on nous jugera sur le fait que nous faisons une différence ou pas, dit-il. Nous voulons que nos investissements parlent d'eux-mêmes.»

Un non-conformiste

M. McNamee a le don de trouver de bons placements dans des industries impopulaires, assure Kim Polese, PDG de la compagnie de logiciels SpikeSource.com, de Redwood City, en Californie.

«C'est un non-conformiste», explique M. Polese, qui a fait la connaissance de M. McNamee par l'intermédiaire de L. John Doerr, une associée générale de Kleiner Perkins Caufield & Byers, en 1996, lorsque madame Doerr fonda la compagnie de logiciels Marimba Inc. La société Kleiner Perkins a investi dans la firme de M. Polese.

M. McNamee, dont les cheveux bruns broussailleux retombent sur ses épaules, a entrepris sa carrière en placements en 1982 lorsqu'il a joint les rangs de T. Rowe Price à titre d'analyste des secteurs du logiciel et de l'électronique de la défense.

Il avait obtenu un MBA du Tuck School of Business du Dartmouth College, à Hanover, au New Hampshire.

Lorsqu'il travaillait chez T. Rowe Price, explique M. McNamee, il en était venu à admirer certains des grands investisseurs de capital privé de Silicon Valley comme madame Doerr. L'admiration était mutuelle.

«Roger était brillant, énergique et il possédait un formidable réseau», indique madame Doerr.

En 1990, les deux investisseurs unirent leurs efforts et créèrent Integral Capital Partners, qui fut le premier fonds à investir à la fois dans des compagnies inscrites en Bourse et dans de nouvelles entreprises ayant besoin de capital de risque privé.