L'équipementier en télécoms Alcatel-Lucent, toujours empêtré dans sa récente fusion, a annoncé mercredi 4000 nouvelles suppressions de postes, un plan de la dernière chance pour la direction qui a été aussitôt dénoncé par les syndicats.

L'équipementier en télécoms Alcatel-Lucent, toujours empêtré dans sa récente fusion, a annoncé mercredi 4000 nouvelles suppressions de postes, un plan de la dernière chance pour la direction qui a été aussitôt dénoncé par les syndicats.

Le groupe, issu de la fusion en décembre 2006 entre le français Alcatel et l'américain Lucent accuse pour le troisième trimestre une perte nette de 258 (355 M$ CAN) millions d'euros contre un bénéfice (pro forma) de 532 millions (732 M$ CAN) pour la même période l'an dernier.

En revanche, le groupe enregistre une marge brute à 34,2%, une bonne surprise pour les analystes.

Alcatel-Lucent est confronté à plusieurs problèmes. Comme les autres équipementiers européens, il fait face à la concurrence féroce des Chinois, mais il souffre aussi de difficultés spécifiques dans le téléphone mobile aux États-Unis.

Afin de redresser la barre, le groupe a décidé un «plan d'action agressif» qui prévoit notamment de nouvelles coupes dans les effectifs et une réorganisation de la direction autour de la directrice générale Patricia Russo.

Cette dernière, ainsi que le président, Serge Tchuruk, les deux principaux acteurs de la fusion, n'ont plus le droit à l'erreur après ce nouveau plan de restructuration.

D'ici 2009, 4000 emplois supplémentaires seront supprimés. Au début de l'année, le groupe avait déjà revu à la hausse le nombre de suppressions d'emplois à 12 500 (dont 1468 pour la France), contre 9000 auparavant (au moment de la discussion des modalités de la fusion).

Le plan permettra 400 millions d'économies en euros (550 M$ CAN) qui s'ajouteront au 1,7 milliard d'euros (2,34 G$ CAN) déjà prévues.

La direction a refusé de préciser la répartition géographique de ces nouvelles coupes. Elles devraient toutefois concerner les marchés où le groupe connaît le plus de difficultés, en l'occurrence les États-Unis où les opérateurs de téléphonie mobile ont réduit leurs investissements.

Alcatel-Lucent a aussi annoncé le départ du directeur financier, Jean-Pascal Beaufret. Arrivé en 1999 dans le groupe, M. Beaufret assurait cette fonction depuis 2003 et, à ce titre, a accompagné la fusion.

Un comité exécutif de sept personnes a été créé. Responsable de la direction opérationnelle du groupe, il répondra directement à Mme Russo.

L'équilibre entre Américains et Français que la direction avait jusqu'à maintenant voulu préserver n'est plus de mise. Sur les sept membres, cinq sont d'Alcatel.

Opposés à ces nouvelles réductions d'effectifs, les syndicats CGT, CFDT et CFTC ont dénoncé le refus de la direction «de changer une stratégie perdante». Ils reprochent à la direction de ne pas avoir parlé des «difficultés rencontrées dans la gouvernance de l'entreprise : équilibre ex-Alcatel/ex-Lucent, Français/Américains, haute direction discrédité».

«Les salariés européens, après une année traumatisante et un conflit social sans précédent, n'accepteront pas une seule suppression d'emploi supplémentaire en France et dans l'UE», a prévenu la CFE-CGC, qui exige une «stratégie plus forte».

«Les résultats de ce trimestre sont en ligne avec les informations fournies le 13 septembre, voire légèrement meilleurs dans certains domaines, mais ils ne sont toujours pas à un niveau satisfaisant», a reconnu Mme Russo.

Le 13 septembre, le groupe avait lancé son troisième avertissement sur résultats depuis le début de l'année, revoyant à la baisse sa croissance pour 2007. Mercredi, Alacatel-Lucent a confirmé qu'il prévoyait une croissance «à peu près nulle» des ses revenus de cette année. Il y a quelques mois, le groupe tablait sur une croissance d'environ 5%.