Un cinquième incident en moins de deux mois impliquant un appareil Q400 conçu par Bombardier (T.BBD.B) s'est produit samedi.

Un cinquième incident en moins de deux mois impliquant un appareil Q400 conçu par Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] s'est produit samedi.

Un avion de la Scandinavian Airlines System (SAS) a dû se poser d'urgence en raison d'un problème avec le train d'atterrissage avant.

Cet accident tombe au plus mal pour le constructeur canadien qui espère signer deux importants contrats de vente de cet appareil.

Parti de Bergen, en Norvège, le vol SK 2687, transportant une quarantaine de passagers, a atterri d'urgence à l'aéroport Kastrup de Copenhague à 16h55, heure locale.

L'avion a terminé sa course sur son fuselage, couché sur le flanc droit.

Le train d'atterrissage s'est détaché au moment de toucher le sol. L'incident n'a fait aucun blessé chez les passagers et les membres de l'équipage.

Dans un communiqué, le transporteur SAS a annoncé qu'il maintenait au sol pour une durée indéterminée ses 27 avions à turbopropulseurs.

Ces appareils avaient subi le même sort, en septembre, à la suite d'un accident impliquant un autre appareil Q400 construit par Bombardier.

Alors que le constructeur canadien demandait à ce que les trains d'atterrissage de ses modèles Q400 soient passés au peigne fin, un rapport de SAS révélait que la corrosion dans un piston du train d'atterrissage était à l'origine du problème

Joint par La Presse samedi soir, un porte-parole de Bombardier a assuré que l'incident d'hier n'était pas de la même nature que ceux connus au cours des dernières semaines.

«Selon les premières analyses de SAS, il ne s'agit pas du même problème», dit Marc Duchesne, conseiller en communications chez Bombardier.

Une enquête permettra d'établir ce qui a pu empêcher cette fois le train d'atterrissage de se déployer.

Un avis d'urgence a toutefois été envoyé à toutes les compagnies propriétaires de ce type d'appareil.

«C'est un accident regrettable, dit Marc Duchesne. Nous sommes toutefois soulagés d'apprendre qu'il n'y a eu aucun blessé lors de l'atterrissage.»

«Ces notes de service sont graves, dit Daniel Adams, analyste en aéronautique. Lorsque vous recevez cela, c'est très sérieux.»

Daniel Adams reconnaît que ce type de défectuosité est difficile à cerner.

«Bombardier fait affaire avec des sous-contractants, dit-il. Ça complique les choses.»

En effet, à la fin du mois de septembre, Bombardier précisait que Goodrich fabriquait les trains d'atterrissage du Q400.

«Depuis le premier accident, Bombardier a tenté de trouver le problème, dit Daniel Adams. Là, on doit le régler. La compagnie est dans une situation très délicate.»

Cet accident est le cinquième en deux mois impliquant un appareil Q400. Le 9 septembre, un Q400 de SAS, avec 73 passagers à son bord, a pris feu après un atterrissage difficile à l'aéroport d'Aalborg, au Danemark.

Son train d'atterrissage s'est brisé au contact du tarmac. L'accident n'a fait que quelques blessés légers.

Le 12 septembre, le même type d'appareil, toujours de SAS, a atterri en catastrophe à l'aéroport de Vilnius, en Lituanie. Selon un passager, un moteur se serait arrêté et une roue aurait éclaté. Personne n'a été blessé parmi les 52 passagers.

Le 21 septembre, un Q400 de la compagnie Augsburg Airways transportant 64 passagers a atterri sur le nez à l'aéroport de Munich alors que le train avant ne se déployait pas.

Finalement, le 10 octobre, un autre Q400 de SAS, qui avait décollé de Copenhague, a dû faire demi-tour pour se poser à son point de départ. Le train avant d'atterrissage refusait de se refermer.

Utilisé pour effectuer des liaisons régionales, le Q400 a connu d'autres ennuis techniques. Entre 2003 et le début de 2006, deux transporteurs japonais, All Nippon Airways (ANA) et Japan Air Commuter, ont signalé 77 incidents liés au train d'atterrissage avant de leurs appareils Q400.

«N'en demeure pas moins que c'est un formidable appareil, dit Daniel Adams. Il génère beaucoup d'efficacité. Son coût d'opération est minime.»

Mauvais moment

L'incident d'hier arrive à un très mauvais moment pour Bombardier, qui venait d'annoncer il y a quelques jours qu'un nouveau client européen, dont l'identité ne peut être dévoilé pour l'instant, venait de passer une commande de 10 appareils Q400 totalisant 267 millions de dollars. Cette commande suit de près celle qui est présentement négociée avec la compagnie Qantas. Le transporteur australien a passé la commande de 12 appareils du même type.

Chez Bombardier, on refuse de dire si l'accident d'hier nuira aux discussions commerciales en cours. "La commande de Qantas est ferme. La seconde est en négociation", s'est contenté de dire Marc Duchesne.

"C'est sûr qu'une situation comme celle-là a des répercussion énormes sur une telle négociation, dit Daniel Adams. On y pense à deux fois avant de faire ce type d'acquisition. Est-ce que la crédibilité de Bombardier sera affectée? Je ne sais pas. La fiabilité demeure encore."

Pour sa part, la société SAS, qui a perdu beaucoup d'argent en clouant au sol pendant quelques jours ses appareils, réclame une compensation financière de 77 millions de dollars à Bombardier. M. Duchesne a indiqué que les discussions se poursuivaient entre Bombardier, SAS et leurs assureurs respectifs.