Grosses turbulences en Bourse, pour une deuxième fois cette semaine, alors que s'amplifient les inquiétudes concernant le secteur du crédit aux États-Unis.

Grosses turbulences en Bourse, pour une deuxième fois cette semaine, alors que s'amplifient les inquiétudes concernant le secteur du crédit aux États-Unis.

Au point où les principaux indices de New York et Toronto ont reculé parfois jusqu'à 3% hier, avant de se redresser un peu en fin de séance.

À New York, le Dow Jones et le S&P500 ont terminé en baisse de 2,3%, avec des reculs respectifs de 311 et de 35 points.

C'était leur pire perte journalière, en points, depuis le début de l'année.

À la Bourse de Toronto, l'indice S&P/TSX a terminé en baisse de 1,85%, ou 260 points, à 13 844. Mardi, l'indice torontois avait reculé de 400 points.

Jeudi, les trois quarts des titres cotés à Toronto étaient en baisse. Les entreprises de ressources, d'énergie et de services financiers ont été les plus affectées.

De l'autre côté de l'Atlantique, les principaux indices boursiers d'Europe avaient aussi subi de fortes rechutes de 2 ou 3% de leur valeur. À Londres, l'indice FTSE-100 a subi sa pire baisse journalière depuis quatre ans.

«Ce sont de grosses secousses à court terme, qui trahissent la nervosité des investisseurs. Je m'attends à ce que ça dure un à deux mois», a commenté Keith Summers, stratège de placements chez Assante Wealth Management, à Toronto.

Pour ce qui est des résultats nets de ces fluctuations, à moyen terme, ils sont «sans doute limités, avec les principaux indices de New York et de Toronto légèrement sous leurs niveaux actuels, selon M. Summers. Car les facteurs économiques aux États-Unis et ailleurs dans le monde demeurent relativement favorables. Et les profits des entreprises sont encore bons».

Qu'importe, les investisseurs boursiers sont confrontés à une «période de stress et d'anxiété», selon Joseph Quinlan, stratège principal à la division boursière de la Bank of America, à New York.

Il montre du doigt «la réévaluation globale du risque des marchés boursiers, alors que le coût du crédit augmente».

Aux États-Unis surtout, où s'amplifie la crise de confiance envers l'énorme marché des prêts dits «à risque» (subprime).

Il s'agit d'un marché de centaines de milliards US prêtés à des entreprises et des particuliers, malgré leur cote de crédit inférieure aux normes.

Par ailleurs, la hausse généralisée du coût de crédit pourrait neutraliser la vague de fusions et acquisitions d'entreprises.

Cette vague vient de passer le seuil des 3000 milliards US cette année seulement, au niveau mondial.

Et on lui attribue une bonne partie de l'élan spéculatif en Bourse, ces derniers mois. Cet élan fut particulièrement ressenti à la Bourse de Toronto, des suites de méga transactions comme celles de BCE-Bell Canada et d'Alcan.

«Quand les marchés financiers resserrent les conditions de crédit, comme on le voit ces temps-ci, les possibilités que d'autres entreprises soient achetées à gros prix s'atrophient considérablement», souligne Richard Bernstein, stratège en chef chez Merrill Lynch, à New York, dans une note à ses clients-investisseurs.

Quant à l'ampleur de ce repli boursier, à moyen terme, les avis des spécialistes divergent.

Certains s'attendent à un recul minime, mais après plusieurs semaines de replis et de rebonds parfois prononcés.

Selon Keith Summers, de la firme Assante à Toronto, les replis pourraient être des occasions d'investissement additionnels à meilleur prix.

Mais pour d'autres professionnels de la Bourse, les principaux indices pourraient devoir reculer d'au moins 5%, peut-être 10% à court terme, avant de retrouver un «niveau de soutien».

Dans ce cas, des facteurs plus spécifiques à chaque marché seront à surveiller.

À Toronto, l'indice S&P/TSX demeure plus vulnérable à la spéculation envers les fusions et acquisitions d'entreprises, de même que les fluctuations des prix des matières premières, encore à des niveaux records.

À Wall Street, c'est l'ampleur des pertes dans le marché des prêts et hypothèques à risque qui pourrait peser lourd sur la Bourse américaine.

De même que la gravité de la récession de l'immobilier résidentiel aux États-Unis. Car jusqu'à récemment, l'essor de ce secteur a fortement influencé les dépenses de consommation des Américains.