En 2006, Montréal a connu sa meilleure année en matière de création d'emplois. Mais la métropole est victime de son succès.

En 2006, Montréal a connu sa meilleure année en matière de création d'emplois. Mais la métropole est victime de son succès.

Cette année, le Mouvement Desjardins prévoit 4000 nouveaux emplois de moins dans une économie axée sur les services qui ne tente plus de rivaliser avec les marchés émergents dans le secteur manufacturier.

Au total, 19 900 nouveaux emplois l'an dernier. L'économie montréalaise n'avait pas connu un party aussi arrosé depuis cinq ans. Mais le lendemain de veille risque d'être pénible.

Le Mouvement Desjardins prévoit la création de 4000 emplois de moins à Montréal en 2007. «Il faut digérer la création d'emplois de 2006, dit l'économiste Louis Gagnon. L'année 2007 sera une période d'accalmie, mais c'est loin d'être une catastrophe. C'est seulement un ajustement.»

«La même situation s'était produite en 2003, poursuit-il. Après les 22 000 nouveaux emplois en 2002, Montréal n'en avait produit que la moitié l'année suivante. On est loin d'une atmosphère défaitiste car il y aura ensuite une reprise importante en 2008 et 2009.»

Même si les chiffres de 2006 sur le marché de l'emploi seront difficiles à battre - voire inatteignables -, la Ville de Montréal se dit encouragée par les prévisions de croissance économique du Conference Board du Canada pour la métropole.

En avril dernier, elles ont été révisées à la hausse de 2,5% à 2,6% pour 2007 et de 2,8% à 3,0% pour 2008.

«Nous sommes optimistes car nous croyons que tous les morceaux vont tomber en place pour Montréal en 2007», dit Alain DeSousa, membre du comité exécutif de la Ville de Montréal.

En 2006, Desjardins prédisait la création de 12 000 emplois à Montréal - 7900 emplois de moins que le compte final, mais Desjardins ne tenait pas compte des banlieusards qui travaillent à Montréal. Cette année,

Desjardins prévoit 8000 nouveaux emplois pour les Montréalais et 24 000 nouveaux emplois en banlieue de Montréal (Laurentides, Lanaudière et Montérégie). «Environ 40% des nouveaux emplois des banlieusards sont toutefois des emplois à Montréal», précise Louis Gagnon.

En additionnant les nouveaux emplois des Montréalais et des banlieusards travaillant à Montréal, Desjardins arrive à 2000 emplois de moins à Montréal en 2007. Les Montréalais qui travaillent en banlieue n'ont pas été comptabilisés dans l'équation.

Une économie de services

Plus que jamais, Montréal est une économie de services. Selon la Ville de Montréal, 36 200 emplois ont été créés dans ce secteur en 2006, une hausse de 4,9%.

À elle seule, l'industrie de la finance, des assurances et de l'immobilier a créé 8200 emplois. Il s'agit d'une hausse de 13,8%, la plus forte de tous les secteurs répertoriés par la Ville de Montréal.

La situation n'est pas aussi rose dans le secteur manufacturier et de la production de biens, qui a perdu 16 300 emplois en 2006, une baisse de 9,2%.

«Le secteur des services a permis de compenser les emplois perdus dans le secteur manufacturier», résume Louis Gagnon.

La tendance risque de se maintenir en 2007, prévoit l'économiste du Mouvement Desjardins.

«Le secteur manufacturier devra continuer de s'ajuster, dit M. Gagnon. Il a déjà été très ébranlé l'an dernier et les entreprises manufacturières doivent maintenant s'ajuster à la hausse du dollar canadien.»

«La chance de Montréal, c'est d'avoir une économie très diversifiée», dit Joëlle Noreau, une autre économiste du Mouvement Desjardins.

La Ville de Montréal ne s'en cache pas: elle veut miser sur les sciences de la vie, l'aéronautique et l'informatique plutôt que de se battre pour sauver ses emplois dans le secteur manufacturier.

«Nous voyons l'impact des pays émergents, dit Alain DeSousa. Nous devons tenir compte de la concurrence du BRIC (Brésil-Russie-Inde-Chine) dans l'élaboration de notre stratégie économique. Nous voyons une tendance dans les emplois du secteur des services. Plusieurs annonces récentes d'entreprises montréalaises témoignent d'ailleurs de la diversification économique de Montréal. Nous n'avons qu'à penser à Ubisoft, qui créera 1000 emplois dans les jeux vidéo à Montréal jusqu'en 2013.»

Selon Joëlle Noreau, le secteur des finances, des assurances et de l'immobilier sera encore le plus robuste en matière de création d'emplois cette année à Montréal.

«La baisse des mises en chantier n'affecte pas le marché de la revente et il manque encore d'agents d'immeubles, dit-elle. Et le secteur des assurances est très dynamique. Les compagnies ont beau avoir leur siège social à Québec, elles font aussi des embauches à Montréal.»

En 2006, 26,6% des nouveaux emplois à Montréal ont été créés au centre-ville, dans l'arrondissement de Ville-Marie.

«Quand le centre-ville va bien, le reste de l'économie de Montréal va bien. Mais nous avons aussi plusieurs autres pôles de développement (arrondissements) qui connaissent du succès au plan économique», dit Alain DeSousa, de la Ville de Montréal.

L'an dernier, 940 200 personnes occupaient un emploi à Montréal, dont 80% d'entre elles un emploi à temps plein. En 2006, le taux de chômage a diminué 0,7% pour atteindre 10,1%.

Le taux d'emploi, qui indique la proportion de personnes en âge de travailler qui occupent un emploi, est passé de 58,6% à 59,4%. Le nombre de bénéfices de l'aide sociale a diminué de 4,7% pour atteindre 60 448 personnes.