À l'occasion des 11es Journées de la culture, 11 organisations québécoises accueilleront des artistes en résidence dans leurs locaux. Mission: créer une oeuvre collective avec des employés.

À l'occasion des 11es Journées de la culture, 11 organisations québécoises accueilleront des artistes en résidence dans leurs locaux. Mission: créer une oeuvre collective avec des employés.

Parmi les nombreuses réunions qui se tiendront aujourd'hui au Centre CDP Capital, une portera sur un «investissement» bien particulier. Cette rencontre vise à préparer l'arrivée prochaine d'un artiste professionnel dans l'édifice ainsi que la participation des employés à la création d'une oeuvre collective avec cet artiste.

La Caisse de dépôt et placement du Québec et sa filiale immobilière SITQ font partie, comme la CSN, des organisations participant au projet «Art et travail» lancé par Culture pour tous, l'organisme responsable des Journées de la culture.

Depuis 1996, à l'occasion des Journées, les Québécois sont conviés à envahir les lieux de création et de diffusion afin d'échanger avec les artistes et travailleurs culturels. Pour la présentation 2007, Culture pour tous ajoute un volet supplémentaire à ses efforts de démocratisation culturelle en introduisant la création au coeur de la vie des entreprises.

«Ces résidences d'artistes poursuivent des objectifs artistiques, bien sûr, mais nous sommes convaincus qu'elles auront également des retombées positives pour le personnel et sur le climat de travail», explique Louise Sicuro, PDG de Culture pour tous.

Cette initiative s'inspire d'une expérience similaire menée à Regina. Des entreprises avaient alors accueilli des artistes pendant un an. Une fois le projet officiellement terminé, plusieurs ont continué à héberger des créateurs dans leurs locaux.

Pour la première québécoise, Culture pour tous a lancé un appel aux artistes de toutes les disciplines et contacté des entreprises. La Chambre de commerce du Montréal Métropolitain a de plus alerté tous ses membres.

«Comme c'est la 11e édition, nous cherchons - symboliquement - 11 entreprises. S'il y en a plus, nous serons très heureux», précise Mme Sicuro.

Finances et culture

Le Centre CDP Capital ouvrait déjà ses portes au public à l'occasion des Journées de la culture. Cette année, il ouvrira en plus ses portes à un artiste et laissera libre cours à la créativité de ses employés.

«Nous y voyons un important moyen de mobilisation. Le contact avec l'art est stimulant. Il éveille la créativité. Créer en contact direct avec un professionnel, c'est encore mieux», explique Jacques-André Chartrand, directeur des communications et affaires publiques de la SITQ, filiale immobilière de la Caisse.

Plusieurs détails restent encore à régler. Il faut choisir un créateur, trouver un emplacement pour l'accueillir et un autre pour installer l'oeuvre collective. Il faut également créer des outils d'information et de mobilisation des employés.

«Nous souhaitons travailler avec un artiste dont la démarche concorde avec nos valeurs, particulièrement en matière d'environnement. Un des grands défis sera de concilier son rôle avec celui des employés. Cet artiste devra être pédagogue», dit M. Chartrand.

Au Groupe TD, partenaire principal des Journées de la culture depuis l'an dernier, il reste encore quelques détails à régler avant le feu vert final. S'il n'en tient qu'à Édith Ducharme, un ou même plusieurs artistes seront en résidence au sein de l'institution financière.

«Ce projet permet d'accomplir beaucoup en même temps. Il aide la communauté artistique. Il peut être réalisé partout au Québec. Il éveille la créativité. C'est à la fois un moyen de resserrer le sentiment d'appartenance à l'interne et de rejoindre la communauté puisque les oeuvres seront présentées lors des Journées», dit Mme Ducharme, directrice principale affaires publiques au groupe TD.

Selon Mme Ducharme, un tel projet nécessite la collaboration des gestionnaires. «Nous devrons trouver comment intégrer le travail régulier des employés à leur participation à cette création collective», dit-elle.

Les résidences d'artistes doivent durer un mois, en concentré ou sur une période échelonnée en juin et la fin de septembre 2007.

Une PME

Casacom, maison de relations publiques qui compte une quinzaine d'employés, a décidé avec enthousiasme d'inclure «Art et travail» à son budget. Les hôtes devront payer les coûts des matériaux et verser aux artistes un cachet minimum de 2000 $ convenu avec les associations qui les représentent.

«C'est une façon bien modeste de soutenir les artistes. Et c'est bien peu en comparaison des énormes bénéfices du contact avec les arts. En nourrissant la créativité, en ouvrant nos esprits autrement, on améliore l'efficacité et la performance», explique Isabelle Thellen, conseillère principale chez Casacom.

Casacom le fait déjà. Tous les lundis, la réunion statutaire du personnel se termine par un sujet «hors affaires» choisi par un employé. Les thèmes culturels ont la cote.

«Le rappel du Refus global et la présentation d'un poète méconnu ont connu beaucoup de succès», donne comme exemple Mme Thellen.

Plusieurs photographes sont intéressés par une résidence chez Casacom. Ses employés y vont de leurs suggestions. Tous, sans exception, entendent participer au projet.