La propriétaire du chantier maritime de Les Méchins, Denise Verreault, est sortie de son mutisme lundi pour annoncer la fermeture de son entreprise dans «quelques semaines» si rien ne bouge à Investissement Québec et dans la négociation d'une nouvelle convention collective de travail.

La propriétaire du chantier maritime de Les Méchins, Denise Verreault, est sortie de son mutisme lundi pour annoncer la fermeture de son entreprise dans «quelques semaines» si rien ne bouge à Investissement Québec et dans la négociation d'une nouvelle convention collective de travail.

Le carnet de commandes est vide. Le dernier bateau a quitté hier le chantier qui a besoin, à court terme, d'une injection financière à son fonds de roulement.

«La menace de fermeture est très réelle. On ne paiera pas très longtemps des gens à ne rien faire, sans contrat. C'est une question de très peu de semaines. Si on ne me croit pas, le résultat sera le même. Il faut, dans un premier temps être capable de passer à travers la crise que vit le chantier. Nous sommes dans une problématique de compétitivité aujourd'hui et pour plus tard. Je suis rendue à un point où je ne peux plus fonctionner», a lancé Mme Verreault, à l'issue d'une rencontre avec le ministre fédéral Maxime Bernier.

Les négociations avec le nouveau syndicat CSN sont au point mort. Le refus de la partie syndicale de négocier la flexibilité des horaires de travail en compensation d'une hausse de salaires serait au coeur de ce différend.

«Nous payons des salaires de 40 % plus élevés par rapport à ce qui se paie dans la région. Comme nous n'avons pas de convention collective en vigueur, on ne peut plus soumissionner sur les navires fédéraux qui exigent une preuve de l'existence d'une convention collective. Et les clients privés ne veulent plus venir. Ce n'est pas difficile de comprendre pourquoi...», a-t-elle dit, visiblement exaspérée.

L'hiver dernier, le chantier a employé jusqu'à 400 travailleurs. Des mises à pied ont déjà eu lieu pour les employés payés au taux horaire.

La partie syndicale n'a pas voulu confirmer que les horaires de travail étaient au centre de la négociation. «Il y a eu une relance faite auprès du conciliateur. On ne veut pas faire de négo sur la place publique. Je vais consulter l'exécutif du syndicat pour la suite», a précisé Mario Guertin, conseiller syndical au Conseil central CSN du Bas-Saint-Laurent.

Mme Verreault a de nouveau sensibiliser le ministre fédéral de l'Industrie, Maxime Bernier, de passage a Matane, aux frais de transfert des navires imposés à son chantier qui est très éloigné des bases navales fédérales concentrés dans les provinces maritimes.

«C'est une ponction dans nos profits face aux chantiers qui sont proches des bases navales fédérales. Ce qui représente des millions quand nous soumissionnons sur quatre ou cinq contrats du gouvernement fédéral par année.»

Le ministre Bernier, conférencier à la Chambre de commerce de Matane pour parler du bilan de l'administration Harper, est demeuré prudent.

«Il faut s'assurer que le processus de soumissions se fasse en toute équité. Je peux assurer Mme Verreault que la politique navale est importante pour le gouvernement. Nous allons mettre en place un plan d'action avec le ministère de la Défense pour que les achats de bateaux soient réalisés au Canada. Des consultations ont eu lieu avec l'industrie navale concernant la mise à jour des programmes de support à cette industrie. Je ferai rapport ensuite au cabinet.»