Le putsch militaire en Thaïlande risque de jeter une sérieuse ombre sur la florissante industrie touristique du pays qui venait à peine de se relever du tsunami dévastateur de décembre 2004, selon les experts.

Le putsch militaire en Thaïlande risque de jeter une sérieuse ombre sur la florissante industrie touristique du pays qui venait à peine de se relever du tsunami dévastateur de décembre 2004, selon les experts.

Selon certaines prévisions, le nombre de touristes pourrait chuter de 30% alors que certains visiteurs -- en particulier en Asie -- ont déjà annulé leurs voyage en Thaïlande où des militaires ont annoncé mardi soir avoir renversé le Premier ministre, Thaksin Shinawatra, et s'être emparé du pouvoir.

"Nous avons reçu des appels d'un groupe de Sud-Coréens qui ne sont pas en mesure de confirmer leur venue en Thaïlande", a indiqué à l'AFP Chattan Kunjara Na Ayudhya porte-parole de l'Autorité touristique de la Thaïlande (TAT) qui estime que "beaucoup de touristes attendent de voir comment les choses vont tourner". "Le putsch militaire va certainement avoir des conséquences sur le secteur touristique", prédit-il.

Afin d'éviter un désastre économique, la TAT s'apprête à lancer une vaste opération de communication pour rassurer et persuader les touristes de revenir au "pays des Sourires". Mais le calendrier de cette opération séduction risque d'être un peu juste, la haute saison débutant dans un mois.

"L'incident n'aurait jamais du se produire à l'approche de la haute saison", se désole Pornthip Samerton, directrice de l'agence de voyage Destination Asie. "La confiance des touristes va en prendre un coup et en particulier ceux qui viennent du Japon et qui sont très sensibles en la matière", dit-elle.

"En gros, 30% des arrivées attendues au dernier trimestre vont peut-être se volatiliser", estime-t-elle.

Ce nouveau coup dur pour le secteur survient seulement une semaine après une série d'attentats à la bombe dans une ville de l'extrême sud de la Thaïlande, qui ont fait quatre morts dont un touriste canadien.

Ces attaques, attribuées à la guérilla musulmane, avaient déjà dissuadé des centaines de touristes qui avaient annulé leurs vacances dans le Sud.

Le tourisme est l'un des moteurs de l'économie thaïlandaise (12 milliards de dollars par an) pour le royaume où les touristes affluaient de nouveau presque deux ans après le tsunami du 26 décembre 2004 qui avait fait plusieurs milliers de morts en Thaïlande et dévasté certaines de ses plus belles stations balnéaires.

Selon les projections du gouvernement, quelque 13,6 millions de touristes étrangers sont censés visiter le pays en 2006, dont 50% d'Asiatiques.

Ces objectifs semblent bien compromis alors que certains pays tels que l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon et la Chine ont conseillé à leurs ressortissants de différer jusqu'à nouvel ordre tout déplacement non essentiel en Thaïlande.

Les professionnels redoutent surtout un pourrissement de la situation actuelle et déplorent l'effet psychologique désastreux sur les visiteurs d'images montrant des blindés sillonnant les rues de Bangkok.

Pour Apichart Sankary, président de l'Association des agents de voyages thaïlandais, les militaires actuellement aux commandes doivent "rétablir la situation et tout faire pour que l'industrie touristique ne soit pas affectée".

Certains touristes abasourdis pris au milieu du putsch n'ont pas compris ce qu'il advenait. "Personne ne savait ce qui ce arrivait, alors on nous a dit de retourner dans nos hôtels pour nous mettre en sécurité", a témoigné Milena Murgo, un Italien qui faisait du shopping dans la capitale mardi soir.

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