Benoit Laliberté a eu une grosse journée lundi.

Benoit Laliberté a eu une grosse journée lundi.

Un investisseur de Jitec, Pierre Dionne, l'a traité de «crosseur» et l'ex-président de Canada Payphone, Bruce Clark, a contredit un communiqué de presse de Jitec annonçant une grosse transaction.

M. Clark était «furieux» quand il a lu le communiqué de presse que le patron de Jitec, Benoit Laliberté, venait de diffuser, le 8 août 2000, au sujet d'une prétendue «transaction» de 105 M$ entre les deux entreprises.

«Ce communiqué n'était pas vrai», a dit M. Clark, lundi, au procès pénal de Benoit Laliberté, accusé de 48 infractions à la loi sur les valeurs mobilières dans la foulée du scandale boursier Jitec.

L'Autorité des marchés financiers du Québec (AMF) accuse notamment M. Laliberté d'avoir publié des communiqués de presse faux ou trompeurs au sujet de deux annonces de «transactions» qui ont fait bondir l'action de Jitec, durant l'été 2000.

L'action lancée à 1$ en le 26 juillet 2000 a atteint un sommet de 11,65$ en août avant de retomber à quelques cents quand il est apparu que les annonces de M. Laliberté étaient basées sur de simples lettres d'entente, pas des contrats fermes.

Au début d'août, Canada Payphone et Jitec ont signé deux lettres d'entente non chiffrées et décrites hier par M. Clark comme «non matérielles».

«C'étaient des ententes comme on en fait dans le cours normal des affaires, qui sont le point de départ normal d'une relation d'affaires. On s'entend pour affirmer un intérêt de faire des affaires (...) et négocier quelque chose», a dit M. Clark, venu de Vancouver au procès.

Une semaine plus tard, M. Clark a vu atterrir sur son bureau un communiqué de Jitec claironnant rien de moins qu'une «transaction» de 105 M$ avec Canada Payphone portant sur 45 000 terminaux Jitec.

«J'étais furieux après l'avoir lu (...) ça ne reflétait pas les discussions qu'on avait eues" et qui ne comprenaient "aucune entente d'acheter quoi que ce soit».

Mise au point

M. Clark dit avoir tout de suite décidé de publier son propre communiquer de presse parce que «l'information donnée par Jitec aux actionnaires de Canada Payphone était inexacte (...) c'était notre devoir de la rectifier».

M. Clark a publié une mise au point faisant état d'une simple entente de «représentation» des terminaux Jitec: Canada Payphone ajoutait ces terminaux internet à la grappe de produits téléphoniques AT&T qu'elle proposait déjà à sa clientèle.

Aucune acquisition de matériel Jitec n'était évoquée et le communiqué «anticipait» les 105 M$ et les 45 000 terminaux pour ce qu'ils étaient et rien de plus, selon M. Clark, soit une évaluation du marché total pour des terminaux internet pouvant être déployés par toute l'industrie durant les deux années à venir, dans tous les hôtels de tout le pays.

Quant à Pierre Dionne, un investisseur de Drummondville qui affirme avoir perdu 125 000$ dans Jitec, il a traité M. Laliberté de «crosseur» en marge d'un témoignage colérique durant lequel il a affirmé avoir été roulé par M. Laliberté et durant lequel il s'est colleté plusieurs fois avec l'avocat de la défense.