Rien dans les 37 années de carrière de John Whitehead chez Goldman Sachs ne l'a préparé aux excès d'aujourd'hui sur Wall Street.

Rien dans les 37 années de carrière de John Whitehead chez Goldman Sachs ne l'a préparé aux excès d'aujourd'hui sur Wall Street.

«Je suis renversé par les salaires versés», a déclaré cette semaine l'ancien co-président de la firme de courtage la plus rentable de l'entreprise.

Chez Goldman Sachs, qui a versé l'an dernier 54 M$ US à Lloyd Blankfein, le président de PDG de la compagnie, les niveaux de rémunération sont «indécents», a dit M. Whitehead.

«Ils sont les leaders dans cette hausse qui dépasse les bornes», a-t-il ajouté.

La rétribution des courtiers et des banquiers d'affaires grimpe en flèche tandis que Goldman Sachs et ses concurrents combattent l'attrait des fonds spéculatifs, ces bassins privés de capitaux qui offrent aux gestionnaires un pourcentage des profits sur l'argent qu'ils investissent.

L'an dernier, les cinq plus importantes maisons de courtage de Wall Street ont versé des primes records de 36 milliards $ US, soit plus de 200 000 $ US par employé.

Goldman Sachs, de New York, a donné le ton. Ainsi, M. Blankfein a gagné plus que tous ses homologues et les co-présidents Gary Cohn et Jon Winkelried ont chacun reçu 53 millions$US, y compris des primes au comptant de 26,7 millions$US.

Les employés de Goldman Sachs se sont partagé 16,5 milliards$US en salaires et avantages, soit une moyenne de 621 800 $ US chacun.

Il s'agit d'une hausse de 20% sur l'année précédente et près de 300 000$ de plus que le concurrent le plus près de Goldman Sachs.

M. Whitehead, qui a quitté la firme en 1984 et qui préside maintenant sa fondation de bienfaisance, soutient que Goldman Sachs devrait avoir suffisamment de courage pour réduire les primes même si une telle initiative pour rétablir le sens de la retenue sur Wall Street lui fait perdre certains employés de valeur.

Aucune maison de courtage ne peut égaler la rémunération disponible lors d'une bonne année pour les meilleurs fonds spéculatifs.

«Je serais disposé à courir le risque de perdre plusieurs employés et de les laisser voir ce qui arrivera lorsque la bulle des fonds spéculatifs va crever», indiquait M. Whitehead, 85 ans, lors d'une entrevue lundi dernier à New York.

Les fonds spéculatifs imposent aux investisseurs des frais fixes pour gérer leurs actifs, habituellement de 1% à 2%, et ils gardent jusqu'à 50% des profits, ce qui leur permet de verser à leurs gestionnaires des sommes jamais vues auparavant.

James Simons, de Renaissance Technologies Corp., Kenneth Griffin, de Citadel Investment Group, et Edward Lampert, de ESL Investment, ont tous reçu plus de 1 milliard $ US l'an dernier, selon le magazine Alpha, de Institutional Investor.

M. Lampert, 44 ans, a quitté Goldman Sachs en 1988.

«Il est très tentant pour un associé de Goldman Sachs actif dans ce domaine de s'établir à son compte, comme beaucoup l'ont fait, et ils ont très bien réussi, ils s'en sont beaucoup mieux tiré qu'ils ne l'auraient fait même chez Goldman Sachs, a dit M. Whitehead. Je ne vois pas comment cela pourrait cesser.»

Du temps de M. Whitehead chez Goldman Sachs, les associés touchaient un salaire de 120 000 $ US comparativement à 600 000 $ US aujourd'hui.

À titre de philanthrope, M. Whitehead a soutenu de nombreuses causes telles que le International Rescue Committee, le Metropolitan Museum of Art et le Haverford College, son alma mater.

En 1993, il a fait un don de 10 M$ US au Harvard Business School pour lancer le Social Enterprise Initiative, un programme qui enseigne la gestion aux organismes sans but lucratif.