Stephen King ne s'est jamais rendu au Mandalay Bay Resort & Casino après avoir prévu un voyage d'une fin de semaine à Las Vegas pour célébrer le placement initial de Alaris Income Growth Fund, sa firme d'investissement établie à Calgary.

Stephen King ne s'est jamais rendu au Mandalay Bay Resort & Casino après avoir prévu un voyage d'une fin de semaine à Las Vegas pour célébrer le placement initial de Alaris Income Growth Fund, sa firme d'investissement établie à Calgary.

Quelques minutes après avoir transmis les derniers documents touchant le placement initial le 31 octobre dernier, M. King a eu la surprise de sa vie lorsque Jim Flaherty, ministre fédéral des Finances, annonça à des reporters à Ottawa que les fiducies de revenu à haut rendement allaient être imposées pour la première fois. M. King téléphona à Dan Nowlan, son banquier chez CIBC World Markets, pour annuler la vente de parts.

M. Flaherty a non seulement transformé en cauchemar la fête d'Halloween de M. King, 37 ans, qui a été banquier d'affaires pendant 12 ans avant de devenir le PDG d'Alaris, mais il a aussi durement touché le marché des valeurs mobilières présentant la plus forte croissance.

C'est que les fiducies de revenu ont formé l'an dernier le tiers des offres publiques d'actions, qui ont atteint la somme record de 28,1 milliards US, soit presque huit fois plus qu'en l'an 2001.

La nouvelle politique fiscale a eu pour effet de freiner du jour au lendemain les placement initiaux de fiducies de revenu et elle érodera des commissions qui ont représenté 2 % des profits des cinq plus importantes banques canadiennes, dont les actions ont été les plus performantes parmi les plus gros prêteurs au monde au cours des cinq dernières années.

«L'activité de prise ferme sera vraisemblablement plus faible parce qu'un grand nombre de fiducies de revenu ne feront pas de placement initial», soutient David Leith, 46 ans, chef des placements et des services bancaires aux entreprises de CIBC World Markets, à Toronto.

Les investisseurs ont été désagréablement surpris tandis que les parts de quelque 250 fiducies d'investissement ont chuté d'une moyenne de 15 % au cours des neuf semaines suivant la décision de M. Flaherty, ce qui a fait disparaître en fumée 30 milliards en capitalisation boursière.

Les parts de Shiningbank Energy Income Fund et de True Energy Trust, deux fiducies actives dans les domaines pétroliers et gaziers, ont toutes deux plongé de 38 %.

Parmi les placement initiaux auxquels la Banque CIBC, cinquième banque au pays et propriétaire de CIBC World Markets, a participé, 62 % concernaient des fiducies de revenu, soit une proportion plus forte que pour toute autre banque.

L'an dernier, CIBC World Markets s'est classé au deuxième rang parmi les organisateurs de ventes d'actions au Canada derrière RBC Capital Markets, une division de la Banque Royale, selon des données compilées par Bloomberg.

Dans le secteur des ventes de parts de fiducies de revenu, la Banque Royale s'est classée au deuxième rang.

Pour M. King, l'annonce du gouvernement fédéral s'est traduite par une situation difficile que l'auteur du même nom, à qui l'on doit de nombreux best-sellers, ne manquerait pas d'en savourer l'ironie.

Non seulement M. King et le directeur financier d'Alaris ont-ils dû annuler le voyage à Las Vegas avec leurs femmes, mais l'entreprise devait aussi régler des factures de 2,5 millions présentées par des avocats, des comptables, des consultants et des imprimeurs pour le placement initial avorté de 115 millions.

Le Canada a commencé à faire la promotion des fiducies de revenu au milieu des années 80 pour permettre aux producteurs d'énergie de financer l'exploration de gisements.

En adoptant la structure de fiducie de revenu, une entreprise évite la plupart des impôts des sociétés en versant le gros de ses liquidités aux investisseurs sous forme de dividendes mensuels. Les investisseurs paient un impôt de 46 % sur ces paiements. Le taux normal d'imposition des sociétés est de 21 %.