La dernière saison dans les 82 stations de ski du Québec s'est soldée par une baisse de 5,4% de l'affluence des skieurs. Mais les dégâts auraient pu être pires compte tenu des pluies trois fois plus importantes que la normale et d'une grève coûteuse à Tremblant, dans les Laurentides.

La dernière saison dans les 82 stations de ski du Québec s'est soldée par une baisse de 5,4% de l'affluence des skieurs. Mais les dégâts auraient pu être pires compte tenu des pluies trois fois plus importantes que la normale et d'une grève coûteuse à Tremblant, dans les Laurentides.

Somme toute, la dernière saison n'a pas été si mauvaise, avec 6,77 millions de jours-ski, soit un niveau dans la moyenne des cinq dernières années, a souligné à La Presse Affaires Michel Archambault, directeur de l'étude annuelle sur l'industrie du ski et de la chaire de tourisme Transat de l'École des sciences de la gestion de l'UQAM.

C'est tout de même un achalandage moindre que les 7,16 millions de skieurs de l'année précédente. En revanche, ce résultat est bien supérieur à la moyenne annuelle de six millions de 1995 à 2000, a-t-il souligné.

La saison actuelle démarre tardivement et lentement. Mais le froid annoncé à compter de la fin de semaine prochaine devrait permettre de rattraper le retard, a déclaré de son côté la présidente du conseil de l'Association des stations de ski du Québec (ASSQ), Brigitte Marchand.

Sur le plan financier, ça aurait pu être pire l'an dernier, puisque six stations sur 10 ont pu déclarer des profits et que trois sur quatre ont généré des flux financiers positifs. Par contre, sept stations sur 10 ont fait des profits l'année précédente, selon Michel Archambault.

"Ce qui a vraiment sauvé la dernière année de ski alpin, c'est le sommet atteint dans les ventes de billets de saison. Cela a fidélisé la clientèle et fait entrer des fonds dès le début de la saison qui ont constitué 34% des revenus des stations et 43% des jours-ski. Les stations ont pu ainsi passer à travers les aléas de la température", ajoute le responsable. Rappelons que 166 millimètres de pluie sont tombés dans la région de Montréal à des périodes cruciales de la saison, comparativement à la moyenne de 60 mm des derniers cinq ans, a expliqué le directeur.

Sans la stratégie sur les tarifs, Michel Archambault a calculé que les stations auraient difficilement atteint les six millions de jours-ski, soit seulement le niveau moyen d'avant 2000.

La modulation des prix des billets a augmenté l'affluence de 700000 jours-ski, au prix moyen de 30$, ce qui a amené plus de 20 millions de revenus additionnels. La dernière saison s'est ainsi soldée par un chiffre d'affaires de 206,4 millions, soit même pas 1% de moins que les 208 millions de l'année précédente, malgré les 15 millions de revenus perdus par Tremblant et ses partenaires durant les quatre semaines de grève de cette station.

Les retombées économiques du ski alpin sont considérables: pas moins de 800 millions de dollars, selon Michel Archambault, si l'on additionne les revenus des stations, les achats de skis et de vêtements dans les magasins de sports et le chiffre d'affaires d'entreprises comme Bombardier (dameuses) Turbo Crystal (canons à neige) et Dopplemeyer (remontées mécaniques).

Les régions en particulier profitent ainsi des retombées de 30000 emplois, directs et indirects, selon le directeur.

Les stations de ski doivent par contre se contenter d'un rendement moyen de leur actif de 9%, ce qui reste insuffisant pour réinvestir dans la modernisation des installations. Leurs propriétaires devront trouver 50 millions de dollars pour remettre à niveau leurs remonte-pentes d'ici cinq ans, a souligné Michel Archambault.

En outre, Ski Bromont doit prendre de l'expansion et le Massif travaille sur un projet de développement de 230 millions. Le Mont-Orford doit réinvestir près de 10 millions, comparativement à 15 millions à Sutton et à 7,5 millions à Owl's Head, selon le directeur.

Il n'est pas étonnant que plusieurs stations des Cantons-de-l'Est soient à vendre, en plus du Mont-Orford, parce que Sutton et Owl's Head doivent en plus relever le défi de la relève, a souligné Michel Archambault.

L'ASSQ discute avec Québec pour trouver de nouveaux outils de développement, a reconnu la présidente du conseil, Brigitte Marchand.

La saison actuelle vient par ailleurs de démarrer, à Tremblant, Mont-Sainte-Anne et Saint-Sauveur, mais pas en lion. Vendredi dernier, les skieurs se sont pointés à Tremblant, mais avec une semaine de retard et seulement pour cinq pistes au lieu de l0 la saison précédente, a déclaré la porte-parole, Lyne Lortie. Les réservations vont par contre très bien, selon elle.

C'est crucial d'avoir de bonnes pistes aux Fêtes parce qu'elles apportent 25% des revenus des stations de ski, a conclu Brigitte Marchand.