Le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) Pascal Lamy a demandé jeudi aux pays membres de regarder autour d'eux et de "reprendre le sens des vraies proportions" avant de se rassoir à la table des négociations commerciales.

Le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) Pascal Lamy a demandé jeudi aux pays membres de regarder autour d'eux et de "reprendre le sens des vraies proportions" avant de se rassoir à la table des négociations commerciales.

"Il faut faire une pause, se calmer, réfléchir, regarder un peu le monde tel qu'il est, pas seulement quelques milliards de subventions agricoles, ou quelques pourcentages de droits de douane agricoles mais aussi ce qui se passe au Moyen Orient, en Afghanistan, en Corée du Nord, parce que tout ça n'est pas en isolation", a-t-il plaidé, interrogé par la radio RFI.

M. Lamy a répété qu'il est "un peu tôt pour parler d'échec" du cycle de Doha, tout en reconnaissant qu'il s'agit d'une "hypothèse qu'on ne peut pas exclure".

Interrogé sur la visite de deux jours au Brésil de la Représentante américaine au Commerce (USTR) Susan Schwab, M. Lamy a estimé que "le fait que les principaux négociateurs restent en contact plus ou moins discret est une très bonne chose".

Il a toutefois reconnu qu'un échec du cycle représenterait "un risque de multiplication des accords bilatéraux" et ajouté que ce risque "est déjà en partie avéré".

"Ce serait vraiment paradoxal qu'en ayant lancé une négociation multilatérale pour rééquilibrer le système en faveur des pays en développement, le résultat soit qu'on le déséquilibre encore davantage en leur défaveur. Tout ceci n'a pas de sens", a-t-il déploré.

Les 149 pays membres de l'OMC devaient formellement entériner jeudi une décision de suspendre les négociations après cinq années de discussions autour du cycle de Doha, lancé en 2001 au Qatar.

M. Lamy a remarqué que le dossier des subventions et droits de douane agricole, sur lequel ont buté les discussions, n'est qu'un "petit morceau de cette énorme négociation", bien que "le plus visible".

Pour autant, "ce point agricole, s'il n'est pas essentiel sur le plan économique quand on regarde les chiffres du commerce mondial, est essentiel sur le plan politique" pour les pays en développement. De leur point de vue, le système actuel porte encore des "traces de ce qu'a été le colonialisme économique du XIXè et du XXè" siècles, a-t-il remarqué.

Les six grands acteurs de l'OMC (Australie, Brésil, Etats-Unis, Inde, Japon, Union européenne) n'avaient pu s'entendre lundi lors d'une réunion de la dernière chance: Washington et Bruxelles se sont mutuellement rejeté la responsabilité du blocage.

ahe/cel/mpf