Marilynn Sjulstad dit qu'elle vit les effets pervers de l'emballement économique alimenté par le pétrole en Alberta sans en tirer quelque avantage que ce soit.

Marilynn Sjulstad dit qu'elle vit les effets pervers de l'emballement économique alimenté par le pétrole en Alberta sans en tirer quelque avantage que ce soit.

Cette résidante d'Edmonton de 57 ans, aux prises avec de l'arthrite et la fibromyalgie, un désordre chronique qui affecte les muscles, explique que son loyer bondira bientôt de 27%, soit cinq fois plus que la hausse du montant mensuel pour personne handicapée qu'elle reçoit.

«Lorsque j'ai découvert l'avis sous ma porte, je me demandais si je devais pleurer ou vomir», raconte Mme Sjulstad au cours d'une entrevue téléphonique. «On ne peut pas vivre quand on consacre 80% de ses revenus pour payer le loyer», dit-elle.

L'économie albertaine fondée sur le pétrole doit croître, prévoit-on, deux fois plus que dans le reste du Canada cette année, ce qui poussera le taux de chômage à un creux de 30 ans.

Cet essor économique provoque une hausse des coûts de logement, une pénurie de lits dans les hôpitaux, et une pénurie d'écoles et d'installations sportives pour une population qui a crû de 10% en cinq ans.

La demande d'appartements s'est traduite par un taux d'inoccupation de 0,5% à Calgary, ce qui a eu pour effet de faire grimper des loyers de plus du double.

Mme Sjulstad précise que le loyer de son appartement de deux chambres passera à 800$ en octobre prochain, ce qui rognera une bonne partie de son revenu mensuel de personne handicapée, qui est de 1050$.

La flambée des loyers et le manque de logements à prix abordable ont incité plus de 200 personnes à manifester en face de la Législature albertaine à Edmonton le mois dernier, ces personnes réclamant un contrôle des loyers. Une loi adoptée ce mois-ci limite les hausses de loyer à un an, mais sans imposer de plafond aux hausses elles-mêmes.

Certains loyers sont augmentés pour contraindre les locataires à partir de sorte que les propriétaires puissent convertir leur bâtiment en copropriétés, soutient Madeleine King, conseillère de la Ville de Calgary. Les prix des appartements en copropriété ont bondi de 30% cette année, à une moyenne de 332 000$, selon le Calgary Real Estate Board.

«Les promoteurs me disent que les ventes de copropriétés sont tellement formidables en ce moment qu'il n'est pas logique pour eux de conserver des propriétés à louer», ajoute Mme King.

Les villes de Edmonton et Calgary ont chacune plus de 2000 demandeurs sur leur liste de propriétés subventionnées et le temps d'attente est de deux ans.

Il se peut que les pressions économiques ne s'atténuent pas pour les personnes telles que Mme Sjulstad, qui ne peut pas travailler à cause de ses maladies, au moment où des nouveaux venus envahissent la province pour y trouver de l'emploi.

Les sociétés pétrolières, dont Suncor Energy, investiront environ 45,2 milliards dans des projets pétroliers, gaziers et les sables bitumineux cette année, estime la maison de courtage de Calgary FirstEnergy Capital.

Les prix du logement ont bondi de 30% en Alberta en avril par rapport à un an plus tôt, soit plus du triple de la moyenne nationale.

Par ailleurs, les prix des maisons ont grimpé de 23% à une moyenne de 421 000$ à Calgary, où se trouvent les sièges de Suncor, EnCana et Petro-Canada.

À Edmonton, la ville la plus près des sables bitumineux et où on trouve de nombreuses raffineries, le prix moyen des maisons a bondi de 52% à 343 000$. Les deux villes comptent environ un million d'habitants.