Après 40 ans, une maison a toujours besoin d'un petit coup de pinceau et de quelques rénovations.

Après 40 ans, une maison a toujours besoin d'un petit coup de pinceau et de quelques rénovations.

Robert Dutton aussi. Quand il a atteint la quarantaine il y a une dizaine d'années, le président et chef de la direction de RONA [[|ticker sym='T.RON'|]] a pris six mois de congé et s'est loué une chambre à Montréal chez les Sulpiciens. Il voulait réfléchir au sens à donner à sa vie.

«Je voulais prendre du recul, dit-il. D'autres personnes auraient voyagé, mais je ne voulais pas m'éloigner.» Durant son congé sabbatique, il a lu, réfléchi, rencontré des gens.

«Ça a été bon pour moi mais aussi pour l'entreprise, dit-il. À mon retour, nous avons ouvert 10 magasins régionaux, déménagé le siège social et fait notre entrée au Canada. Par après, j'ai réalisé que je n'aurais peut-être pas pris des décisions sans avoir fait cette réflexion-là pendant six mois sur ma vie, mes valeurs et le genre d'entreprise que je voulais diriger.»

Q: RONA a-t-il un plan vert?

- Robert Henri, Baie-Comeau

R: Nous annoncerons notre plan vert en novembre, mais nous vendons déjà des produits écoénergétiques dans nos magasins. Il y a 11 ans, nous avons lancé le premier programme de recyclage de peinture au Québec.

Nous avons travaillé très fort avec les autres détaillants et le ministère de l'Environnement du Québec, qui a modifié la loi pour obliger les détaillants à reprendre la peinture. Nous faisons traiter la peinture recyclée par des jeunes en réinsertion sociale et nous la revendons sous la marque Boomerang.

Q: Quelle est la différence entres vos bannières RONA et Réno-Dépôt?

- Marc-André Mireault, Montréal

R: Ce sont deux concepts différents. RONA s'adresse à une clientèle plus féminine: peinture, décoration, centre de jardin, meubles de jardin, serres. Réno-Dépôt s'adresse davantage aux hommes : construction, plomberie, électricité et grosses rénovations. Notre stratégie est d'aller chercher les deux marchés.

Q: Avec la mondialisation qui prend de l'importance, croyez-vous encore aux achats de produits locaux?

- Jean-Sébastien Daigneau

R: Si nous voulons que nos magasins fonctionnent, il faut que les Canadiens travaillent! Chez RONA, 90% de nos fournisseurs sont canadiens. Il y a parfois des avantages à acheter certains types de produits à l'étranger, comme les décorations de Noël qui sont presque toutes fabriquées en Asie.

Acheter localement est une valeur importante chez RONA. Nous sommes très près de fournisseurs québécois comme Sico et Moulures Boulanger, une entreprise de Warwick. Ce sont des industries qui font vivre des villes de petite et moyenne taille.

Comme nous sommes leur plus gros client, nous avons une responsabilité sociale envers leur communauté. Nos concurrents achètent plus en Asie, mais nous réussissons tout de même à obtenir des résultats financiers intéressants.

Q: Comment un dirigeant fait-il pour évoluer au même rythme que son entreprise?

- Jean-François Pharand

R: Je travaille chez RONA depuis 30 ans. Collé à l'entreprise comme je l'ai été pendant tout ce temps, j'ai évolué avec elle! Il faut avant tout se garder du temps pour mettre ses connaissances à jour et analyser le marché. Et il faut aussi un bon réseau de gens d'affaires autour de soi, des personnes avec qui on peut échanger.

Q: Comme la valeur du titre de RONA n'a pas connu une bonne performance en Bourse depuis deux ans, pensez-vous faire l'objet d'une offre d'achat?

Marc

R: Nous avons été pénalisés par le marché depuis deux ans mais nous avons un plan d'affaires précis. Nous rencontrons des investisseurs régulièrement. Ils croient en notre plan d'affaires et en notre équipe de gestion.

Je suis profondément convaincu que RONA va avoir des résultats qui vont plaire à long terme aux investisseurs. Une entreprise ne se gère pas à court terme. Elle doit prendre des décisions tous les jours, mais avec une vision à long terme. Mais je n'ai pas de contrôle sur les aléas du marché.

LA QUESTION DE MARC DUTIL, NOTRE INVITÉ DE LA SEMAINE DERNIÈRE

Q: Y aura-t-il encore des quincailleries de quartier et de village dans cinq ans?

R: Absolument! Nous avons fait la preuve que ce n'est pas un seul format de magasins qui va faire la job. Les consommateurs ont des comportements différents.

Les quincailleries de quartier et de village ont encore leur place si elles ont une âme et une offre de produits adaptée. Avec l'arrivée des grandes chaînes d'alimentation, tout le monde pensait que ce serait la fin des dépanneurs. Pourtant, regardez le succès de Couche-Tard. C'est comme l'industrie automobile: Mercedes ne fabrique pas qu'un modèle de voiture.

Q: Les entreprises acquises par RONA conservent-elles leur valeurs et adhèrent-elles facilement à la culture de RONA?

R: Les valeurs de RONA ne sont pas négociables, mais il faut savoir respecter la culture de l'entreprise qui fait l'objet d'une acquisition. Par exemple, une entreprise de l'Ouest du pays sur laquelle nous avons mis la main avait une politique particulière pour récompenser ses cadres: elle leur offrait un voyage en groupe.

RONA offre plutôt de l'argent. Nous étions un peu surpris mais nous avons continué de donner le voyage parce que ça faisait partie de ce que les cadres aimaient dans cette entreprise.

Ça ne nous coûtait pas plus cher, ça respectait le principe de récompenser les cadres après une bonne année au plan financier et ça respectait la culture différente de cette entreprise.

Cette chronique fait relâche pour la période estivale.