D'importantes entreprises de transport du Québec et de l'Ontario affirment qu'il est urgent d'investir dans les infrastructures reliées au transport maritime sans quoi le réseau actuel sera incapable de soutenir la forte croissance des échanges commerciaux avec l'Asie.

D'importantes entreprises de transport du Québec et de l'Ontario affirment qu'il est urgent d'investir dans les infrastructures reliées au transport maritime sans quoi le réseau actuel sera incapable de soutenir la forte croissance des échanges commerciaux avec l'Asie.

Le conseil du corridor de commerce Saint-Laurent-Grands Lacs, qui rassemble une dizaine de hauts dirigeants des principales entreprises de transport maritime, ferroviaire et routier actives dans l'Est du pays, estime que les investissements nécessaires à cet axe commercial n'ont pas suivi les changements à l'échelle internationale.

«Si rien n'est fait pour l'améliorer, le système actuel ne sera tout simplement pas en mesure de soutenir la croissance prévue du commerce d'ici 2020. Il y a donc urgence d'agir», indique une étude préliminaire effectuée par le groupe, dont la Presse Canadienne a obtenu copie.

Selon le document, présenté lors de la dernière réunion du conseil, le 25 avril, la proportion des importations en provenance de la Chine, qui est passée de 5% à 12% en moins de 10 ans, «continuera de croître».

L'étude du conseil note aussi que le développement accéléré de nouveaux marchés, tel que le sous-continent indien, entraînera une hausse importante du trafic de navires de marchandises dans le fleuve Saint-Laurent.

«Les réseaux actuels n'ont pas été conçus pour traiter les volumes prévus et il est primordial de s'assurer que les lacunes en infrastructures ne fassent pas obstacle aux nouvelles possibilités commerciales», indique le document.

Le comité, qui se compose notamment des chefs de la direction du Groupe Canada Steamship Lines, de FedNav, de Transport Robert, de FastFrate, des ports de Montréal et de Thunder Bay, de même que de vice-présidents du Canadien National et du Canadien Pacifique, s'est réuni deux fois depuis décembre.

Les réunions sont présidées par Madeleine Paquin, chef de la direction de Logistec, une entreprise de Montréal spécialisée dans le chargement et le déchargement de bateaux. Mme Paquin a été invitée à s'occuper du dossier par Julie Boulet, qui était alors ministre québécoise déléguée aux Transports, et par la Société de développement économique du Saint-Laurent (SODES).

La SODES a de son côté lancé, en mars, une campagne de 3 M$ pour mettre en valeur le transport de marchandises par bateau. Cette une initiative s'est récemment traduite par des publicités diffusées à la télévision québécoise.

Elles insistaient sur le fait que de nombreux produits de consommation courante sont acheminés par navire. Selon Mme Paquin, les travaux du conseil du corridor visent actuellement à prévoir quels seront les endroits du réseau de transport où des investissements, dont la hauteur n'a pas encore été déterminée, seront nécessaires pour éviter la congestion.

«Pour toutes les marchandises qui entrent et qui sortent, on veut s'assurer qu'on a un corridor efficace qui est capable de suivre la croissance, a-t-elle déclaré jeudi dernier, lors d'une entrevue. Si on ne fait rien, on risque d'avoir des problèmes de congestion et l'économie va en souffrir. Mais on n'est pas encore rendu là.»

Le projet du conseil du corridor s'inspire de l'initiative de la porte d'entrée du Pacifique, à Vancouver, dont l'objectif est d'améliorer la fluidité du trafic de marchandises. Sur la côte ouest, la forte croissance des échanges commerciaux avec l'Asie a provoqué la congestion des divers réseaux de transport.

Dans son budget de mars dernier, le gouvernement fédéral a alloué 400 M$ pour améliorer les routes, ponts, voies ferrées et services frontaliers en Colombie-Britannique, tout en promettant d'investir au total 1 milliard $.

Sur la côte est, le premier ministre de la Nouvelle-Ecosse, Rodney MacDonald, fait la promotion d'un projet de porte d'entrée de l'Atlantique, qu'il évalue à 400 M$.

L'automne dernier, il a réclamé l'appui d'Ottawa. Jusqu'ici, la plupart des navires en provenance de l'Asie transportaient naturellement leur marchandise sur la côte ouest. Mais l'intensité du trafic incite déjà des compagnies à acheminer leurs produits vers les marchés nord-américains en passant par les ports de la côte est, après avoir transité par les canaux de Panama et de Suez, a expliqué Mme Paquin.

«Ca coûte probablement plus cher de faire le tour, mais les fabricants de produits vendus au détail ne peuvent pas se permettre de ne pas avoir de stocks dans les magasins, alors ils ont le choix entre deux trajets pour leurs marchandises», a-t-elle dit.

L'an dernier, le flux de cargaisons transitant par le port de Montréal a atteint le niveau record de 25 millions de tonnes, en hausse de 3 pour cent. L'administration portuaire prévoit que cette croissance se maintiendra en 2007.

Selon Mme Paquin, l'objectif du conseil est d'arriver d'ici deux ans à l'étape atteinte récemment par le projet de porte d'entrée du Pacifique. Elle estime que les investissements requis dans le corridor de commerce Saint-Laurent Grands Lacs proviendront à la fois d'Ottawa — le transport maritime relevant du fédéral —, de Québec et du secteur privé.

«Il va y avoir des investissements publics et privés, a-t-elle dit. Et les investissements publics ne viendront pas seulement du fédéral. Il pourrait y avoir des projets au provincial.» D'ici là, Mme Paquin espère que le ministre fédéral des Transports, Lawrence Cannon, son homologue ontarienne, Donna Cansfield, et Mme Boulet, maintenant ministre titulaire des Transports, accepteront officiellement l'invitation qu'elle leur a faite de devenir coprésidents honoraires du conseil du corridor.