Alors que Bombardier (T.BBD.B) s'apprête à faire le point sur la CSeries, Embraer songe à lancer un appareil de même taille.

Alors que Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]] s'apprête à faire le point sur la CSeries, Embraer songe à lancer un appareil de même taille.

La semaine dernière, un haut dirigeant de Pratt & Whitney s'est rendu au Brésil pour discuter de moteurs. Or, Pratt & Whitney, basé à East Hartford, au Connecticut, ne fabrique pas de moteurs pour des biréacteurs régionaux.

Par contre, le motoriste travaille sur des moteurs qui pourraient équiper des appareils de plus grande taille, soit de la taille de la CSeries de Bombardier ou d'une nouvelle famille d'Embraer, la série 200.

L'idée d'une série 200 circule depuis quelques mois. En septembre dernier, un site Internet brésilien consacré au monde des affaires avait indiqué qu'Embraer travaillait sur la conception d'un appareil pouvant accommoder jusqu'à 140 passagers.

Pas d'inquiétude

Chez Bombardier, on a aussi eu vent de ce qui se trame au Brésil, sans se montrer inquiet. «Nous avons entendu ces rumeurs, déclare Marc Duchesne, un porte-parole de Bombardier Aéronautique. Mais nous considérons que si nous lançons la CSeries, ce sera un meilleur produit.»

C'est cette semaine que Bombardier doit faire le point sur sa nouvelle famille d'appareils. L'avionneur montréalais pourrait mettre fin à ce programme, mais il est plus problable qu'elle poursuive tranquillement son développement technologique tout en cherchant un partenaire financier et un nombre suffisant de commandes fermes.

À l'heure actuelle, Embraer fabrique des biréacteurs régionaux de petite taille, la famille 145, des appareils qui comptent de 37 à 50 places.

L'avionneur brésilien fabrique également des biréacteurs de grande taille, la famille E-Jets, des appareils de 70 à 118 places. La direction d'Embraer a toujours dit qu'elle n'était pas intéressée à lancer un appareil plus gros que ceux de la famille E-Jets parce qu'elle ne voulait pas affronter directement la compétition d'Airbus et de Boeing. Richard Aboulafia, un analyste à la firme américaine Teal Group, note qu'avec sa série 200, Embraer ferait face au même problème que Bombardier avec sa CSeries.

L'appareil pourrait très bien se vendre... jusqu'à l'arrivée des nouvelles versions du B737 et de l'A320, prévues pour le début ou le milieu des années 2010. À moins, bien sûr, que le nouvel appareil d'Embraer présente une extraordinaire technologie d'avant-garde, ce dont doute M. Aboulafia.

«C'est une très bonne compagnie, mais ils n'ont pas beaucoup d'expérience avec les matériaux composites», déclare-t-il.

Il a ajouté qu'Embraer a récemment mis beaucoup d'efforts et de ressources dans le secteur de l'aviation d'affaires, qui présente des marges plus élevées que l'aviation commerciale.

«Ils ont des ressources limitées, ils doivent faire des choix», fait-il observer.

Nelson Klug, un analyste de la firme américaine Avitas, estime que la stratégie adoptée par Embraer jusqu'ici l'a bien servie.

«Par contre, je ne les vois pas nécessairement demeurer là où ils sont, je les vois repousser leurs limites ", lance-t-il. Richard Aboulafia croit également qu'Embraer pourrait causer des surprises et aller au-delà du marché de l'aviation régionale.

«Ils sont déterminés à investir dans l'avenir», affirme-t-il. Il souligne un autre élément qui pourrait signaler un changement de cap chez Embraer: la semaine dernière, EADS, la société mère d'Airbus, a fait savoir qu'elle vendra la participation de 2,12 % qu'elle détient dans l'avionneur brésilien.