Pour attirer l'attention des recruteurs des autres pays, il faut s'adapter à leurs exigences. Certains détails peuvent faire toute la différence.

Pour attirer l'attention des recruteurs des autres pays, il faut s'adapter à leurs exigences. Certains détails peuvent faire toute la différence.

Quand le responsable de stage québécois de Véronique, une jeune Française, a pris connaissance de son curriculum vitae, il lui a gentiment conseillé de le modifier.

«Je présentais d'abord ma formation, en incluant les mentions d'excellence et le titre de mon mémoire de maîtrise. Après son adaptation à la québécoise, mon CV passait ces précisions sous silence, mais il fournissait beaucoup plus d'informations sur mon expérience», raconte-t-elle.

En France, Véronique avait rédigé son CV selon les standards exigés là-bas par les employeurs. Elle avait même reçu l'aide d'un club de chercheurs d'emploi.

«Malgré une langue commune, le Québec et la France ont des cultures bien différentes en matière de recrutement», dit-elle.

L'utilisation de la graphologie par les employeurs et les firmes de recrutement est une des grandes particularités de l'Hexagone. De nombreuses entreprises exigent donc des documents manuscrits au cours du processus d'embauche.

Marc Normandin a travaillé plusieurs années en France et il est aujourd'hui conseiller, à Montréal, dans une grande firme internationale de recrutement de cadres supérieurs.

Il confirme: «En France, comme dans la majorité des pays européens, les candidats fournissent aux entreprises plusieurs informations personnelles qui sont absentes des CV nord-américains, comme la date de naissance, le statut matrimonial, les intérêts, les hobbys et, dans plusieurs cas, une photo», dit-il.

Selon M. Normandin, le CV d'un candidat qui omet ces informations risque d'être considéré comme incomplet par les recruteurs.

«À l'inverse, les employeurs américains exigent un minimum de renseignements personnels parce qu'ils veulent éviter les plaintes de discrimination. Toutefois, ils veulent une présentation très détaillée des expériences de travail», dit-il.

«Il ne sert à rien de juger quelle approche est la meilleure. Il faut tout simplement adapter son CV aux façons de faire des employeurs de chaque pays. Il est impérieux de le faire parce que le CV demeure l'outil de marketing numéro un des chercheurs d'emploi», poursuit-il.

Pour cette raison, M. Normandin recommande de proscrire les traductions, même lorsque les exigences des employeurs au chapitre des contenus sont similaires aux nôtres, comme c'est le cas dans les provinces canadiennes anglophones.

«Les recruteurs détectent rapidement les traductions littérales ou les gallicismes. Lorsqu'on doit présenter un CV en anglais, il faut le recommencer et faire appel, en cas de doute, à un professionnel de la langue anglaise», précise-t-il.

La grande Toile est fort utile pour connaître les cultures locales de CV. Les sites Internet www.lerucher.com ainsi que www.studya.com ont des sections consacrées aux standards de différents pays.

Le CV international

«La recherche autonome d'emploi spécifique par pays est très difficile. Dans les faits, 80 % des postes internationaux sont offerts aux Canadiens à travers des entreprises canadiennes, des organisations non gouvernementales et les gouvernements», rappelle Jean-Marc Hachey, conférencier et auteur de The Big Guide to Living and Working Overseas.

Dans cette véritable bible du travailleur international, comprenant 1100 pages et un cédérom, M. Hachey recommande à tout chercheur d'emploi vers l'étranger de rédiger un CV international.

«Ce document est beaucoup plus axé sur la personnalité professionnelle que le CV domestique. On doit y retrouver, par exemple, les objectifs poursuivis, l'inventaire de ses aptitudes et la présentation fonctionnelle des postes occupés», explique-t-il.

«Le CV International doit également présenter les compétences interculturelles du candidat et fournir certaines informations que l'on ne retrouve pas pour des emplois locaux, comme par exemple l'emploi du conjoint, le nombre d'enfants et leur âge», poursuit-il.

Des exemples de ces CV se trouvent sur les pages françaises du site Internet de M. Hachey, à l'adresse www.workingoverseas.com

«Un CV international est par définition plus long que son équivalent canadien. Il doit malgré tout être rédigé avec l'écriture la plus efficace possible et sa mise en pages doit faciliter la lecture rapide», précise M. Hachey.

Cet ancien employé du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés et du German Volunter Service, entre autres, croit que même les chercheurs d'emploi qui postulent à l'étranger sans intermédiaire ont intérêt à se doter d'un tel outil.

«Tout employeur étranger sera intéressé d'en savoir plus sur les capacités d'adaptation d'un candidat venu d'ailleurs, sur sa connaissance de la politique, de l'économie et de la géographie locale ainsi que sur sa compréhension des différences de cultures d'entreprise», insiste-t-il.

Dernier détail: la description du niveau de connaissance et de compréhension des langues secondes écrites, parlées et lues doit être beaucoup plus précise pour un poste à l'étranger.