La justice américaine a validé lundi une plainte en nom collectif contre plusieurs fabricants de tabac pour information mensongère sur les méfaits des cigarettes "légères", ce qui pourrait potentiellement coûter jusqu'à 200 milliards de dollars aux cigarettiers.

La justice américaine a validé lundi une plainte en nom collectif contre plusieurs fabricants de tabac pour information mensongère sur les méfaits des cigarettes "légères", ce qui pourrait potentiellement coûter jusqu'à 200 milliards de dollars aux cigarettiers.

Dans une décision longue de 1.000 pages, le juge Jack Weinstein d'un tribunal fédéral basé à Brooklyn (New York) a rendue effective une plainte déposée initialement en 2004 et a fixé à janvier le choix d'un jury.

La plainte Schwab, du nom de l'un des plaignants, Barbara Schwab, s'attaque aux cigarettiers Philip Morris, Reynolds, British American Tobacco, Liggett, Brown and Williamson et Lorillard, estimant que ces derniers ont trompé les consommateurs sur les méfaits des cigarettes lights afin de préserver leurs recettes.

"Près de 50 millions de personnes forment cette plainte en nom collectif", a expliqué à l'AFP l'un des avocats des plaignants.

"Nous demandons entre 100 et 200 milliards de dollars de dommages, ce qui correspond au montant des revenus perçus avec les cigarettes light depuis 1971 (date du début de la commercialisation de ce produit, ndlr) jusqu'à aujourd'hui", a ajouté Michael Hausfeld.

Parallèlement, "nous allons demander aux Commissions de régulation des 50 Etats américains de retirer ou de suspendre les licences sur le tabac de tous ces fabricants pour tous les types de cigarettes", a fait savoir cet avocat.

Contacté par l'AFP, le fabricant Reynolds a indiqué qu'il allait saisir une cour d'appel de New York.

"Nous ne sommes pas d'accord avec la décision du juge de valider cette plainte en nom collectif, car comme nous l'avons fait valoir depuis le début, chaque fumeur de cigarettes light choisit ces cigarettes pour des raisons différentes", a rapporté David Howard, un porte-parole.

"Dans ce contexte, une plainte en nom collectif ne peut être reconnue en tant que telle", a-t-il ajouté.

Le cigarettier Philip Morris, filiale du groupe américain Altria, a également fait savoir qu'il comptait faire appel, contestant lui aussi la nature collective de la procédure. "Le groupe va prendre les mesures nécessaires immédiatement pour entamer la procédure d'appel", peut-on lire dans un communiqué.

Philip Morris, qui va saisir la même cour d'appel new-yorkaise que Reynolds, va demander la suspension du déroulement du procès "d'ici à une décision de la juridiction d'appel".

"Cette affaire est formée d'individus qui ne sont pas en cours de rétablissement pour des problèmes de santé, qui continuent de fumer des cigarettes light et qui n'ont pas payé plus pour fumer des Marlboro Lights que ce qu'ils auraient payé pour des Marlboro standard", a souligné Philip Morris.

Ce nouveau procès "est un revers pour les fabricants", soulignent les analystes du site financier Briefing.com, alors que la justice américaine a récemment été clémente avec l'industrie du tabac, réputée pour ses larges contributions au financement des campagnes électorales aux Etats-Unis.

En août, le procès historique contre les cigarettiers initié par le gouvernement Clinton en 1999, s'est soldé par la reconnaissance que ces groupes avaient menti pendant des années sur les méfaits du tabac, mais n'a attribué aucun dommage, alors que le ministère public réclamait initialement 280 milliards de dollars.

En avril, la Cour suprême de Floride avait confirmé une décision de justice annulant la condamnation de cinq fabricants à payer 145 milliards de dollars à des fumeurs, jugeant la somme demandée "excessive" et de nature à provoquer la faillite de certains accusés.

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