Les années se suivent et se ressemblent. Cette fois-ci encore et l'an prochain sans doute aussi, Montréal connaîtra une des expansions économiques parmi les plus modestes au pays à cause de sa trop faible croissance démographique.

Les années se suivent et se ressemblent. Cette fois-ci encore et l'an prochain sans doute aussi, Montréal connaîtra une des expansions économiques parmi les plus modestes au pays à cause de sa trop faible croissance démographique.

Elle ne franchira pas la barre des 2 % cette année, ni celle des 3 % l'an prochain selon les prévisions du Conference Board du Canada qui fait figure d'optimiste dans son pronostic de croissance à l'échelle du pays. C'est moins que toutes les grandes villes canadiennes cette année et à peine mieux que Regina, Winnipeg et Victoria l'an prochain.

" Tant et aussi longtemps que Montréal aura une croissance démographique de 0,7 %, on ne peut espérer battre Toronto qui en a une de 2 % ", résume Mario Lefebvre, directeur, services des notes de conjoncture métropolitaines, pour l'organisme de recherches indépendant basé à Ottawa.

Les immigrants s'en vont

Non seulement les Québécoises enfantent-elles moins que les Ontariennes, mais la société distincte peine à garder les immigrants qu'elle accueille. À l'exception de 2002, le solde des migrations interprovinciales est négatif pour le Québec.

" En 2002, le Québec avait connu une forte croissance grâce au plan de devancement des infrastructures lancé par la ministre Pauline Marois, avance en guise d'explications Marie-Christine Bernard, directrice associée aux prévisions économiques. Après, la croissance s'est déplacée vers l'Alberta. "

Si Montréal parvenait seulement à garder ses immigrants, ses perspectives se rapprocheraient de celles de Toronto.

Cela dit, Montréal ne va pas si mal, si on considère le choc subi par la poussée du huard et la concurrence chinoise. La Ville a créé des emplois dans le transport, le commerce, les services financiers et professionnels, dans la santé qui ont compensé les pertes dans le vêtement et les boissons (avec ou sans alcool).

Faible cette année à moins de 1 %, la création d'emplois devrait augmenter quelque peu l'an prochain dans l'agglomération métropolitaine. Toutefois, croit le Board, cela ne suffira pas à faire baisser le taux de chômages qui devrait flirter encore avec les 9 %.

Consommation vigoureuse

La consommation sera vigoureuse, grâce surtout aux réductions d'impôts. L'abaissement de la TPS jumelée à la majoration jusqu'à 1000 $ du revenu d'un travail non imposable crée un enrichissement réel des consommateurs. Cela sera renforcé par le versement l'an prochain par Québec d'un fort montant à ses employées pour réaliser l'équité salariale. Le Board croit que les ventes en magasins progresseront de près de 4 % cette année et l'an prochain.

La construction résidentielle ralentit, certes, avec moins de 20 000 mises en chantier, mais il n'y a pas d'affaissement. C'est plutôt un retour à la normale compte tenu que la population de la métropole québécoise se gonfle de 28 000 à 30 000 citoyens par année.

Après une année désastreuse, le secteur manufacturier montréalais émerge en douce. La rationalisation exigera encore des coupes d'emplois mais les commerces de gros et de détail, de même que les services dans leur ensemble créeront encore beaucoup d'emplois.

Comme toutes les grandes villes canadiennes, Montréal souffre enfin du vieillissement de ses infrastructures comme l'a montré tragiquement l'effondrement du viaduc de la Concorde à Laval. " Les villes n'ont pas les capacités financières pour soutenir ces besoins, prévient M. Lefebvre. Elles ne peuvent être en déficit opérationnel. "

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