C'est l'automne de la dernière chance pour la CSeries.

C'est l'automne de la dernière chance pour la CSeries.

Bombardier décidera au cours des trois prochain mois s'il lancera la nouvelle famille d'appareils de 110 à 130 places. Et cette fois-ci, le manque de commandes ne viendra pas entraver le projet. L'avionneur est persuadé que les commandes seront au rendez-vous.

" J'ai rencontré un grand nombre d'avionneurs, et il y a beaucoup d'intérêt pour ce genre d'appareil, a déclaré le président de Bombardier Aéronautique, Pierre Beaudoin, en marge du congrès annuel de la National Business Aviation Association (NBAA). Les compagnies aériennes confirment que la plateforme qu'ils recherchent correspond à ce sur quoi nous travaillons. "

Le conseil d'administration de Bombardier avait placé trois conditions pour autoriser le lancement de la CSeries: la capacité de concevoir un appareil technologiquement avancé permettant de réaliser des économies de 15 % sur les coûts d'exploitation, un montage financier impliquant la participation des gouvernements et des fournisseurs, et un carnet de commandes suffisamment garni. C'est cette dernière condition qui avait fait défaut lorsque Bombardier avait décidé de mettre la CSeries sur la glace, le printemps dernier.

Bombardier avait toutefois gardé une équipe de 50 personnes, sur les 300 membres de l'équipe initiale, qui avait continué à travailler sur la nouvelle famille. Or, l'avion a continué à évoluer. C'est ainsi que les ailes de l'appareil seront dorénavant en matériaux composites plutôt qu'en aluminium. L'appareil a été raccourci, ce qui réduit encore davantage son poids. La technologie du moteur a également évolué.

En entrevue avec La Presse Affaires, M. Beaudoin a indiqué que Bombardier continuait à discuter avec Pratt & Whitney Canada à ce sujet, mais qu'il parlait également avec d'autres motoristes.

Selon lui, la demande est là, les gouvernements au Canada et au Royaume-Uni sont encore intéressés à une participation, la Chine pourrait se joindre aux fournisseurs. Ce qui manque maintenant au projet, c'est un partenaire financier.

" On parle de quelqu'un qui investirait dans le programme parce qu'il croit à son succès ", a déclaré M. Beaudoin.

Le grand patron de Bombardier Aéronautique n'a pas voulu révéler qui pourrait être ce partenaire, sinon pour dire qu'il s'agirait probablement d'un étranger " parce qu'au Canada, nous sommes le seul avionneur ". S'agirait-il d'un grand manufacturier comme Boeing?

" Je n'exclus personne ", a déclaré M. Beaudoin.

Une autre grande décision attend le conseil d'administration de Bombardier au cours des prochains mois: le lancement du CRJ900X, une version allongée du biréacteur régional CRJ900.

Cet appareil compterait 100 passagers, ce qui n'entrerait pas vraiment en concurrence avec la CSeries. Il pourrait prendre son envol dans 24 à 36 mois, alors que la CSeries ne deviendrait réalité qu'en 2013.

" Ce sont deux produits différents ", a fait valoir M. Beaudoin.

Comme dans le cas de la CSeries, le carnet de commandes du CRJ900X n'inquiète pas le président de Bombardier Aéronautique.

" Notre concurrent a vendu pas mal d'appareils de 100 places au cours des deux dernières années, a-t-il déclaré. Nos clients nous demandent un tel appareil et nous pensons que nous pouvons en offrir un supérieur à celui de notre concurrent au niveau économique. Ça compte pour les compagnies aériennes. "

Bombardier ne destine pas cet appareil au marché américain, du moins, pas dans un premier temps. Les conventions collectives entre les sociétés aériennes et les pilotes ne permettent pas aux transporteurs régionaux d'utiliser des appareils de 100 places.

Bombardier vise donc ses clients européens, comme Lufthansa et SAS.

" Nous n'avons pas besoin d'avoir un grand volume de vente pour avoir un succès parce que cet appareil nécessite un outillage que nous possédons déjà ", a précisé M. Beaudoin.

Le développement du CRJ900X ne demandera qu'un investissement de 300 millions US, comparativement à 2,1 milliards US pour la CSeries. Il reste cependant à finaliser le plan d'affaires du CRJ900X avant de procéder à un lancement.

Un tel lancement n'aurait pas d'impact sur la décision que devra prendre bientôt Bombardier au sujet d'une réduction de la cadence de production du CRJ700 et du CRJ900 à Mirabel.

M. Beaudoin a indiqué que le CRJ900 sera assemblé à Mirabel, mais qu'il ne sera pas en production avant deux ou trois ans. En attendant, le carnet de commandes actuel du CRJ700 et du CRJ900 ne permet pas de maintenir la cadence actuelle de 76 appareils par année.

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