L'hypothèse d'une contagion de la crise de l'immobilier américain aux marchés financiers n'en finit pas de tourmenter Wall Street, qui a accumulé signes d'inquiétudes et mauvaises nouvelles en début de semaine.

L'hypothèse d'une contagion de la crise de l'immobilier américain aux marchés financiers n'en finit pas de tourmenter Wall Street, qui a accumulé signes d'inquiétudes et mauvaises nouvelles en début de semaine.

La douche froide a été sévère mardi: les fonds d'investissement Carlyle et Onex ont été éconduits par des banques créancières pour refinancer 3,1 milliards US de crédits. Selon des sources proches du dossier, citées par le Wall Street Journal, ces banques ont décidé de «reporter» l'opération à un moment plus opportun.

Cette somme doit aider les fonds à financer le rachat d'Allison Transmission pour 5,6 milliards (tous les montants sont en dollars américains) auprès de sa maison mère, General Motors, le premier constructeur automobile américain, par l'entremise d'un processus largement répandu chez les fonds acheteurs: un rachat par endettement (LBO en anglais, pour leverage buy-out).

Par ailleurs, le refinancement de 12 milliards de dettes du constructeur automobile Chrysler, dans le cadre du rachat de ce dernier par Cerberus, a été reporté par les banques syndiquées, la crise des prêts hypothécaires subprime (à haut risque) affectant d'autres secteurs du crédit.

Déjà lundi soir, l'agence de voyage en ligne Expedia avait revu en nette baisse son programme de rachat d'actions, faute d'avoir obtenu l'emprunt souhaité pour le financer.

Cette contraction du crédit sur le marché financier américain trouve son origine dans la crise des prêts hypothécaires à risques dits subprime.

Ceux-ci ont permis aux Américains fragiles financièrement d'accéder à la propriété mais beaucoup d'entre eux ne peuvent maintenant plus faire face à la hausse des taux de leurs prêts et sont acculés au défaut de paiement, ce qui fragilise leurs créanciers.

Ces emprunts sont titrisés – c'est-à-dire décomposés en de multiples titres financiers – mais avec des taux d'intérêt importants, ce qui permet à leurs détenteurs de réaliser d'importantes plus-value si les créances sont honorées, et, à l'inverse, une perte d'ampleur en cas de défaut de paiement.

La semaine dernière, le président de la banque centrale américaine, Ben Bernanke, a mis en garde contre des «pertes importantes dues aux défauts de paiements sur ces emprunts», citant un montant compris entre 50 et 100 milliards.

La déroute à la fin de juin de deux fonds spéculatifs de la banque d'affaires Bear Stearns spécialisés dans les crédits à risque avait déjà fait peur aux marchés.

Mardi, le groupe Countrywide Financial, l'un des plus importants organismes financiers spécialisés dans les prêts hypothécaires aux États-Unis, a fait état d'une chute de 33% de son bénéfice trimestriel, ajoutant encore à la nervosité des marchés.

«Même avant la publication des résultats de Countrywide Financial, le dollar a touché un plus bas niveau depuis deux mois face au yen et a faibli devant les autres devises, en raison de spéculations sur une aggravation des pertes (dans le secteur) et sur un repli de la demande en titres américains», souligne le site financier Briefing.com.

Pourtant, interrogé lundi par la chaîne financière CNBC, le secrétaire au Trésor américain, Henry Paulson, avait assuré à propos de la crise du secteur du logement que l'on avait touché le fond ou que l'on s'en approchait.

Il avait profité de l'occasion pour appeler à «la vigilance» sur les risques inhérents aux prêts à risque mais avait déclaré: «Nous avons un secteur financier en bonne santé dans ce pays, avec des résultats de sociétés à des niveaux records.»

Enfin, l'agence de notation Standard and Poor's a noté mardi, dans un rapport, le manque de visibilité de certains produits financiers dérivés comme les CDO (collaterized debt obligations), des prêts qui, éclatés en une multitude de titres, sont censés atténuer pour le porteur les risques de défaut de l'emprunteur.