Avant même de franchir les douanes de l'aéroport à Nassau, aux Bahamas, un groupe de musique jazz nous accueillent avec des airs festifs.

Avant même de franchir les douanes de l'aéroport à Nassau, aux Bahamas, un groupe de musique jazz nous accueillent avec des airs festifs.

De l'autre côté des guérites, des pubs sur l'investissement, sur les hôtels et sur le majestueux casino s'ajoutent au décor: aucun doute, nous sommes aux Bahamas, terre d'argent et de liberté.

Ici, le soleil est roi, même en octobre. Une mer à perte de vue finit son parcours sur des plages recouvertes de sable blanc. Sur la route, les voitures de cette ancienne colonie britannique roulent à gauche, même si le volant du conducteur est tantôt à droite tantôt de l'autre côté.

C'est dans cet archipel des Antilles, à 286 kilomètres de Miami, que se sont installées de nombreuses familles fortunées du Canada et du Québec.

C'est le cas du fondateur de Provigo, Antoine Turmel, ou du Montréalais Bruce Kaufman, qui a empoché des dizaines de millions de dollars en vendant son entreprise Kaufel.

Il faut dire qu'aux Bahamas, contrairement à la Floride, par exemple, il n'y a ni impôts sur le revenu, ni taxe de vente, ni impôts fonciers. Certes, une maison ici coûte souvent plus cher, mais l'investissement peut être payant pour certains riches expatriés qui veulent dire adieu aux impôts. Et l'archipel des Bahamas est sécuritaire, avons-nous pu constater, malgré certains quartiers plus difficiles.

C'est aussi aux Bahamas que se sont tramés les principaux scandales financiers canadiens des dernières années, qu'on pense à Cinar (Charest-Weinberg), à Norshield (John Xanthoudakis) ou à Dominion Investments (Martin Tremblay).

Sur place, la présence du Canada étonne. Le drapeau canadien flotte sur plusieurs bâtiments touristiques ou financiers du centre-ville de Nassau, en compagnie des drapeaux américain, suisse et bahaméen.

La présence canadienne se manifeste aussi dans le système bancaire. La Banque Royale et la Banque Scotia sont les deux institutions les plus en vue du centre-ville. Nassau est d'ailleurs la seule ville des Antilles où la Royale offre des services bancaires complets, services aux particuliers compris. La Banque y est présente depuis l'année qui a suivi sa fondation, en 1870.

Dans son rapport annuel, la Royale ne donne pas de détails financiers sur ses activités bancaires dans les Antilles. Tout ce qu'il est possible de savoir, c'est que la Banque a 42 succursales dans les Antilles et quatre centres d'affaires.

Néanmoins, Statistique Canada publie des données sur l'ensemble du secteur bancaire. Ainsi, en 2003, les banques canadiennes avaient des actifs totalisant 53 milliards de dollars dans ce qu'on appelle les centres financiers offshore ou CFO (Barbades, Bermudes, Bahamas, etc.).

En ajoutant les autres entreprises canadiennes de services financiers (assurance, courtiers en valeurs mobilières, etc.), l'actif atteint 72 milliards. Depuis 1990, la croissance du secteur financier canadien dans les CFO a été de 18% par année, en moyenne, soit bien davantage que la croissance nominale de l'économie canadienne (4,6% par année).

En ajoutant les secteurs autres que le financier, l'actif total canadien dans les CFO a atteint 88 milliards de dollars en 2003, dont environ 10% a été investi dans l'archipel des Bahamas.

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