Ballotté d'une crise à l'autre et de problème en problème, le président de l'Union des producteurs agricoles (UPA), Laurent Pellerin, craint que l'agriculture québécoise ne connaisse finalement le même sort que le secteur forestier.

Ballotté d'une crise à l'autre et de problème en problème, le président de l'Union des producteurs agricoles (UPA), Laurent Pellerin, craint que l'agriculture québécoise ne connaisse finalement le même sort que le secteur forestier.

À l'ouverture du 82e congrès général annuel du syndicat agricole, M. Pellerin a énuméré une série de profonds malaises qui heurtent de plein front l'agriculture québécoise.

"Une crise du revenu qui perdure, la concurrence internationale qui mine le secteur des céréales, la crise du porc, etc." sont dans l'esprit de M. Pellerin autant de problèmes qui affectent le secteur agricole.

Devant les quelque 450 délégués à cette rencontre annuelle, le président de l'UPA n'a pas fait mention des problèmes qui secouent la coopérative agricole Olymel. Plus tard en conférence de presse, il précisait que l'on se dirigeait tout droit vers une restructuration du secteur. "Ça ébranle, avoue-t-il, notre propriété coopérative."

Il ne rejette pas pour autant l'idée que les producteurs de porcs imitent les producteurs de bovins qui sont devenus propriétaires d'un abattoir au plus fort de la crise de la vache folle et se portent, eux aussi, acquéreurs d'un abattoir. "Ça fait partie, dit-il, de notre réflexion."

Il note toutefois que la situation est loin d'être rose dans le porc. Il constate que le nombre de porcs abattus au Québec a déjà atteint 7,7 millions de têtes et qu'il se retrouve à 7 millions. "Au rythme où vont les choses, précise-t-il, je ne serais pas surpris que l'on se retrouve sous la barre de 7millions."

LONG À DIRE SUR OTTAWA

Mais, M. Pellerin en avait long à dire sur l'attitude manifestée par le gouvernement fédéral de Stephen Harper. Son ministre de l'Agriculture, Chuck Strahl, qui a accepté, hier, de s'adresser aux membres de l'UPA demain, pourrait goûter à la médecine des agriculteurs québécois qui ont l'habitude de faire connaître ouvertement leur mécontentement quand ça ne tourne pas rond.

Déjà, on a mis la table à M. Strahl. Dans le couloir du Centre des congrès, les producteurs agricoles ont empilé une trentaine de sacs de grains bien ornés de pancartes où on peut lire : "M. Harper, vous avez abandonné les producteurs de grains". Ou encore : "MM. Strahl et Vallières, les discours ont assez duré."

M. Pellerin a donné le ton. Il ne cache pas son indignation à l'égard de fonctionnaires fédéraux. "Je m'insurge à l'idée, qui parfois transpire des officines fédérales, avoue-t-il, que les agriculteurs seraient les artisans de leurs propres malheurs, prétendument qu'ils seraient moins compétitifs."

D'ÉGAL À ÉGAL

Pour le président de l'UPA, il ne fait aucun doute que ce ne sont pas les producteurs qui sont moins compétitifs, mais le gouvernement. "Qu'on nous procure le même soutien et les mêmes règles que les autres, avance-t-il comme solution au problème, on verra bien que nous sommes aussi compétitifs et aussi efficaces, sinon davantage."

Tout le contexte des échanges commerciaux horripile le président de l'UPA. Il déplore que bon nombre de pays, comme la Chine et plusieurs autres, inondent le marché canadien et québécois de denrées alimentaires sans être soumis aux mêmes exigences que les agriculteurs québécois.

"Les Américains sont prêts à fermer la frontière pour la vache folle, ironise-t-il. Ils sont prêts à fermer la frontière pour un petit ver qu'on ne voit même pas dans des patates. Nous autres, on est trop gêné de fermer la frontière. Je commence à être tanné de cela. On ne peut pas continuer à nous demander de lutter contre les trésors des étrangers."

M. Pellerin déplore vivement le fait que "les produits québécois se font tasser sur les tablettes des marchés par les produits étrangers". Pour lui, cette façon de procéder équivaut à "une compétition déloyale". Tout en prêchant en faveur de l'achat de produits étiquetés Aliments Québec, M. Pellerin croit que "le consommateur en est rendu à faire des choix conséquents."

Aujourd'hui, il sera question d'environnement et de cohabitation harmonieuse puisque le ministre québécois de l'Agriculture,Yvon Vallières et son collègue de l'Environnement, Claude Béchard, en compagnie de M. Pellerin procéderont au lancement du plan d'action concerté sur l'agroenvironnement et la cohabitation harmonieuse.