"Iniquité", "discrimination", "inconsistance": les dirigeants de Telus n'ont pas mâché leurs mots hier pour dénoncer le nouvel impôt fédéral sur les fiducies de revenu et la façon dont il sera appliqué.

"Iniquité", "discrimination", "inconsistance": les dirigeants de Telus n'ont pas mâché leurs mots hier pour dénoncer le nouvel impôt fédéral sur les fiducies de revenu et la façon dont il sera appliqué.

Mardi, le ministre fédéral des Finances a annoncé qu'il imposerait désormais les distributions versées par toutes les nouvelles fiducies de revenu, laissant toutefois une période grâce de quatre ans à celles déjà établies. Telus, qui avait annoncé il y a deux mois son intention de créer une vaste fiducie de 17 milliards de dollars, estime qu'elle devrait aussi pouvoir bénéficier de ce répit.

"Nous devrions pouvoir profiter de la même clause de droits acquis (grandfathering) que les fiducies déjà existantes", a fait valoir Darren Entwistle, président et chef de la direction de Telus, qui présentait hier les résultats de troisième trimestre aux analystes financiers.

La fiducie proposée par Telus aurait comporté son lot d'avantages, et pas seulement pour les investisseurs, a affirmé M. Entwistle. Par exemple, une partie des millions économisés en impôts aurait été réinvestie dans l'innovation en télécommunications.

"Il est important de noter que les avantages découlant des économies d'impôt à l'intérieur d'une fiducie accentuent la valeur que nous créons pour nos actionnaires et augmentent l'argent disponible pour le réinvestissement dans nos activités de base", a expliqué M. Entwistle.

La conversion de Telus en fiducie, même si elle apparaît de plus en plus improbable, n'est pas écartée à 100%.

"À ce moment-ci, seulement 48 heures après la décision, il est prématuré de fermer la porte à une fiducie, a averti le président. Si nous nous étions laissé facilement dissuader de recourir à certaines stratégies dans le passé, nous n'aurions pas bâti l'entreprise que nous avons aujourd'hui."

Darren Entwistle devait accorder une entrevue à La Presse Affaires pour discuter plus en détail des résultats de Telus et des événements des derniers jours, mais il a finalement refusé de nous parler. Le dirigeant n'avait pas assez de temps, nous a dit une porte-parole.

Hausse du dividende

Telus, dont le siège social est à Vancouver, a présenté des résultats en hausse pour le troisième trimestre de 2006. Les profits ont bondi de 68% par rapport à 2005, à 320 millions de dollars. L'an dernier, un conflit de travail avait plombé les résultats de l'entreprise. Le bénéfice par action a grimpé à 0,92$, en hausse de 74%.

Les revenus ont quant à eux atteint 2,21 milliards, comparativement à 2,06 milliards il y a un an.

Pour la première fois, les revenus du secteur du sans-fil ont contribué à plus de la moitié du bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) consolidé de Telus.

Pour mettre un peu de baume sur les plaies de ses investisseurs, déçus par l'échec probable du projet de fiducie de revenu, Telus a aussi annoncé une majoration de son dividende trimestriel. Il passera à 37,5 cents, soit une hausse de 10 cents, ou 36%.

Telus a par ailleurs révisé à la hausse ses prévisions de bénéfice par action pour 2006. Celui-ci devrait s'établir entre 3,15$ et 3,25$, légèrement plus que la fourchette de 2,90$ à 3,10$ prévue à l'origine. L'action de Telus a clôturé la journée à 57,38$ hier à la Bourse de Toronto, en baisse de 35 cents (0,61%). Mercredi, au lendemain de l'annonce surprise du ministre Jim Flaherty sur les fiducies de revenu, elle avait chuté de 14%.

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