L'homme d'affaires Pierre Morency s'insurge une fois de plus contre une décision de la Ville de Sherbrooke concernant l'acquisition de bacs roulants. Cette fois, c'est l'achat de 3000 bacs supplémentaires pour le recyclage qui fait sortir de ses gonds le président de la compagnie sherbrookoise Nova Envirocom.

L'homme d'affaires Pierre Morency s'insurge une fois de plus contre une décision de la Ville de Sherbrooke concernant l'acquisition de bacs roulants. Cette fois, c'est l'achat de 3000 bacs supplémentaires pour le recyclage qui fait sortir de ses gonds le président de la compagnie sherbrookoise Nova Envirocom.

C'est que la Ville achètera encore une fois des bacs dits "bas de gamme", bacs que ne vend pas M. Morency. Sa compagnie distribue uniquement des bacs haut de gamme, plus lourds et sensés être plus résistants que les bacs bas de gamme.

"Au point de vue légal, l'appel d'offres respecte les recommandations du vérificateur général de la Ville, mais au point de vue politique, on n'encourage nullement l'achat local", dénonce encore une fois M. Morency.

Parce qu'il était persuadé de ne pas pouvoir vendre ses bacs haut de gamme à un prix moindre que les bacs bas de gamme d'entreprises concurrentes, le président de Nova Envirocom n'a pas soumissionné sur ce contrat, qui devrait totaliser un peu moins de 200 000 $. Un bac haut de gamme coûte généralement 5 $ de plus qu'un bac bas de gamme.

Le président du comité exécutif de la Ville, Bernard Tanguay, rétorque que l'appel d'offres était "le plus ouvert possible", comme le recommandait le vérificateur général dans son rapport déposé en février dernier.

"Si l'appel d'offres avait été conçu pour correspondre en tous points aux bacs vendus par M. Morency, on se serait fait accuser de favoritisme", lance M. Tanguay.

"Les contribuables sont-ils prêts à payer plus cher pour favoriser une entreprise locale?" demande pour sa part l'un des membres du comité exécutif, Julien Lachance.

Même s'ils sont considérés comme étant "bas de gamme", les 3000 bacs seront garantis pendant dix ans. Le soumissionnaire retenu devra payer les pièces de rechange si nécessaire, mais les réparations seront effectuées par des cols bleus de la Ville. "En bout de ligne, ça va donc finir par coûter aussi cher aux contribuables sherbrookois", avance Pierre Morency. Ce dernier rappelle que la plupart des municipalités québécoises optent pour des bacs haut de gamme.

Quant à l'appel d'offres visant l'acquisition de quelque 35 000 bacs roulants pour le compost, il n'a pas encore été lancé, mais tout indique que la Ville optera encore une fois pour des bacs bas de gamme garantis dix ans.

Ces bacs bruns de 360 litres devraient être distribués d'ici la fin de 2007. Il serait surprenant que les Sherbrookois reçoivent leurs bacs à temps pour pouvoir composter leur gazon cette année, affirme Bernard Tanguay.

Rappelons qu'il y a deux ans, les fonctionnaires municipaux avaient d'abord concocté des devis restrictifs pour acquérir des bacs roulants de recyclage haut de gamme de marque IPL, identiques aux bacs à déchets.

Devant les pressions exercées par Pierre Morency, la Ville avait finalement annulé ses appels d'offres restrictifs pour qu'un plus grand nombre de fournisseurs puissent soumissionner. Au terme de ce long processus, la Ville a finalement acheté des bacs bas de gamme de marque IPL. La firme sherbrookoise Nova Envirocom, présidée par Pierre Morency, n'avait pas soumissionné sous prétexte que son compétiteur IPL connaissait ses prix.