Confrontées à de nombreux défis, dont ceux imposés par les changements climatiques, plusieurs des 85 stations de ski du Québec vont devoir fermer ou être subventionnées, à terme.

Confrontées à de nombreux défis, dont ceux imposés par les changements climatiques, plusieurs des 85 stations de ski du Québec vont devoir fermer ou être subventionnées, à terme.

C'est du moins l'opinion de Charles Désourdy, président de SkiBromont.com et ex-président du conseil de l'Association des stations de ski du Québec.

Déjà le tiers des stations du Québec sont détenues par des OSBL (organisations sans but lucratif) municipales ou régionales, souligne-t-il à La Presse Affaires.

Ski Bromont était confrontée à la faillite en 1998, mais Charles Désourdy l'a transformée en l'une des stations les plus populaires du Québec. Le président sera d'ailleurs, aujourd'hui (lundi 4 juin), l'une des vedettes de la conférence «Petite entreprise grandes idées» organisée par Visa Canada au Palais des congrès de Montréal.

Les stations Grand Fond, Val d'Irène et de l'Anse Saint-Jean sont déjà passées du privé au public, ajoute Charles Désourdy. C'est Cascades qui soutient le Mont Gleason. Prise en charge par Québec, la station du Mont Orford pourrait passer à la MRC de Magog-Orford. C'est ce qui attend l'industrie du ski d'ici 10 à 20 ans, dit-il.

Les stations du Québec doivent absolument se doter de canons à neige, mais leur coût est trop élevé sans l'apport des revenus du ski de soirée, explique Charles Désourdy.

Or, seul le tiers des stations du Québec éclairent leurs pistes pour la soirée, dont celles de Saint-Bruno, Saint-Sauveur et Stoneham. «Sans le ski de soirée, des stations vont avoir beaucoup de difficultés», déclare le président.

Tremblant et quelques autres centres de ski ont par contre choisi un autre modèle d'affaires, basé sur l'immobilier. Tremblant va ajouter 2000 unités d'hébergement à son Versant Soleil et la station pourra ainsi compter sur une masse critique de clients pour l'avenir, ajoute Charles Désourdy.

Chaque station doit trouver sa propre vocation très ciblée, pour se démarquer car la population vieillit et le nombre de skieurs diminue.

L'industrie attire de jeunes adeptes, dès le primaire, et des membres des communautés culturelles, mais ce ne sera pas suffisant pour lancer d'autres stations de ski, assure Charles Désourdy.

À court terme, le président ne s'inquiète pas trop des changements climatiques même s'ils retardent le début de la saison hivernale et menacent la période cruciale des Fêtes (25% des revenus).

Des micro-climats se créent cependant et si l'Arctique gèle plus tard, cela pourrait toucher le Nord-Est de l'Amérique. D'où les canons à neige.

Charles Désourdy a conclu une entente avec la Banque CIBC en 1998 et a trouvé des investisseurs pour financer les canons à neige de Ski Bromont.

Le président a par la suite fait le tour des congrès, en Amérique du Nord et en Europe, et scruter le comportement des skieurs avant de lancer ses abonnements de saison à 100$ qui ont fait fureur.

D'ailleurs, 85% de ces abonnements sont pour le ski de soirée, dit-il.

Ski Bromont a investi 30 millions depuis 1998, auxquels s'ajouteront bientôt quatre autres millions.

«C'est énorme», reconnaît le président, mais les skieurs apprécient l'ajout de six remonte-pentes en six ans et d'un chalet de 500 places, de même que le damage régulier des pistes.

«Au cours de la dernière saison, le taux de satisfaction a grimpé encore plus et, d'ailleurs, la pré-vente d'abonnements a doublé», dit-il.

Par contre, les investissements des trois dernières années ont été moins rentables que les précédents, note Charles Désourdy. Un entrepreneur doit savoir renouveler sa vision et surtout ne pas la geler dans le béton, dit-il.

Charles Désourdy a gagné plusieurs prix pour sa performance à la barre, dont ceux d'Ernst & Young, des Mercuriades et de Tourisme Québec.

Les conférenciers de Visa Canada comprennent Michel Nadeau, directeur général de l'Institut sur la gouvernance de HEC Montréal, et Michel Leblanc, associé principal d'Analyweb, qui traitera de la vente par internet.