Le milieu bancaire décrie la décision de Québec de hausser les impôts pour boucler la dernière version du budget, jugeant que ce choix l'affaiblit injustement face à la concurrence et est mauvais pour l'économie en général.

Le milieu bancaire décrie la décision de Québec de hausser les impôts pour boucler la dernière version du budget, jugeant que ce choix l'affaiblit injustement face à la concurrence et est mauvais pour l'économie en général.

«On fait face à une compétition féroce dans les autres provinces, à l'international et à l'intérieur du Québec, où on détient seulement 50 % du marché du détail», fait valoir Jacques Hébert, porte-parole de l'Association bancaire canadienne.

«Quand on prend des mesures fiscales inappropriées comme celle-là, ce n'est pas créateur d'emploi et ça n'incite pas à l'investissement», déplore-t-il aussi.

Pour financer les nouvelles mesures de son budget et ainsi arriver à faire adopter ce dernier, la ministre des Finances Monique Jérôme-Forget a annoncé vendredi matin une hausse du taux d'imposition des banques et des pétrolières de 9,9 % à 11,9 %.

«C'est une augmentation de 20%, alors qu'on paie déjà beaucoup d'impôt», dénonce enfin M. Hébert. L'Association calcule que ses membres ont payé plus de 555 M$ en impôt au Québec l'an dernier.

Elle entend écrire à la ministre pour critiquer sa décision mais, mise devant le fait accompli, elle ne prévoit pas de croisade.

Pour se gagner les faveurs du PQ, le gouvernement libéral a ajouté 111 M$ à son budget, soit 60 M$ de plus dans les soins à domicile et les groupes de médecine familiale, 30 M$ pour les élèves en difficulté et 21 M$ pour les régions-ressources.

«Nous prélèverons une contribution supplémentaire des sociétés de raffinage et des institutions financières», a indiqué la ministre des Finances vendredi matin à l'Assemblée nationale, au sujet du financement de ces dépenses.

Du côté des pétrolières, l'Institut canadien des produits pétroliers a indiqué qu'il ne réagirait pas à l'alourdissement du fardeau fiscal de ses membres, un choix «sociétal».

Mais l'Association québécoise des indépendants du pétrole juge la décision bienvenue.

«Les sociétés de raffinage font des profits colossaux depuis 2000, les marges de raffinage sont excessives et elles n'arrêtent pas d'augmenter», fait valoir la présidente de l'Association, Sonia Marcotte.

«On demande un peu d'argent à un secteur qui en a probablement les moyens.»

L'ADQ a vivement dénoncé les hausses d'impôt infligées aux deux industries, soutenant que la facture serait refilée à leurs clients.

« Il y a-t-il quelqu'un dans cette chambre ou dans la population qui pense sérieusement que cette nouvelle augmentation d'impôt ne sera pas refilée directement aux consommateurs ?» s'est indigné le critique adéquiste aux finances, Gilles Taillon.

Mais à l'Union des consommateurs, le porte-parole Charles Tanguay fait remarquer que les pétrolières et les banques profiteront en même temps de la disparition progressive de la taxe sur le capital des compagnies, décidée dans la première mouture du budget. Selon M. Tanguay, il n'y a donc pas de raison de hausser les prix de détail.

«Ce serait vraiment indécent», renchérit Sonia Marcotte.

À CAA-Québec, on souhaite que le gouvernement prenne des mesures pour empêcher la facture de tomber dans le panier du consommateur. La porte-parole, Roxane Héroux, trouve au moins louable que le gouvernement ait choisi de viser des entreprises extrêmement profitables afin de financer des services à des populations vulnérables.

Le budget a finalement été été adopté vendredi à l'Assemblée nationale à 46 voix contre 44, écartant ainsi la possibilité d'élections estivales. Comme prévu, seuls trois députés du Parti québécois se sont présentés pour voter.

Avec la Presse Canadienne