Le constructeur automobile Renault, confronté à une chute de ses ventes et au malaise grandissant de ses salariés, traverse une mauvaise passe, un an après l'annonce par son patron Carlos Ghosn d'un plan d'action axé sur la chasse aux coûts et le développement de nouveaux modèles.

Le constructeur automobile Renault, confronté à une chute de ses ventes et au malaise grandissant de ses salariés, traverse une mauvaise passe, un an après l'annonce par son patron Carlos Ghosn d'un plan d'action axé sur la chasse aux coûts et le développement de nouveaux modèles.

Renault va devoir continuer à «serrer les dents» jusqu'à la mi-2007, date prévue pour le lancement de modèles comme la nouvelle Twingo, avait prévenu M. Ghosn lors du Salon de l'automobile à Paris en septembre.

Mais de l'aveu même du pdg, il y a «beaucoup d'impatience» et une «certaine frustration» des salariés vis-à-vis de résultats commerciaux «médiocres», alors qu'aucun nouveau modèle n'est sorti des usines de Renault en 2006.

Dernière mauvaise nouvelle annoncée jeudi, Renault a dû encaisser une chute de 14,2% de ses ventes en France en février, sur un marché en baisse de 1,8%. Sa part de marché a fondu à 22,4%, en baisse de 3,3 points sur un an.

Le même jour, Carlos Ghosn a demandé à ses cadres un plan comprenant des «actions concrètes» concernant les conditions de travail au Technocentre de Guyancourt (Yvelines), théâtre de trois suicides en quatre mois, attribués par les syndicats au stress lié à l'augmentation des cadences.

C'est justement sur les 12 500 salariés de ce complexe ultra-moderne, haut-lieu de l'ingénierie du groupe, que Carlos Ghosn compte en grande partie pour le développement de 26 modèles, pilier de son plan de relance «Contrat 2009» annoncé il y a un an visant notamment à améliorer la productivité.

Si la recherche d'une rentabilité à tout prix a entamé le moral des salariés, elle a quand même permis à Renault de clôturer son exercice 2006 sur un solide bénéfice net de 4,44 milliards CA, certes en baisse de 14,8%, là où son rival PSA Peugeot Citroën a dû se contenter de 176 millions d'euros.

Il est vrai que ce bénéfice a été alimenté surtout par les contributions du japonais Nissan (1,87 milliard d'euros) et du suédois Volvo (384 millions), intégrés dans les comptes de Renault au pro rata de ses participations.

Dans le même temps, le chiffre d'affaires a reculé de 0,8% à 41,53 milliards d'euros, sous l'effet des ventes en berne en Europe, son principal marché.

Séduits par une stratégie axée sur la rentabilité au détriment des volumes - Renault a ainsi réduit ses ventes, moins lucratives, aux loueurs de voitures -, les marchés continuent à soutenir Carlos Ghosn, qui s'est forgé une réputation de sauveur d'entreprises grâce au redressement spectaculaire de Nissan.

Le titre Renault à la Bourse de Paris s'est ainsi envolé de 30% en 2006, soit dix fois plus que son concurrent PSA.

Un couac s'est toutefois produit début février pour Nissan, dont le titre a chuté à la Bourse de Tokyo, après avoir lancé un avertissement sur résultats. Une première depuis l'arrivée aux commandes en 1999 de Carlos Ghosn.

Si le cours de Renault n'a pas été affecté par cet épisode, les analystes se montrent prudents, tablant sur une sortie du tunnel pas avant la fin de l'année.

«À court terme, le groupe continue à être pris dans une spirale descendante, mais il devrait rebondir fin 2007 ou début 2008», estime Emmanuel Bulle, de la firme Fitch. L'exercice 2007 «restera encore difficile», prévient Sébastien Caron de Fideuram Wargny, pour qui la «probabilité d'avoir une déception est plus forte que celle d'avoir une bonne surprise».