La Chine s'insurge de nouveau contre la présence d'un café de la chaîne américaine Starbucks au sein de la Cité interdite, ouvert en 2000 mais que certains considèrent encore comme un affront dans ce symbole de la civilisation chinoise visité par des millions de touristes.

La Chine s'insurge de nouveau contre la présence d'un café de la chaîne américaine Starbucks au sein de la Cité interdite, ouvert en 2000 mais que certains considèrent encore comme un affront dans ce symbole de la civilisation chinoise visité par des millions de touristes.

La polémique n'a cessé d'accompagner l'enseigne ouverte par la chaîne américaine dans le lieu emblématique de la Chine des empereurs Ming et Qing (XIVe-XXe siècle), un musée visité l'année dernière par 8,76 millions de personnes, dont 1,6 million d'étrangers.

Pour se faire discret, Starbucks a même enlevé il y a deux ans tout signe distinctif de son enseigne, placé non loin du Palais de l'Harmonie suprême et sûrement l'un des plus petits magasins de son réseau chinois qui compte plus de 190 établissements établis dans une vingtaine de villes.

Cependant, un célèbre présentateur de la télévision centrale (CCTV), Rui Chenggang, a relancé le débat récemment sur son blog en appelant Starbucks à quitter la Cité interdite, au motif qu'il «sape la solennité de la Cité interdite et piétine la culture chinoise».

Sa prise de position, soutenue par des milliers d'internautes, a donné lieu à la publication de pages entières sur la question dans la presse officielle.

L'organe du Parti communiste, le Quotidien du Peuple, s'y est même mis, se demandant: «Est-ce que le Starbucks de la Cité interdite doit partir?».

Le porte-parole du musée, Feng Nai'en, a défendu la présence de l'enseigne, permettant de satisfaire les attentes de visiteurs étrangers qui seront de plus en plus nombreux à l'approche des jeux Olympiques de 2008.

Cependant, il a indiqué que cette question serait tranchée au cours du premier semestre.

De son côté, Starbucks, par la voix de son porte-parole Roger Sun, a indiqué apprécier «la longue histoire et la culture de la Cité interdite».

«Starbucks opère de manière respectueuse qui s'intègre dans l'environnement», a-t-il ajouté.

Sur les lieux de la Cité interdite, les touristes sont également partagés.

«C'est un bon endroit pour permettre aux visiteurs de se reposer. Ils ont besoin d'un tel endroit. Beaucoup d'étrangers aiment le café et nous devons leur en proposer si on veut qu'ils viennent», dit Jason Liang, un touriste chinois venu de Canton, qui remarque que les autres cafés présents échappent aux critiques.

«Beaucoup de Chinois aiment aussi ce genre de choses. Cela fait partie du développement global économique naturel», ajoute-t-il.

Pour Wang Di, un habitant de Pékin, la Cité interdite «est un site culturel important pour les Chinois et Starbucks n'y a pas sa place».

«Si les étrangers veulent leurs boissons, qu'ils les apportent eux-mêmes», lance-t-il.

Pour la Britannique Patricia Day, tout cela est une tempête dans une tasse de café créée par les médias.

«Nous avons eu du mal à le trouver. Une fois que vous le voyez, c'est vraiment inoffensif», dit-elle, ajoutant: «Je pense que les gens sont mécontents pour d'autres choses et l'utilisent comme un exutoire».

Une employée d'un magasin du musée, situé près du café dans le même bâtiment, juge sa présence «peu appropriée». «Mais cela permet d'attirer plus de visiteurs qui viennent acheter chez nous», juge-t-elle.

Pour Sun Xiaozhong, chercheur au centre de recherches contemporaines de l'Université de Shanghai, le débat est une illustration du conflit entre la culture chinoise traditionnelle et l'influence croissante de la société de consommation venue de l'étranger.

«Le fait pour Starbucks d'être à la Cité interdite représente une invasion de la culture locale par la société de consommation» (venue de l'étranger), a-t-il affirmé.