Le roi de la patate, le vrai roi de la patate au Québec, est un jeune homme d'affaires de 35 ans, Stéphan Dolbec, qui vit dans un manoir, sur ses 10 000 âcres de terre, à Saint-Ubalde, dans Portneuf.

Le roi de la patate, le vrai roi de la patate au Québec, est un jeune homme d'affaires de 35 ans, Stéphan Dolbec, qui vit dans un manoir, sur ses 10 000 âcres de terre, à Saint-Ubalde, dans Portneuf.

Un vrai château avec une véritable reine, sa reine à lui, Josée, et trois petits princes bien éduqués, Zachary, sept ans, Thierry, cinq ans et Jérémie, deux ans.

Qui plus est, Stephan premier et sa reine peuvent vous raconter une très belle histoire d'amour, la leur, puisqu'elle avait 14 ans lorsqu'il l'a rencontré pour la première fois. Il en avait 16. Ils sont toujours ensemble autant dans la vie que dans le travail.

On ne parle pas ici d'un roi de la patate qui fait frire des pommes de terre dans une cabane de coin de rue. On parle d'un homme d'affaires qui dirige plus de 200 employés et qui réalise annuellement plus de 20 000 transactions de vente et 12 000 transactions d'achat.

Entre-temps, il s'occupe de sa famille, il joue au tennis avec ses chums, les mêmes avec qui il joue au hockey durant l'hiver, tout en se permettant, de temps à autre, un partie de golf avec des fournisseurs ou des clients. C'est le patron de Patates Dolbec.

Patates Dolbec cultive, récolte, entrepose, emballe, transforme, achète et vend plus de 2000 camions remorques de «nobles tubercules» par année.

Ses 10 000 âcres de terre, (en réalité 9500 mais les 500 qui manquent ne sauraient tarder) s'étendent dans 15 municipalités voisines. Une bonne partie des terres de Portneuf lui appartiennent.

En fait, le roi devrait surtout se prévaloir d'un titre de comte. Il en fallait moins (de terre) à l'époque médiévale pour le mériter.

Récemment, Stephan Dolbec a acheté à Sainte-Anne-de-la-Pérade, une municipalité voisine, l'un des plus gros parcs de boeufs de boucherie au Québec (8000 bêtes par année), la ferme Rompré.

Pourquoi Patates Dolbec s'est-il associé à cette ferme ? Parce que, chaque semaine, Patates Dolbec envoyait 60 tonnes de pommes de terre non transformables à la ferme Rompré. Soixante tonnes ! Cent vingt mille livres !

Une filiale de Patates Dolbec, Légubec(voir l'encadré), y envoyait aussi entre 15 et 20 tonnes de purée de pelures de légumes par jour, sans oublier plus du tiers de la production de maïs de Patates Dolbec.

En nourriture pour le troupeau, quotidiennement, on parle de 27 tonnes de patates, ou de sous produits de la patate, et de 30 tonnes de maïs humide et sec. Par jour !

Le coût total par année pour nourrir et engraisser les 8000 boeufs approche le 5 M$.

Stephan Dolbec ne pouvait pas laisser partir l'affaire. Il s'est donc associé à la ferme Rompré, pour le plus grand bien des deux entreprises.

Des patates, donc, mais aussi des légumes et du maïs, de l'orge, du soya, de l'avoine et du foin. Pourquoi ? Pour assurer une rotation de la production sur les terres.

La rotation des sols permet de casser le cycle des maladies et réduit l'érosion des sols de 90%. C'est ainsi que les patates sont meilleures. Parce qu'elles ne poussent pas toujours dans les mêmes champs.

Le plus beau, c'est que l'entreprise n'a que 40 ans, soit cinq de plus que son jeune président. C'est en effet son père, Herman Dolbec, et sa mère, Francine Sauvageau, qui en 1967 achetèrent la petite terre du grand-père, Adrien Dolbec; un cheval, une charrue et 25 acres de terre. Ils voulaient vivre de la culture de la pomme de terre et quitter leur emploi respectif de bucheron et de serveuse.

Cinq ans plus tard naissait Stéphan. Dès son plus jeune âge, Stéphan préférait de loin s'amuser à conduire des tracteurs pour récolter ou semer des patates plutôt que d'aller à l'école. Il devait d'ailleurs rapidement s'affirmer un très mauvais élève.

Finalement, lorsque le jeune a célébré son 15e anniversaire, son père l'envoya étudier aux États-Unis, à Miami, dans un seul et unique but, qu'il apprenne l'anglais. Ce qu'il a fait.

De retour au Canada, son père devait le mettre aux ventes... en anglais. Le paternel désirait développer le marché américain, mais il ne parlait pas l'anglais.

Le fils, lui, oui. Malheureusement, en 1994, le père meurt tragiquement dans un grave accident d'automobile. Francine, la mère, prend la relève avec son fils Stéphan et une petite équipe de confiance, dont Vital Béliveau et Jean-Luc Picard.

On passe à travers la crise. En 2005, Stephan acquiert l'entreprise familiale et en devient président et propriétaire. Il n'a que 33 ans. Mais beaucoup d'ambition.

Pour lui, la vie ne fait que commencer. Voici quelques- uns de ses projets:

Augmenter la superficie des terres pour permettre une rotation aux trois ans.

Augmenter le budget de recherche et développement pour optimiser les résultats.

Diminuer les coûts de production.

Maintenir la formation continue offerte aux employés.

Protéger l'environnement par une meilleur gestion des cultures et des transports.

Il y a du pain sur la planche... et des patates.