La Presse a suivi deux étudiants montréalais durant leur course aux stages.

La Presse a suivi deux étudiants montréalais durant leur course aux stages.

Plein d'espoirs, ils ont chacun envoyé leur curriculum vitae à une quinzaine de cabinets d'avocats. Bilan d'un processus de recherche d'emploi – et d'une expérience de vie – hors de l'ordinaire.

Leur course a commencé le 5 mars dernier, première journée des entrevues. En fait, non. Elle a commencé à leur arrivée à la Faculté de droit, il y a déjà un an et demi. Mathieu (nom fictif) s'y est inscrit après avoir remarqué que plusieurs politiciens sont avocats. Pascale (nom fictif), parce qu'elle a toujours aimé argumenter. «Et avoir raison!», précise-t-elle.

Dès leurs premiers pas sur le campus, ils ont découvert les grands cabinets d'avocats de Montréal, qui organisent des 5 à 7 et des soirées mondaines. «En première année, tu y vas pour parler avec tes amis et boire du vin, dit Mathieu. En deuxième année, tu parles aux avocats et tu essaies de voir dans quel cabinet tu te sentiras le mieux.»

Ils ont passé leur semaine de relâche à déambuler d'un cabinet à l'autre au centre-ville. L'un en complet, l'autre en tailleur. Certains jours, ils ont dû refaire leur numéro quatre fois. «C'était comme le jour de la marmotte, dit Mathieu. Mais tu t'améliores d'entrevue en entrevue et tu apprends à te connaître.»

Ils ont beau se préparer minutieusement, étudier le profil de chaque cabinet, tenter de deviner qui les interviewera, ils ne peuvent pas tout prévoir. «J'ai souvent été déstabilisée par les questions en anglais», avoue Pascale.

De toute façon, les pièges sont nombreux en entrevue. Un exemple: il est 17h le vendredi, vous avez organsiné un week-end de ski entre amis et un avocat vous donne cinq dossiers à terminer pour lundi. Que faire?

«J'ai répondu que j'avais une vie, que j'avais invité des amis et que je n'étais pas disponible, dit Mathieu. Je ne crois pas qu'il n'y ait de bonne ou de mauvaise réponse. On nous met dans des situations impossibles pour voir si nous sommes capables de justifier nos décisions.»

Mathieu a le vent dans les voiles à l'approche des cocktails, dernière étape du processus de sélection. «Mais je vais y aller mollo sur l'alcool, dit-il. C'est open bar, mais les cabinets veulent voir comment nous nous comportons avec des clients.»

Pascale, elle, a le moral dans les talons: malgré ses notes d'enfer, elle n'a obtenu que deux deuxièmes entrevues. «J'ai pourtant entrepris la course avec confiance. Et moi qui me voyait casée pour les trois prochaines années», soupire-t-elle.

La décision sera rendue lundi. Et elle est sans appel.